L'épisode le plus récent dans la mise en scène continuelle antirusse absurde s'est produit il y a 10 jours lorsque l'article du suédois Svenska Dagbladet a déclaré que l'armée suédoise avait « intercepté un appel de détresse en russe sur une fréquence radio semble-t-il utilisée par la Russie pour les appels d'urgence » au large des côtes suédoises.
Citant des « sources » anonymes, le journal a prétendu que l'appel provenait de « l'échange radio crypté entre une localisation en dehors de Stockholm et l'enclave balte de Russie, Kaliningrad » et qu'il « signalait un sous-marin russe endommagé. »
Les torchons des médias occidentaux n'avaient pas besoin d'encouragement. Tous les « journaux de réputation » portaient des gros titres comme Quel est le jeu de guerre de Poutine ? Un sous-marin russe dans les eaux suédoises, comme si Poutine avait déjà été arrêté à la barre d'un sous-marin fantôme. Mais le prix du « meilleur dans la catégorie du journalisme jaune » doit revenir à l'hebdomadaire Néocon Foreign Policy Magazine pour son gros titre de guerre froide nouvelle formule, avec une référence directe au film The Hunt for Red October (À la poursuite d'Octobre rouge - NDT), un excellent échantillon de propagande hollywoodienne pro-occidentale et antirusse :
L'Amiral Grenstad, de l'autre côté, a dit que la marine suédoise n'avait « aucune information à propos de quelconques messages de détresse suggérant qu'un mini sous-marin russe avait rencontré des problèmes dans les eaux suédoises et pouvait être endommagé, comme rapportée quotidiennement par le Svenska Dagbladet. »
Donc, si un Amiral dans la marine suédoise n'a aucune information sur de quelconques « messages de détresse depuis un sous-marin russe dans les eaux suédoises », où est-ce que la presse suédoise a pu obtenir cette information ? Ou ont-ils simplement monté ça comme une partie de la guerre de l'information occidentale contre la Russie ?
Quel que soit le cas, le rapport initial du Dagbladet semble avoir suffisamment ébranlé l'armée suédoise à tel point qu'ils ont opté pour déclencher la plus grande mobilisation militaire du pays depuis la « guerre froide ». Des cuirassés, des dragueurs de mines, des hélicoptères et plus de 200 escadrons ratissaient une zone à environ 30 à 60 kilomètres de Stockholm.
Avec les imaginations lumineuses des journalistes occidentaux débridées, les véritables bateaux dans la zone de l'archipel de Stockholm furent aussi soumis à l'œil suspicieux des médias. Dimanche dernier, un pétrolier de propriété russe, sous bannière libérienne, le NS Concord, fut vendu au public par les médias locaux comme faisant partie de l'odieux complot russe. Le pétrolier a été vu sillonnant les mers de la Suède, ce qui paraissait bizarre aux reporters sans connaissance d'aucune sorte de ce qui constitue des manœuvres de navigation normales ou anormales. Même après que le garde-côte ait déclaré que les manœuvres du pétrolier étaient normales, les médias continuaient à spéculer de manière irresponsable que le pétrolier était d'une manière ou d'une autre impliqué avec le sous-marin inexistant.
La seule preuve véritable qu'il y a eu quelque chose dans les eaux au large de Stockholm est l'image ci-dessous.
Grenstad était plutôt évasif dans ses commentaires sur la photo :
« Ce pouvait être un sous-marin, ou un plus petit sous-marin, » a dit Grenstad. « Ce pourrait être des plongeurs utilisant quelque genre de véhicule du style scooter des mers et ce pourrait être des plongeurs qui n'ont rien à faire sur notre territoire. Cela ne nous regarde pas. C'est un navire étranger et nous n'avons aucune indication qu'il y aurait des civils impliqués dans une activité sous-marine. »Ce pourrait aussi être le monstre du Loch Ness en vacances à la vue de ce que n'importe qui semble savoir. Mais, apparemment, ce n'est pas le sujet. Le sujet était que l'histoire « établissait » que c'était un sous-marin russe et les médias hystériques occidentaux saisirent l'opportunité pour tenter d'effrayer le badaud du public occidental et leurs politiciens (non pas que cela prenne beaucoup d'efforts pour y arriver) à propos de la « menace russe ».
Il n'est alors pas surprenant, qu'à la fin de la semaine dernière, l'opération grotesque complète de 2,2 millions de dollars U.S. ait été annulée et ait résulté en :
« L'histoire » de la guerre froide se répète
- un retraité de la pêche confondu pour un espion russe
- le commandant de l'armée suédoise appelant l'incursion « merdé »
- la révélation que les hélicoptères de guerre anti sous-marin désarmés de la Suède amassaient de la poussière dans un musée
- et aucun signe d'un quelconque sous-marin, encore moins d'un russe
Ce n'est pas la première fois qu'un « sous-marin russe dans les eaux suédoises » a causé un émoi. Tout au long des années 1980, il y a eu des centaines de rapports de sous-marins russes mouillant autour des côtes de la Suède. Le premier incident qui lança l'épouvante du sous-marin soviétique fut « Whisky avec des glaçons », lorsqu'un sous-marin de la classe Whiskey de la marine soviétique de la flotte balte fila s'échouer le 27 octobre 1981, sur la côte sud de la Suède, approximativement à 10 km de Karlskrona, l'une des plus grandes bases navales suédoises.
L'incident résulta en l'opération Notvarp, l'opération de chasse au sous-marin secrète la plus avancée connue jamais entreprise par les forces armées de la Suède. Durant l'opération, toutes les forces de chasse sous-marine de la Suède se concentrèrent en un seul endroit à la suite de nombreuses intrusions suspectes. Cette opération de « pêche au sous-marin » comprenait prendre au piège un sous-marin étranger présumé et le forcer à faire surface en larguant des grenades sous-marines. Pas un seul sous-marin ne fit surface pour résultat.
Dans son livre The Secret War against Sweden US and British Submarine deception in the 1980s (La guerre secrète contre la Suède la supercherie des sous-marins É.-U. et Britanniques dans les années 1980 - livre non traduit en français NDT), le professeur d'histoire de la guerre froide Ola Tunander déclare que l'évidence suggère que la grande majorité de ces intrusions supposées étaient manigancées ou simplement inventées par les gouvernements É.-U. et du R.-U.
Les révélations de Tunander rendent évident que les États-Unis et la Grande-Bretagne menaient une « guerre secrète » dans les eaux suédoises qui a généré l'impression que des sous-marins soviétiques étaient dans les eaux suédoises, alors qu'en réalité, c'étaient des navires étasuniens et britanniques. Le but était d'effrayer les populations suédoises et d'autres populations européennes et les politiciens à croire que la menace soviétique était tant extrême qu'imminente. L'opération a été, semble-t-il, plutôt un succès. Entre 1980-83, le nombre de Suédois percevant l'Union soviétique comme une menace directe a augmenté de 5-10 % à 45 %, tandis que le nombre de Suédois qui pensaient que les Russes étaient « inamicaux » a grimpé à 80 %. Tunander conclut :
« Bien que gardée très secrète, l'opération semble avoir été une opération de l'Occident - É.-U./R.-U. - pour tester la capacité et la volonté suédoise et pour tromper le gouvernement suédois, les officiers de l'armée et le public dans le but de les convaincre de la « réalité » de la menace soviétique. En quelques années, la réticence des Suédois à accroître la dépense de la défense a radicalement changé : alors que seulement 15-20 % étaient en faveur d'une dépense militaire accrue dans les années 1970, cette situation a changé à quasiment 50 % après les incidents des sous-marins. »La manipulation du « sous-marin russe dans les eaux suédoises » de 2014 semble avoir précisément produit le même résultat que la version originale au début des années 1980. Dans le sillage de la chasse navale à un sous-marin russe fantasmagorique, le gouvernement suédois a demandé un montant supplémentaire de 200 millions de dollars U.S. pour les dépenses en défense au cours des quatre années suivantes.
Étant donné que le gouvernement et l'armée É.-U. ne font aucun secret du fait qu'ils considèrent la Fédération de Russie moderne comme une Union soviétique moderne., ils saupoudrent leurs plans d'action de guerre froide d'indications tels que comment s'en occuper, et mettent publiquement la pression sur les autres membres de l'OTAN pour qu'ils augmentent leurs dépenses militaires. Il paraît raisonnable de conclure que l'épouvante du sous-marin russe de la semaine dernière était un réchauffé des évènements qui se produisirent il y 30 ans dans la même zone. La différence cette fois est que les va-t'en guerre É.-U. font face à un ennemi qui est astucieux face à leur jeu et plus enclin à exposer publiquement de telles manipulations enfantines, plutôt que permettre aux bâtisseurs d'empire de capitaliser sur eux avec plus de tromperie et diviser un monde dans un besoin de vérité désespéré, et d'unité autour de cette vérité.
J'aime beaucoup le style de Joe Quinn.
En parlant de propagande, "les maîtres" d'Hollywood, a la solde de leurs demi-dieux, sont prévisibles comme le nez rouge d'un clown.
Après avoir remplis les caisses et les esprits sur les méchants indiens, les nazis et les mauvais arabes ( les bons sont riches et plein de pétrole ), c'est étrangement au tour des russes maintenant, comme insinué dans ce thriller récent, par ailleurs assez bon :
[Lien]
C'est une adaptation d'un roman de John le Carré, bien meilleur que sont homologue américain, Tom Clancy, l'ami de la Maison Blanche.