Ces essais, révélés par la presse japonaise, se seraient déroulés dans les années 1960. Les Américains, en pleine guerre du Vietnam, cherchaient un moyen de saboter la production du riz, aliment de base de l'Asie.

Les Américains se seraient servis des champs de riz japonais comme d'un laboratoire à ciel ouvert. C'est ce que révèle l'agence de presse japonaise Kyodo News qui a pu se procurer des documents américains.

Les tests se seraient déroulés au début des années 1960. Les Américains, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, occupent une partie du pays. Notamment la petite île d'Okinawa, qui resta sous administration directe des États-Unis jusqu'en 1972.

Selon la presse japonaise, les Américains se sont particulièrement intéressés à un champignon, le Magnaporthe grisea. Ce dernier, lorsqu'il atteint des champs de riz, est responsable de la nécrose des plants: tout ou partie d'une récolte peut être détruite. Magnaporthe grisea, présente dans plusieurs dizaines de pays, détruirait aujourd'hui une quantité suffisante de riz chaque année pour nourrir près de 60 millions de personnes.

Les essais américains du développement de ce champignon auraient été menés une douzaine de fois, pendant les années 1961 et 1962, notamment dans les localités de Nago et de Shuri. Magnaporthe grisea aurait été distillé sur des rizières afin d'étudier son impact sur la production. L'objectif, en cas de recherches concluantes étaient de priver une population donnée de nourriture , le riz étant l'élément nutritif de base dans tout le continent asiatique. L'agence de presse Kyodo News estime d'ailleurs que, d'après ses documents, les États-Unis avaient en tête «la Chine et l'Asie du Sud-Est» en réalisant ces expérimentations. Les Américains sont à ce moment déjà fortement impliqués dans le conflit au Vietnam.

Défoliants

Ce n'est pas le seul effet secondaire de cette guerre sur Okinawa, au Japon. Des ouvriers du bâtiment ont récemment mis au jour plus de 20 barils rouillés contenant du défoliant, note le Japan Times . Le terrain faisait autrefois partie de Kadena Air Base - la plus grande installation du Pentagone dans la région du Pacifique - qui a été rendu pour un usage civil en 1987.

Les défoliants sont des herbicides. Ces derniers étaient utilisés par l'armée américaine pour éclaircir la végétation et anéantir les possibles cachettes des adversaires au Vietnam. Elle y a utilisé le fameux agent orange. Sauf que ce dernier contenait beaucoup de dioxine, et a été responsable de nombreuses maladies dans les populations qui ont été touchées. Les États-Unis ont toujours nié avoir utilisé Okinawa comme base de stockage.

Les relations entre Japon et États-Unis sont ternies depuis des années par la question de la base américaine d'Okinawa. Le projet de déménagement de la base de Futenma est sur la table depuis un premier accord américano-japonais de 1996, mais ce dossier est confronté depuis le début à la méfiance d'une frange importante de la population de l'île, où sont basés la moitié des quelque 47.000 soldats américains toujours présents au Japon. Lassés des nuisances et de l'insécurité engendrées par cette présence militaire massive sur leur territoire, les opposants au projet sont favorables à ce que cette base quitte Okinawa, pas pour la déménager ailleurs sur l'île.