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Silvio Berlusconi est accusé d'avoir eu des relations sexuelles tarifées avec une mineure, Karima el Mahroug alias Ruby. © ABACA
Les fuites de documents judiciaires dans la presse italienne s'accumulent. Et les témoignages sur des soirées tournant à l'orgie accablent le Cavaliere. Outre "Ruby", une autre jeune femme, mineure lors des faits et reconnue depuis comme "prostituée notoire", est citée dans ces documents.

Les ennuis de Silvio Berlusconi se sont encore aggravés jeudi avec de nouvelles révélations sur ce que la presse italienne nomme déjà le "Rubygate". De nouveaux documents montrent qu'à part Ruby, la jeune Marocaine au coeur de l'enquête visant le président du Conseil italien pour prostitution de mineure, une autre adolescente a participé à des fêtes osées chez lui fin 2009. Il s'agirait d'Iris Berardi, une Brésilienne née le 29 décembre 1991 et présentée par les enquêteurs comme une "prostituée notoire". Elle était mineure quand elle se trouvait dans ses villas en Sardaigne et près de Milan en novembre et décembre 2009, selon ces documents cités par les médias. Ce n'est pas tout : le parquet de Milan affirme détenir des "éléments probants" sur le versement d'argent et la fourniture de logements gratuits par le magnat à des dizaines de jeunes femmes en contrepartie de prestations sexuelles dans ses résidences. Et les juges ont transmis 220 nouvelles pages de documentation à une commission parlementaire pour obtenir la perquisition de bureaux d'un comptable du Cavaliere rattachés à son activité de député.

Selon ces documents, dont la presse italienne publie de larges extraits, une collaboratrice de Silvio Berlusconi, sous le coup d'une enquête pour avoir procuré des prostituées pour ces soirées, est, en privé, en train de se retourner contre le chef du gouvernement. Cette femme, Nicole Minetti, lit-on dans ces pages, a fait des remarques particulièrement désobligeantes sur l'apparence physique et l'âge du Cavaliere lors de conversations téléphoniques enregistrées par la police. Interrogé au sujet de ces nouvelles fuites, Silvio Berlusconi n'a pas changé d'attitude et s'est offusqué : "Je n'ai rien à dire. C'est scandaleux".

"Une version hard de la samba"

Des extraits des comptes rendus d'interrogatoires policiers des jeunes femmes et de conversations téléphoniques décrivant les "soirées" sont parus dans les médias deux jours seulement après que les avocats de Berlusconi eurent assuré qu'il ne s'agissait que de dîners entre amis. Dans ces comptes-rendus, reproduits par au moins deux agences de presse italiennes et plusieurs journaux, une femme prénommée Maria déclare aux juges qu'en juin 2010, un collaborateur de Silvio Berlusconi l'a invitée à une soirée à la villa du président du Conseil, près de Milan. "Après le dîner, le président du Conseil a déclaré 'maintenant, nous allons passer au bunga-bunga'" - terme que les participants utilisent pour décrire les "parties fines". Maria dit avoir fait une danse du ventre, pendant qu'une autre jeune femme déambulait dans la pièce en soutien-gorge et petite culotte. Une Brésilienne en string a dansé "une version hard de la samba" sous les yeux des invités, a-t-elle expliqué. "Les autres filles ont elles aussi dansé, en exhibant leurs seins et leurs fesses, et elles sont passées près du président du Conseil, qui a caressé leurs parties intimes", déclare Maria aux magistrats, citée par les agences de presse et les journaux.

Lors d'une perquisition au domicile d'une des femmes faisant l'objet d'une enquête, les policiers ont mis la main sur une somme d'argent et des bijoux reçus, selon elle, en cadeau de Silvio Berlusconi. La police a retrouvé d'autre part un carnet dans laquelle Ruby notait ses visites à la villa et le montant qu'on lui donnait. Des bijoux et de l'argent ont également été retrouvés dans les appartements milanais de certaines jeunes femmes logées gratuitement.

Aux yeux de l'opposition de centre gauche, la publication de ces nouveaux documents rend "intenable" la position du chef du gouvernement, qui doit selon elle démissionner, faute de quoi ses alliés conservateurs devront le presser de quitter le pouvoir pour le bien du pays. L'une des femmes politiques les plus en vue de la Péninsule, Rosy Bindi, a estimé jeudi que Silvio Berlusconi se comportait comme un "sultan" qui avilit les femmes. La présidente du Parti démocrate (opposition de gauche) et vice-présidente de la chambre des députés a prédit que les affaires de moeurs finiraient par faire tomber Berlusconi. Mais de son côté, l'entourage du Cavaliere tente de mettre dans l'embarras le président de la chambre des députés, Gianfranco Fini qui a rompu avec lui fin 2010. Le chef de la diplomatie, Franco Frattini, a rendu publics au Parlement jeudi des documents prouvant, selon lui, qu'Alliance Nationale, ex-parti de Fini, aurait vendu un appartement à son beau-frère à un tarif très avantageux.