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Les personnes qui diminuent les glucides (sucres, pain, pâtes, riz, pomme de terre...) et, en conséquence, augmentent la consommation de matières grasses, même de graisses saturées, perdent plus de graisse corporelle, conservent plus de muscles et ont moins de risques cardiovasculaires que celles qui adoptent une alimentation faible en gras telle que recommandée par les autorités sanitaires depuis des décennies, montre une étude financée par les National Institutes of Health américains et publiée dans la revue Annals of Internal Medicine.

Beaucoup de nutritionnistes et d'autorités sanitaires ont conseillé d'éviter les régimes faibles en glucides, souligne la chercheuse. Il était estimé que l'augmentation de la consommation de graisses saturées qui s'en suit entraînerait une augmentation des niveaux de cholestérol, ce qui aurait des conséquences négatives. L'étude, souligne-t-elle, montre que ce n'est pas le cas.

Lydia A. Bazzano de l'Université Tulane (Nouvelle-Orléans) et ses collègues ont mené cette étude avec 150 femmes et hommes assignés au hasard à suivre, pendant un an, une alimentation limitée en glucide ou limitée en gras mais pas en calories.

Les deux groupes étaient encouragés à consommer des légumes. Le groupe faible en glucide était encouragé à consommer des légumes secs (légumineuses) et des fruits frais (malgré que ces aliments soient riches en glucides).

Les participants du groupe avec une alimentation faible en glucides et élevée en gras avait une alimentation se rapprochant du régime Atkins. Ils avaient l'instruction de consommer surtout des protéines et des gras et de choisir des aliments contenant principalement des gras insaturés tels que poisson, l'huile d'olive et les noix. Mais ils pouvaient aussi consommer des aliments riches en gras saturés comme la viande rouge et le fromage. Une journée typique pouvait inclure des œufs au petit déjeuner, une salade de thon au repas du midi et une source de protéine au repas du soir telle que la viande rouge, la volaille, le poisson, le porc ou le tofu avec une salade. Ils étaient encouragés à cuisiner avec les huiles d'olive et de canola (colza), mais le beurre était aussi permis.

Le groupe avec une alimentation faible en gras consommait plus de grains, de céréales et d'amidon.

Après un an, les participants ayant l'alimentation faible en glucides ont perdu 3.5 kilos de plus en moyenne que ceux du groupe à l'alimentation faible en matières grasses. Ils ont connu une plus grande réduction de graisse corporelle et une amélioration de la masse musculaire, même si aucun des deux groupes ont changé leurs niveaux d'activité physique. Alors que ceux du groupe à l'alimentation faible en gras ont perdu du poids, ils semblaient avoir perdu plus de muscle que de graisse.
"Il s'agit de résultats très importants qui montrent pourquoi le groupe ayant l'alimentation à faible teneur en glucides et teneur élevée en gras avaient un si bon métabolisme", a indiqué, au New York Times, Dariush Mozaffarian de l'Université Tufts (qui n'était pas impliqué dans l'étude). "Ils ont en fait perdu de la masse musculaire, ce qui est mauvais. L'équilibre de la masse musculaire par rapport à la masse de graisse est beaucoup plus important que le poids", souligne-t-il.
Les participants du groupe faible en glucides présentaient aussi une diminution des marqueurs d'inflammation et des triglycérides. Leur cholestérol HDL, dit bon cholestérol, a augmenté de façon plus importante que l'autre groupe.

La pression artérielle, le cholestérol total et le LDL, dit mauvais cholestérol, sont resté à peu près les mêmes dans les deux groupes.

Selon le score de risque Framingham, le risque de crise cardiaque au cours des 10 prochaines années était diminué chez les participants du groupe faible en glucide, ce qui n'était pas le cas dans le groupe faible en gras.

De plus en plus de résultats de recherche suggèrent que les autorités de santé devraient centrer leur recommandation sur une réduction des glucides plutôt que des gras, estiment plusieurs experts.

Ces recommandations amènent des aberrations, souligne le Dr. Mozaffarian. Par exemple, mentionne-t-il, sur la base de ces recommandations, des écoles bannissent le lait entier mais permettent le lait au chocolat faible en gras, lequel contient une grande quantité de sucre.