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Pascal Elbé, comédien incarnant le père de la victime du "gang des barbares", a affirmé aujourd'hui qu'il fallait « défoncer la gueule » de Dieudonné.

Étrange scène: filmé dans un ascenseur, un acteur réputé encourage à user de la violence à l'encontre d'un humoriste controversé et la journaliste face à lui ne le relance pas.

Ce mardi, le site People Inside a mis en ligne une interview de Pascal Elbé. Interrogé par Vanessa Caffin, l'homme qui tourne actuellement une série de Canal + promouvant le tourisme en Israël était venu défendre son dernier film: 24 jours, consacré à l'affaire Halimi et réalisé par l'ultra-sioniste Alexandre Arcady.

Au détour d'une question (à 1'10) portant sur l'affaire Dieudonné, le comédien a rétorqué qu'il avait "franchi la ligne rouge tellement fort" et qu'il fallait "lui défoncer sa gueule".

En janvier, de nombreux médias avaient suggéré qu'Arno Klasrfeld avait été tacitement menacé de violences par Dieudonné quand celui-ci avait affirmé, par vidéo interposée, la phrase suivante: « Arno (...), à jouer aux cons, à menacer tout le monde, tu vas finir par te faire défoncer ta petite gueule de petite chatte d'appartement ».

Interviewé par Anne-Sophie Lapix sur l'éventualité d'un dépot de plainte, le conseiller d'État avait alors indiqué ne pas vouloir se "rabaisser".


Qu'en sera-t-il aujourd'hui de la couverture journalistique des propos de Pascal Elbé?

Paradoxe ou ironie du sort: un tel dérapage -formulé la veille de la sortie d'un film bénéficiant par ailleurs d'un relais politico-médiatique exceptionnel- est commis par l'acteur interprétant le père d'Ilan Halimi, victime d'une violente séquestration aux conséquences mortelles.

Notons également un détail intéressant de l'entretien de Pascal Elbé avec Vanessa Caffin. Interrogé sur le refus de la SNCF d'autoriser le tournage d'une scène dans une gare, le comédien rapporte qu'Alexandre Arcady a fait fi de l'interdiction et exercé une pression sur le personnel local en débarquant sur place avec la venue consécutive de Manuel Valls, alors ministre de l'Intérieur.

En clair: l'équipe de tournage d'un film communautaire et sensationnaliste a méprisé la décision d'une entreprise publique en jouant de ses relations avec le numéro 2 du gouvernement.

Un passe-droits digne de l'Ancien Régime? Rappelons ici que ces nouveaux aristocrates impunis ne seront pas inquiétés pour avoir enfreint l'avis de la SNCF: le monarque républicain, François Hollande, avait lui-même "proposé" de projeter le film de l'ancien kibboutznik Arcady sous les lambris dorés de l'Élysée.