Le prix de la pomme de terre a explosé et affiche cette semaine une hausse de 43 % par rapport à la même période l'an passé. Les producteurs avouent profiter de la situation.
20 % de la production de pomme de terre alimentent les industries de transformation, où sont fabriquées les frites et les chips.
© SIPA20 % de la production de pomme de terre alimentent les industries de transformation, où sont fabriquées les frites et les chips.
Au marché, ce matin, les Français vont en avoir gros sur la patate : le prix du kilo de pommes de terre s'affiche cette semaine 43 % plus cher que l'an dernier, atteignant un prix moyen de 0,63 € le kilo, selon le baromètre national hebdomadaire* réalisé dans 150 grandes et moyennes surfaces de France. Une augmentation paradoxale puisque la consommation de ce féculant a augmenté de 3,5 % en France pour l'année écoulée.

Du côté des producteurs, on explique cette hausse par des niveaux de récolte catastrophiques ces deux dernières années. « L'an dernier, la production française de pommes de terre a diminué de l'ordre de 4,4 % par rapport à l'année précédente, principalement en raison des mauvaises conditions météorologiques. Et de l'autre côté la demande est plus forte. Résultat, cela s'est répercuté sur les prix affichés en magasin au cours de l'année 2010 », analyse François-Xavier Broutin, porte-parole de l'Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT).



Une énorme demande industrielle

En 2010, la production de pommes de terre s'est élevée à 4,75 millions de tonnes. Près de 40 % ont été destinés au marché des produits frais dans l'Hexagone et 20 % alimentent les industries de transformation, où sont fabriquées les frites et les chips. « Le marché de la pomme de terre transformée est en plein essor », indique-t-il. Dans les usines de transformation, les besoins en pommes de terre sont plus importants que les années précédentes. « Les commandes industrielles ont augmenté de près de 15 % en 2010 », indique-t-il. Toutefois, du fait des conditions de sécheresse lors de l'été 2009, les produits présentent une faible quantité de matière solide. « Les industriels sont aussi contraints d'acheter en plus grand nombre leur matière première pour maintenir leur niveau de production », indique l'UNPT.

Un contexte favorable à l'exportation

Les 40 % restants sont affectés à l'exportation, en particulier vers la Russie et les pays de l'Est qui, après les incendies de l'été dernier, doivent faire face à d'importantes pénuries. L'exportation est à l'heure actuelle une opportunité plus intéressante que le marché intérieur pour les producteurs français. « Les producteurs français de pommes de terre ont beaucoup souffert ces deux dernières années. Ils rééquilibrent leurs comptes en profitant d'un contexte qui leur est favorable. » Autrement dit, ils jouent à fond les hausses de prix à l'export pour profiter de l'aubaine. Le consommateur français, lui, en fait les frais.

A l'heure actuelle, la part du budget des ménages consacré à l'alimentation atteint 15 %. Et il ne cesse de diminuer année après année, en particulier au sein des ménages les plus modestes. Pour les associations de consommateurs, la hausse du prix des produits de consommation courante en est l'une des principales raisons. « Une telle hausse en seulement un an est plutôt inquiétante pour le consommateur. D'autant que cela touche un aliment de base consommé au quotidien par des millions de ménages », estime Charles Pernin, chargé de mission alimentaire à l'Association de consommateurs CLCV.