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La semaine dernière, un médecin belge, le Dr Christian Depamelaere, a piqué une grosse colère dans la presse médicale. Via un article intitulé « Le gouvernement est-il responsable de milliers de morts ? », ce praticien généraliste s'en est pris vertement aux responsable politiques qu'il accuse de favoriser outrancièrement les véhicules roulant au diesel. Or, selon lui, en Belgique, ce sont les émanations des moteurs diesel qui expliquent une mortalité par cancer du sein et du poumon nettement supérieure à la moyenne européenne.

Il est vrai que les données actuelles de la science semblent lui donner raison. D'après le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), les cancers du sein et du poumon seraient liés dans 30 % des cas à la pollution atmosphérique. Et selon la grande étude européenne ESCAPE ( Étude européenne de cohortes sur les effets de la pollution atmosphérique), il y a un lien avéré entre le cancer du poumon et les particules de suie rejetées par les véhicules diesel. Mais de quels liens parle-t-on ?

En laboratoire, il est relativement facile de prouver que la fumée du tabac ou celle des automobiles est cancérigène. Mais pour ça, il faut enfumer des animaux pendant longtemps, et à des doses massives excédant largement les conditions de vie réelles des êtres humains. Effectuées hors labos, les études de cohorte permettent seulement de mettre à jour des corrélations, c'est-à- dire d'identifier des facteurs de risques, et non des liens de cause à effet.

Comprenez-moi bien : je ne vais pas me faire l'avocat de l'industrie du tabac ni de celle de la bagnole. Il est un fait certain que la pollution de l'air, volontaire ou involontaire, contribue à fragiliser les poumons. Que la médecine prenne de plus en plus conscience de l'impact de l'environnement et des comportements sur la santé, c'est une réjouissante évolution. Mais ce qui est regrettable, c'est qu'on transforme des complices en coupables principaux. Exemple: on nous répète sur tous les tons que le tabac provoque le cancer du poumon. Mais la grande majorité des fumeurs, même les plus invétérés, ne développe jamais cette pathologie. Et parmi les malades, 15 % n'ont jamais touché une clope de leur vie. Entre l'herbe à Nicot et le cancer pulmonaire, le lien de causalité directe est donc assez... fumeux. Bien sûr, on va nous rétorquer que la maladie est multifactorielle. Mais une fois encore, on nous fait prendre des vessies pour des lanternes, c'est-à-dire des complices pour des coupables. Non, fumer ne donne pas le cancer !

Car si le cancer était vraiment provoqué par le tabac, il faudrait à tout le moins qu'il y ait une correspondance statistique entre l'incidence du cancer du poumon et la quantité de fumée inhalée par une population. Or, ce n'est pas le cas ! Dans le livre « La vérité sur le cancer que la médecine ne vous dit pas encore » , Boris Sirbey a pris la peine de se pencher sur les chiffres et de comparer, entre les différents pays du monde, le taux de mortalité par cancer du poumon et la consommation de cigarettes. Il en ressort clairement que la maladie ne suit pas les courbes de la tabagie, et inversement.

Il y a donc « autre chose », il faut d'avantage que de mauvaises habitudes de vie pour déclencher un cancer du poumon. Sa vraie cause est ailleurs que dans le tabac, et sans doute aussi que dans le diesel. La fameuse étude Escape ne porte que sur 9 pays européens, ce qui est un peu court pour affirmer une corrélation entre cancer du poumon et exposition aux particules fines. Elle a mis seulement en évidence un risque à long terme et, de toute façon, comme toutes les études épidémiologiques, ne permet pas d'établir un lien de causalité.

Le problème majeur de ce genre d'études, c'est qu'elles isolent toujours une variable « physique » (environnement , habitudes alimentaires, mode de vie, alcool, tabac.. .) mais qu'elle n'intègrent jamais la dimension immatérielle, psycho-émotionnelle, de la santé et de la maladie. Parce que ce n'est pas une réalité facilement mesurable, les chercheurs font comme si le facteur psychique n'existait pas, comme si l'Homme était un corps sans âme. Ce sont toujours les agresseurs extérieurs qui sont dans le collimateur, et jamais les conflits de la vie intérieure.

C'est pourquoi, à Néosanté, nous n'accordons pas une importance démesurée aux alertes environnementales ni aux mises en garde contre des agents polluants. Nous en parlons, c'est important, mais en nous efforçant de ne pas surestimer leur responsabilité pathogène. A nos yeux, ce sont les événements existentiels qui importent le plus, et leur ressenti conflictuel, mais nettement moins leur contexte matériel.

Pour nous, par exemple, la vraie cause de la flambée des cancers du sein réside dans l'explosion des divorces et l'éclatement des familles, avec toute la souffrance émotionnelle que cette réalité suppose chez beaucoup de femmes vivant la situation. Et la vraie cause des cancers de la sphère pulmonaire, c'est une peur de plus en plus prégnante et envahissante dans nos sociétés, celle de mourir par impossibilité de respirer à pleins poumons. Évidemment, observe Boris Sirbey, la fumée place l'organisme en situation de stress en lui envoyant un message biologique de « danger de mort » par étouffement. Le fait de ne pas fumer ou de vivre loin des pots d'échappement réduit donc automatiquement le risque de cancer du poumon. Mais ce n'est pas pour autant que le tabac ou le diesel provoquent le cancer !

Pour cette pathologie en particulier, les messages anxiogènes sont contre-productifs puisqu'ils alimentent la plus cancérigène des émotions. À trop vouloir protéger des facteurs de risque, on renforce la vulnérabilité au véritable facteur déclencheur. Les complices sont écroués, mais le coupable court toujours ! Puisse le titre - volontairement provocateur - de cette infolettre hebdomadaire contribuer à réorienter les recherches et à dissiper quelque peu l'écran... de fumée.

Infolettre du magazine Néosanté.