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Environ 1,4 million de personnes sont employées au Royaume-Uni au titre de contrats « zéro heure », sans aucune garantie d'heures de travail, et donc de salaire, selon de nouvelles statistiques publiées mercredi 30 avril, qui relancent la polémique sur ce symbole de l'ultraflexibilité britannique.

Selon l'Office national des statistiques (ONS), qui se base sur une période de deux semaines en janvier et début février, environ 13 % des employeurs interrogés reconnaissent utiliser ce type de contrat, un chiffre qui monte à près de 50 % dans le tourisme, la restauration et l'alimentation. Les plus touchés sont les étudiants, les femmes, les moins de 25 ans et les plus de 65 ans.

Comme le soutenaient les syndicats, cette première véritable étude de l'ONS sur ce sujet sensible a fait exploser l'estimation du nombre de « contrats zéro heure ». En effet, les précédents chiffres évoqués par l'institut de statistiques en recensaient (seulement) 583 000.

LES SYNDICATS MONTENT AU CRÉNEAU

De quoi scandaliser les syndicats qui sont montés immédiatement au créneau. « Le travail précaire sans garantie d'heures payées régulières n'est plus confiné aux franges du marché du travail », a dénoncé la secrétaire générale du Trades Union Congress (TUC - confédération syndicale), Frances O'Grady qui s'inquiète que « tant de jeunes soient coincés » dans ces contrats avec les risques que cela implique pour leur carrière et le remboursement de leur prêts étudiants.

« Il est choquant que le gouvernement fanfaronne au sujet de la reprise économique quand il y a plus de 1,4 million de contrats qui ne garantissent ni minimum d'heures ni source régulière de revenu pour les travailleurs », a renchéri Dave Prentis du syndicat Unison.

Le gouvernement conservateur libéral démocrate voit en revanche dans ce type de contrat une « flexibilité bienvenue », selon des propos tenus en décembre par le ministre des entreprises, Vince Cable. Son ministère a réitéré cette position mercredi tout en indiquant qu'il comptait se pencher sur la question de l'exclusivité de certains de ces contrats, qui empêchent les salariés de travailler pour d'autres employeurs.

De son côté, à un an des élections, l'opposition travailliste, qui fait campagne sur la crise du pouvoir d'achat, est vent debout contre ces contrats. Son numéro un, Ed Miliband, a promis vendredi de s'attaquer à l'« épidémie » des « zero hours » et de mettre fin aux « pires abus du système » en s'assurant notamment que les employés obtiennent automatiquement un nombre d'heures fixes au bout d'un an de travail avec le même employeur.