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Image satellite de l’incendie qui a ravagé une partie du sud de la Californie, jeudi 16 janvier. | NASA
Vendredi 17 janvier, aux environs de Los Angeles, en pleine saison humide, un incendie - Colby Fire - n'était pas encore éteint lorsque le gouverneur Jerry Brown déclarait l'état d'urgence en Californie, en raison de la sécheresse aiguë due au troisième hiver sec consécutif. Le gouverneur demande aux 38 millions de Californiens de diminuer leur consommation d'eau de 20 %, et aux collectivités locales de prendre rapidement des mesures de conservation, et même de rationnement dans certaines zones urbaines et agricoles.

Déjà, en Californie du Nord, des restrictions ont été imposées localement, comme l'interdiction d'arrosage en extérieur visant jardins et pelouses. Dans la grande vallée centrale agricole, l'approvisionnement des réseaux d'irrigation sera rationné au printemps et cet été. Les petits fermiers et les propriétaires de ranchs, dépendant uniquement des cours d'eau dont les niveaux baissent, sont aussi touchés.

« Les agriculteurs de Californie sont dans une situation inquiétante, estime Paul Wenger, un responsable agricole. Nous ne savons pas s'ils auront assez d'eau pour planter, pour abreuver le bétail et pour garder les arbres et les vignes en vie. » L'état d'urgence va continuer d'animer le débat autour des cultures très gourmandes en eau, comme celle de la marijuana, mais aussi la viticulture, de plus en plus répandues.

LES NIVEAUX D'EAU DES RÉSERVOIRS AU PLUS BAS

La Californie, dont le climat est semi-désertique, a connu treize alertes locales à la sécheresse depuis 1987 et, en 2009, le gouverneur, Arnold Schwarzenegger, avait déjà déclaré l'état d'urgence.

« L'histoire de l'eau en Californie, c'est une histoire de sécheresses », rappelle Jay Lund, directeur du centre des sciences hydrologiques à l'université de U. C. Davis. Mais, cette année, tous les indicateurs sont alarmants, avec des précipitations nettement en dessous de la normale et une couverture neigeuse très insuffisante dans le massif des Sierras et des montagnes Rocheuses.

Les chiffres du département des ressources en eau indiquent que, à la mi-janvier, les niveaux d'eau des réservoirs californiens sont anormalement bas, particulièrement dans le nord, où deux des plus grands lacs-réservoirs, Shasta et Oroville, sont à 36 % de leur taux de remplissage, la moitié de leur moyenne historique à cette époque de l'année.

EFFORTS DE CONSERVATION EN CALIFORNIE DU SUD

Mais certaines régions sont mieux préparées, comme la Californie du Sud, au climat pourtant plus chaud et désertique, et dont la population a augmenté de 16 millions en plus de soixante ans, passant de 4 millions en 1950 à 20 millions aujourd'hui. Après les pénuries des années 1980, des efforts de conservation à long terme ont été entrepris. Certaines municipalités distribuent gratuitement des toilettes à faible débit d'eau, des robinets et des pommeaux de douche et d'arrosage à faible pression. Et les capacités de stockage ont été augmentées : ainsi Pyramid Lake et Castaic Lake, au nord de Los Angeles, sont respectivement à 98 % et 87 % de leur taux de remplissage.

Ici, les autorités locales ne prévoient pas de rationner l'eau, à court terme, mais vont redoubler d'efforts pour l'avenir : « Cette sécheresse nous force à réexaminer notre usage de l'eau pour tenter de conserver chaque goutte possible », explique Jeffrey Kightlinger, l'un des responsables du Metropolitan Water District en Californie du Sud.

L'instauration de l'état d'urgence devrait permettre à la Californie de bénéficier de l'aide du gouvernement fédéral, notamment dans la lutte contre les incendies.

JANVIER ET FÉVRIER HABITUELLEMENT LES PLUS HUMIDES

Depuis le début du mois de janvier, les services californiens des forêts ont répondu à 150 départs de feu, alors que la moyenne en cette période est de 25 - et était de zéro en janvier 2013. Ces feux de broussailles sont attisés par une végétation anormalement déshydratée et se propagent rapidement. « On observe en janvier ce qu'on voit habituellement en plein été, c'est sans précédent pour nous », constate Ken Pimlott, le directeur de Cal Fire, l'agence de coordination de la lutte anti-incendies.

Les services météorologiques prévoient de faibles précipitations pour les mois à venir, alors que janvier et février sont habituellement les mois les plus humides.

A San Francisco, Jerry Brown a évoqué « la pire sécheresse depuis cent ans, depuis qu'on enregistre les données ».