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L'histoire finira, un jour ou l'autre, par rendre grâce à Tony Blair d'avoir prouvé, par les faits, à quel point est fantaisiste le concept de «justice internationale», aux yeux du monde occidental. Appelé, une seconde fois, en l'espace de quelques mois, à s'expliquer, devant une commission d'enquête parlementaire, sur les errements d'une guerre, froidement, déclenchée, sur la foi d'un gigantesque mensonge, l'ancien Premier ministre persiste et signe : il défend, avec fougue, le bien fondé d'un conflit, qui a coûté la vie à des centaines de milliers de civils innocents, qui a fait de l'Irak, pays souverain et indépendant, un Etat fantôme, à la merci du bon vouloir de ses occupants.

Au terme de quatre heures de débats techniques fastidieux, retransmis, en direct, à la télévision, Blair n'a cessé de tourner autour du pot : à la question de savoir si la guerre contre l'Irak entrait dans la légalité, en l'absence de résolution explicite des Nations unies, il a daigné répondre; à celle concernant sa tentative délibérée de manipuler l'opinion publique, sur la présence, jamais avérée, d'armes de destruction massive irakiennes, sa réponse fut tout autant évasive.

Et quid de son alignement, sur les néo-conservateurs américains, de ses relations plus que privilégiées avec leur chef de bande, George W. Bush, de ce fameux sommet Bush-Blair, tenu 11 mois avant l'invasion où il a prôné une approche «tout feu, tout flamme» contre Saddam? Blair ne souffle mot. Pis encore, dans sa plaidoirie de belliciste patenté, pour qui la guerre est un mode de vie, une manière d'être au monde, et non pas cette expérience horrible, au cours de laquelle, on est témoin des actes d'une violence terrifiante et épouvantable, il réserve même une place à l'Iran.

L'ancien Premier ministre demande, ainsi, que l'Occident, dixit, « en finisse avec la politique de l'autruche qu'il affiche à l'égard de l'Iran» et qu'il «agisse, fermement, pour contrecarrer les projets prêtés à ce pays», bref, qu'il se lance dans une nouvelle aventure. A M. Blair et à tous les nostalgiques d'un Moyen-Orient «fumant», «brûlant», «saignant», c'est Mme Rose Gentle qui répond. Mère de l'un des 179 soldats britanniques, tombés, en Irak, elle a interpelé Blair, vendredi, en pleine séance du parlement, en ces termes : « Ayez honte, vos mensonges ont tué mon fils. J'espère que vous pourrez vivre avec ça ». La remarque est trop éloquente, pour qu'on y ajoute d'autres commentaires !