Traduction : Elodie GT pour Notre-planète.info

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© DRInondations en Allemagne le 06 juin 2013
En 2013, les catastrophes météorologiques naturelles ont été particulièrement dévastatrices en Europe où les inondations et tempêtes de grêle ont coûté plusieurs milliards de d'euros de pertes. Aux Philippines, le super-cyclone Haiyan a coûté la vie de plus de 6 000 personnes et les Etats-Unis ont connu une série de tornades record. L'année 2013 reste toutefois moins catastrophique que la moyenne mais rappelle combien l'anticipation et la prévention des risques peuvent diminuer les impacts.

En Europe, les inondations de juin 2013 ont battu tous les records

La catastrophe naturelle la plus coûteuse de l'année en termes économiques a été les inondations dans le sud et l'est de l'Allemagne et ses pays voisins début Juin 2013. Selon l'assureur Munich Re, les pertes globales s'élèvent à 11 milliards d'euros ! L'inondation a été déclenchée par ce que l'on appelle les conditions météorologiques Vb. C'est en 1891 que Wilhelm Jakob van Bebber a identifié et classifié les 3 principaux couloirs de développement des cyclones en Europe. Ce qu'il a identifié comme étant le couloir Vb (« Zugstrasse Vb » Van Bebber) est encore utilisé communément à ce jour. Il est lié aux inondations en Europe Centrale et de l'Est : l'air provenant de la méditerranée, alors humide et chaud, se heurte au front froid créé par les Alpes et produit d'intenses précipitations, notamment en Allemagne. Dans certains cas, les précipitations atteignaient 400 litres par mètre carré (ou 400 mm) en quelques jours seulement sur un sol déjà saturé. Sur de nombreux cours d'eau, les inondations ont établi de nouveaux records, comme à Passau, au confluent du Danube, de l'Ilz et l'Inn, où les eaux ont atteint un niveau record depuis 1501. Dans d'autres régions allemandes, comme sur le Danube près de Deggendorf en Bavière et l'Elbe près de Stendal en Saxony-Anhalt, les digues ont éclaté, laissant les eaux se propager sur des kilomètres à travers les zones de basse altitude.


Inondations en Allemagne le 7 juin 2013

Le centre de la vieille ville historique de Dresde a échappé en grande partie à la catastrophe, contrairement aux inondations de l'Elbe en 2002, grâce au renforcement des mesures de protection. Toutefois, ce qui a certainement sauvé le centre historique en amont, n'a pas eu le même impact dans les régions en aval qui ont connu une montée des eaux encore plus élevé que durant la crue de 2002. "Les inondations de 2013 nous ont montré que contrôler les inondations peut marcher. Après tout, on s'attendait à des inondations encore plus graves qu'en 2002", a déclaré Peter Höppe, le Chef du centre de Recherche GéoRisques à Munich Re. "Néanmoins, cela a également démontré que les systèmes préventifs doivent couvrir l'ensemble d'un cours d'eau et ne peuvent être constitués uniquement de digues. Les rivières ont besoin d'espace pour s'étaler lors d'inondations afin d'éviter que les habitants en aval soient impactés beaucoup plus fort que prévu quand les mesures de protection ne sont prises qu'en amont. Pour cela, les mesures doivent concerner l'ensemble de la rivière et doivent parfois même être coordonnées au niveau international." Les mesures de précaution ont déjà prouvé leur valeur en Europe. Les tempêtes Christian et Xaver ont causé des pertes relativement minimes malgré leurs passages dans des régions très urbanisées au Royaume Uni, au Benelux, au nord de l'Allemagne et au Danemark, avec des vents dépassant parfois les 150 km/h. la tempête hivernale Xaver a également déclenché des ondes de tempête augmentant le niveau de la rivière Elbe à plus de 6,09 mètres au-dessus de la normale à Hambourg. Cependant, les investissements de plus de 2 milliards d'euros à Hambourg dans des mesures de protection, ont permis de minimiser les pertes. Hambourg a ainsi évité des pertes de l'ordre de 20 milliards d'euros depuis les inondations de 1962, selon une analyse de Munich Re.

Les tempêtes de grêle en Allemagne ont coûté cher aux assurances

L'événement le plus coûteux pour le secteur des assurances en Allemagne fut une série de tempêtes, dont des tempêtes de grêle, qui ont frappé certaines régions du nord et du sud-ouest de l'Allemagne entre le 27 et 28 Juillet 2013. Dans le Bade-Wurtemberg, les zones près de Pforzheim et la région nord-est de Stuttgart ont été durement touchées. Dans le nord, du nord-est de la région de la Ruhr jusqu'à Wolfsburg, certains grêlons étaient plus gros que des balles de tennis ! Un des grêlons trouvés faisait 14 centimètres de diamètre - un record pour l'Allemagne.


Tempête de grêle dans la région de Reutlingen (Allemagne) le 6 août 2013, la taille des grêlons a atteint 12 cm.

Les grêlons ont endommagé de nombreuses voitures, façades, toitures et installations solaires. Dans l'ensemble, les pertes en Allemagne en Juillet et Août s'élèvent à environ 3,7 milliards de dollars dont 3 milliards de dommages assurés.


Dégâts après la tempête de grêle du 28 juillet 2013 dans la région de Baden-Württemberg (Allemagne)

Haiyan, la tempête tropicale la plus forte ayant jamais touché terre ?

La catastrophe la plus grave en termes humains a été causée par le Supertyphon Haiyan qui a frappé le sud des Philippines le 7 Novembre 2013 avec des vitesses de vent de plus de 300 km/h et une onde de tempête de plus de 6 m. La tempête avait un rayon d'environ 600 km et son œil, juste à l'extérieur duquel les vitesses de vent sont les plus élevés, mesurait 20-25 km de diamètre, une taille exceptionnelle. Haiyan est probablement le cyclone le plus fort jamais enregistré ayant touché terre. Le typhon Haiyan a détruit de nombreux établissements comme la ville côtière de Tacloban qui a été rasée presque à terre. Plus de 6 000 personnes ont été tuées dans la tempête, et des millions sont encore sans abri. Les vastes cultures de canne à sucre ont été en grande partie détruites, une catastrophe pour cette région agricole. La perte globale s'élève à environ 7 milliards d'euros, soit environ 5 % de la production économique annuelle des Philippines.

Une saison cyclonique mitigée

Dans le Pacifique, le nombre de cyclones en 2013 a été bien supérieur à la moyenne avec 31 tempêtes nommées. Par contre, de l'autre côté de la Terre, les ouragans de l'Atlantique Nord sont restés très calmes : pas une seule tempête ayant la force destructrice d'un ouragan n'a atteint le continent américain. Au total, seuls 13 cyclones se sont créés dans la zone tropicale de l'Atlantique Nord et deux seulement (Ingrid et Humberto) ont atteint la force d'un ouragan, tout en restant sur le bas de l'échelle en terme de puissance. Le nombre d'ouragans était donc bien en dessous de la moyenne (6 à 8 ouragans) qui persiste depuis le milieu des années 1990. Höppe explique que "les conditions n'étaient pas favorables au développement des ouragans cette année mais que ces phénomènes à court terme ne changent pas l'avis des scientifiques qui prédisent une phase chaude naturelle et continue dans l'Atlantique Nord qui favoriserait l'activité des ouragans".

Tornade la plus large jamais observée

Aux Etats-Unis, la catastrophe naturelle la plus grave en 2013 fut une série de tempêtes et de tornades très sévères dans l'État de l'Oklahoma. Le 21 mai 2013, une tornade de la catégorie la plus élevée (force 5), avec des vents de plus de 300 km/h, a dévasté la ville de Moore. Près de 10 000 maisons ont été endommagées ou détruites. Les pertes s'élèvent à 2 milliards d'euros.


Tornade du 21 mai 2013 (Oklahoma)


Tornade El Reno du 31 mai 2013 (Oklahoma) : 4,2 km de large, des vents à près de 480 km/h !

Le Canada a également été touché par des catastrophes naturelles graves en 2013. Des précipitations anormalement abondantes dans la province de l'Alberta ont atteint 190 litres par m2 (190 mm) en une seule journée et ont coïncidé avec la fin de la fonte des neiges, produisant des inondations records sur les rivières qui traversent les provinces capitale de Calgary - la rivière Bow et Elbow River. Les pertes économiques se sont élevées à 4 milliards d'euros, ce qui en fait la catastrophe naturelle la plus coûteuse au Canada.

2013 : des coûts modérés par rapport à la moyenne

Globalement, les conséquences des catastrophes naturelles dans le monde en 2013 restent modérées par rapport aux statistiques des années précédentes : les pertes globales directes de l'ordre de 90 milliards d'euros sont inférieures aux chiffres moyens des dix dernières années (133 milliards d'euros). Malheureusement, sur un total de 880 catastrophes naturelles (moyenne des dix dernières années : 790), plus de 20 000 personnes ont été tuées. Cela signifie que le nombre de décès était plus élevé qu'en 2012, mais nettement inférieur à la moyenne des dix dernières années (106 000). "Plusieurs des événements de 2013 illustrent à quel point les avertissements et les mesures de minimisation des pertes peuvent limiter l'impact des catastrophes naturelles. Dans le cas des tempêtes hivernales récentes en Europe, par exemple, les pertes sont restées relativement faibles" a déclaré Torsten Jeworrek, membre du Conseil de Munich Re chargé des affaires mondiales de l'assurance. "En même temps, des événements comme ceux des Philippines montrent le besoin urgent d'action de développement dans les pays émergents pour la protection de ses habitants. Cela comprend des bâtiments plus stables, des installations de protection, et des programmes d'assurance - avec le soutien de l'Etat - pour fournir les personnes concernées en aide financière après une catastrophe".