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© DRDu gluten... et quoi d'autre?
La maladie cœliaque ne serait pas qu'une affaire de gluten : d'autres protéines présentes dans le blé entraînent une réponse immunitaire chez le patient, selon une étude publiée dans le Journal of Proteome Research. Reste à savoir si elles jouent un rôle dans la maladie.

Touchant entre 1 personne sur 500 et 1 sur 300 selon l'Inserm[1], la maladie cœliaque découle d'une intolérance au gluten, ensemble d'environ 70 protéines qui constitue 75% du contenu protéique du blé, du seigle et de l'orge. A ce jour, le seul remède consiste à éviter tout aliment en contenant. Or le gluten ne serait pas le seul élément de ces céréales à provoquer une réaction chez les patients. Selon l'équipe d'Armin Alaedini, de l'université de Columbia (New York), d'autres protéines, parmi les 25% qui ne font pas partie du gluten, pourraient aussi être impliquées dans la maladie.

Le sujet a déjà été abordé par d'autres chercheurs, avec des résultats divergents. Parmi les principaux écueils, la nécessité de purifier au mieux les protéines non-gluten, afin de s'assurer que celles-ci ne sont pas contaminées par du gluten, ce qui fausserait les résultats. En recourant à une technique très efficace d'isolement des protéines, la spectrométrie de masse en tandem, les chercheurs new-yorkais ont réussi à résoudre ce problème. Et leurs résultats sont très clairs: les 70 patients analysés présentent pour la plupart des anticorps dirigés contre ces protéines non-gluten, alors que les 50 personnes-contrôles n'en ont pas.

Les serpines, protéines les moins tolérées

Ils sont ainsi 75% à disposer d'anticorps contre les serpines, 65% contre les purinines, 60% contre les inhibiteurs d'alpha-amylases et de protéases, 40% contre les globulines et 35% contre les farinines. Preuve supplémentaire, les anticorps des patients réagissent contre une serpine «recombinante», c'est-à-dire produite artificiellement par des bactéries, sans aucune contamination possible par du gluten.

Quant à l'origine de ces anticorps, les chercheurs penchent pour une ressemblance de certaines protéines non-gluten avec des protéines du gluten. Reste à savoir s'il ne s'agit que d'un effet collatéral d'une intolérance au gluten, ou si ces protéines jouent elles-mêmes un rôle dans la maladie cœliaque.

Pour les patients, l'enjeu est important: au-delà de l'éviction des aliments concernés, des recherches sont en cours afin de mieux dégrader le gluten dans le système digestif des patients, et de le rendre inoffensif. Entre autres pistes, celle d'enzymes qui dégraderaient spécifiquement le gluten: celles-ci pourraient donc être inopérantes contre les autres protéines.

Notes :

[1] Inserm : Institut national de la santé et de la recherche médicale