Habitué des fora, des réseaux sociaux et des sites d'information, le troll, c'est celui qui entretient la polémique, jette de l'huile sur le feu. Signe distinctif: il ne lâche jamais rien. Alors pour mieux comprendre la psychologie de ces empêcheurs de discuter en rond, une équipe de chercheurs canadiens en psychologie s'est penchée sur cette figure née avec Internet.

Pour eux, le trolling est "le fait de se comporter de manière destructive, disruptive et menteuse dans un contexte social sur Internet sans poursuivre un but apparent". "Les trolls sont des agents du chaos sur Internet exploitant les sujets chauds pour exploiter l'émotion des autres utilisateurs", expliquent-ils dans un article publié par la revue Personality and Individual Differences.

"Si une personne tombe dans leur piège, le trolling s'intensifie pour davantage d'amusement sans pitié. C'est pourquoi les nouveaux usagers d'Internet se voient régulièrement conseillés de 'ne pas nourrir les trolls'!"

Le troll, prototype du sadique ordinaire

Mais pourquoi sont-ils aussi méchants? Une fois de plus, la science vient confirmer ce que le bon sens avait déjà reconnu, les trolls trollent pour le plaisir.

Au cours de deux expériences, les comportements en ligne de 1215 internautes ont été scrutés, analysés avant de les confronter à des test de personnalité destinés, notamment, à déceler parmi eux la présence de traits dits de "la triade sombre": Narcissisme, machiavélisme, psychopathie, de toutes ces caractéristiques, les trolls se sont distingués par leur sadisme. "La corrélation entre le sadisme et le fait de troller était même tellement élevée que l'on pourrait que les trolls incarnent le prototype du sadique ordinaire", notent les chercheurs dans un article publié par la revue Personality and Individual Differences.

Ce furent en effet les mêmes internautes qui déclaraient aimer commenter et débattre en ligne qui répondait également positivement aux questions "J'aime faire du mal aux autres", "J'aime faire des blagues au dépens des autres" ou encore "Dans les jeux, j'aime être le méchant qui torture les autres participants".

"Ces résultats nous permettent de comprendre le mécanisme par lequel le sadisme encourage le trolling", analyse l'article. "Comme les sadiques, les trolls jubilent face à la détresse des autres. Les sadiques veulent juste s'amuser... et Internet est leur terrain de jeu", concluent les chercheurs.