Des milliers d'enfants livrés à eux-mêmes depuis le typhon sont la cible de l'exploitation sexuelle. Manille s'engage à agir.

C'est l'une des conséquences postcatastrophe auxquelles on ne pense pas immédiatement. Dans les rues des villes dévastées par Haiyan, ce supercyclone tropical qui a ravagé le centre des Philippines le 8 novembre et causé la mort de plus de 6 000 personnes, les «orphelins de Yolanda» (du nom philippin du typhon Haiyan) sont devenus la cible d'exploitants sexuels. Abandonnés à leur sort, non recensés, ils constituent une proie facile pour les trafiquants du commerce pédophile.

Cette situation a été dénoncée dès le courant du mois de novembre par le père Shay Cullen, missionnaire de Saint Colomban, auprès de l'agence missionnaire vaticane Fidez. Aux Philippines, l'homme est une figure de l'engagement social, connu pour son combat en faveur des jeunes Philippins victimes d'exploitation sexuelle.

Fin décembre, l'ONG Plan International, une organisation dédiée aux enfants et dont le siège est en Grande-Bretagne, s'est également emparée du dossier et interpelle le gouvernement de Manille.

Dimanche, le gouvernement philippin a assuré qu'il mettait tout en place pour empêcher le recrutement d'enfants à des fins d'exploitation sexuelle. Une commission contre le trafic d'êtres humains est déjà en place, a assuré Herminio Coloma, porte-parole du président Benigno Aquino. Le gouvernement philippin aurait déjà identifié et pris en charge 109 orphelins de Haiyan sur Leyte, une île située dans la zone la plus touchée par le typhon, au centre-est de l'archipel philippin.

Un million d'enfants victimes d'exploitation sexuelle dans le monde

Les Philippines, rongées par la pauvreté, berceau d'organisations criminelles, sont une des plaques mondiales tournantes pour la prostitution de mineurs. Selon des données de l'Unicef, le nombre d'enfants victimes de ce trafic local est estimé entre 60 000 et 100 000. La prostitution des mineurs est particulièrement développée dans les zones touristiques des Philippines. Parmi les causes du phénomène, l'Unicef recense la pauvreté et le manque d'accès de l'enfance aux services publics tels que l'école et la santé.

En 2003, Manille a promulgué l'«Anti-Trafficking in Persons Act», une loi pénale qui a (enfin) fait du trafic d'enfants un «crime contre l'humanité». Selon les derniers chiffres de l'Organisation internationale du travail (OIT), 21% des 4,5 millions de victimes d'exploitation sexuelle sont des enfants. Soit près d'un million de garçons et de filles à travers le monde.