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Au moment où les instances internationales souhaitent un rebalancement de l'économie mondiale, la France regonfle sa bulle immobilière. On aurait pu penser que les effets pervers et destructeurs des bulles immobilières freineraient cette dynamique infernale. Le caractère irrationnel du subventionnement public à la rente ? La nature improductive d'un surinvestissement dans un actif non productif ? L'approfondissement des inégalités intergénérationnelles ? Le désastre américain, irlandais ou espagnol (sans parler du Japon depuis vingt ans) ? Non. Rien n'y fait.

La baisse des taux longs a artificiellement resolvabilisé les acquéreurs. Heureux de prendre la vague, les primo-accédants confondent l'amélioration de leurs conditions de logement et le fait de devenir propriétaire.

C'est d'ailleurs le propre d'une bulle "réussie" que de faire croire aux perdants qu'ils sont des gagnants potentiels ou virtuels. Peu importent les paris implicites qu'ils font sur l'ensemble de leur cycle de vie. Peu importent les risques de moins-value (baisse de 50 % de la valeur des logements dans plusieurs grandes villes américaines), d'illiquidité et d'excessive concentration du patrimoine. Peu importe, enfin, le pari insensé fait sur la perspective de taux durablement très bas.

Le long terme n'intéresse personne. Ni les politiques, ni les banques, ni la presse, ni - cela va de soi - les professionnels de l'immobilier. Les bulles immobilières camouflent et entretiennent notre déclin. Au lieu de donner une impulsion à une croissance portée vers l'innovation et la compétitivité, elles fabriquent de la fausse croissance à crédit, "calment" provisoirement les angoisses des possédants sur le financement des retraites et de la santé et leur permettent de mieux endurer la quasi-stagnation des revenus réels.

La bulle immobilière est aussi le reflet de notre déclin car, indépendamment de la financiarisation et des incitations publiques procycliques, elle est alimentée par la peur et les illusions dangereuses et, à la fin, perdues.