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© Getty Images/Susana Gonzalez/BloombergLe Mexique a le taux d'obésité le plus élevé du monde avec 38,2% d'obèses.
Le nombre de personnes obèses ou en surpoids dans le monde ne cesse d'augmenter. Selon un récent rapport britannique, plus d'un adulte sur trois est aujourd'hui concerné. Ce phénomène est d'autant plus inquiétant qu'il est en pleine expansion, surtout dans les pays en développement, là où les systèmes de santé sont les plus fragiles.

L'épidémie d'obésité dans le monde est loin de marquer le pas, nous avertit The Overseas Development Institute (ODI). Ce cercle de réflexion britannique vient de publier un rapport dans lequel il pointe que plus d'un adulte sur trois, soit 1,46 milliard de personnes, est en surcharge pondérale. Ainsi, la proportion de personnes présentant un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 25, chiffre au-delà duquel on est considéré en surpoids, est passée de 25% à 34% entre 1980 et 2008.

Quatre fois plus de gros

L'indice de masse corporelle s'obtient en divisant le poids par le carré de la taille : à partir de 25, ce chiffre signe un surpoids et à partir de 30, une obésité. Cette norme peut cependant varier selon les continents : en Asie, le Japon définit l'obésité à partir d'un IMC supérieur à 25 et la Chine à 28.

La hausse du nombre de personnes en surpoids atteint des proportions inquiétantes dans les pays en développement, souligne l'institut britannique. Il a en effet presque quadruplé entre 1980 et 2008, passant dans ces pays de 250 à 904 millions de personnes alors que dans les pays à hauts revenus, le nombre de personnes trop grosses était multiplié par 1,7 (de 321 à 557 millions) durant la même période.

Cette bascule préoccupe les chercheurs de l'ODI qui remarquent que « ce qui a changé, c'est que la majorité des gens en surpoids ou obèses se trouvent aujourd'hui dans les pays en développement plutôt que dans les pays développés ». « Les taux de croissance de l'obésité et du surpoids dans les pays en développement sont alarmants », souligne Steve Wiggins un des auteurs de l'étude.

Il prévient que dans ces pays « nous allons assister globalement à une très forte hausse du nombre de personnes souffrant de certains types de cancers, de diabète, d'accidents vasculaires cérébraux ou de crises cardiaques, faisant peser un énorme fardeau sur les systèmes de santé publics ».

Cette charge prévisible et difficilement supportable pour la plupart des pays touchés ne semble pas encore être prise en compte sérieusement par les gouvernements concernés comme le relève The Overseas Development Institute. « Les politiques doivent être moins timorés dans leurs tentatives d'influencer le type de nourriture qui finit dans nos assiettes. L'enjeu est de faire en sorte qu'une alimentation saine soit viable tout en réduisant l'attrait des aliments à plus faible valeur nutritive », recommandent les auteurs.


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Dans les pays en développement, le nombre de personnes obèses et en surpoids a presque quadruplé entre 1980 et 2008, passant de 250 à 904 millions de personnes.
Mexicains et Egyptiens devant les Américains


Or, l'observation de la consommation mondiale montre qu'on n'en prend pas le chemin. Plus les populations s'urbanisent et s'enrichissent, plus elles consomment de viande, de matières grasses, de sel et de sucre. Autant d'apports qui, s'ils ne sont pas contrôlés, risquent de déséquilibrer un régime alimentaire et d'être à l'origine de surpoids et de maladies.

L'ODI encourage les pouvoirs publics à faire preuve d'autant de détermination dans la lutte contre le surpoids que dans les efforts pour limiter le tabagisme. Il s'agit le plus vite possible de freiner la tendance actuelle qui montre clairement la multiplication des cas de diabète notamment en Asie et singulièrement en Chine, où la proportion de personnes affectées (12%) dépasse les Etats-Unis (10%). Jadis peu enviables champions du monde de la « spécialité », les Etats-Unis, avec un taux de 31,8% d'obèses, sont désormais devancés par le Mexique (38,2%) et l'Egypte (34,6%)

Dans son rapport, l'ODI ne manque pas non plus de rappeler que la sous-alimentation reste un problème vital pour des centaines de millions de personnes des pays en développement. Mais maintenant, rappelle l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), 65% de la population mondiale vit dans des pays où le surpoids et l'obésité tuent plus de gens que l'insuffisance pondérale. Cela dit, poursuit l'OMS, il n'est pas rare de constater à la fois dénutrition et obésité dans un même pays, une même communauté, voire dans un même ménage.