Anne Jeanblanc
Le Pointmer., 02 fév. 2011 13:29 UTC
Près de la moitié des enfants de parents séparés estiment que cette rupture a perturbé leur vie amoureuse
Actuellement, près d'un mariage sur deux ne dure pas et 2,9 millions de mineurs vivent avec un seul parent. Les enfants du divorce sont tellement nombreux que leur situation semble totalement banalisée. Et pourtant, leur souffrance est indéniable. C'est ce que montre une enquête réalisée via internet par l'Union des familles en Europe : plus de 1 100 personnes, âgées de 18 ans à plus de 56 ans (soit trois générations), toutes "victimes" d'une rupture parentale, ont expliqué comment elles vivaient ou avaient vécu le divorce de leurs parents.
Premier constat : cette séparation a eu des effets à long terme sur la personnalité de près de 9 participants sur 10. Alors que plus de 55 % des divorces sont prononcés par consentement mutuel - et devraient donc être moins traumatisants - , les enfants gardent souvent la peur d'être abandonnés. Ils manquent de confiance en eux et dans les autres, voire ils souffrent de dépression. Certains culpabilisent même. Rares sont ceux qui tirent des bénéfices de cette période, en estimant en être sortis plus forts, plus aptes à faire face aux aléas de la vie.
Dire la vérité
Le divorce a également des conséquences sur la réussite scolaire et donc la vie professionnelle ultérieure des enfants. Selon cette étude, 56 % regrettent d'avoir écourté leurs études, disent avoir souffert de conditions matérielles peu propices à la course aux diplômes ou encore de difficultés de concentration. Pour 41 % d'entre eux, cela a eu des répercussions sur leur carrière, notamment ceux qui ont accepté le premier travail venu pour quitter au plus vite le milieu familial. Dans le livre Votre ado*, le pédopsychiatre Marcel Rufo rappelle les résultats d'une étude de l'Institut national d'études démographiques, selon laquelle le taux d'échec au bac augmentait nettement en cas de séparation des parents.
"Il y a deux moments difficiles pour les enfants lors du divorce de leurs parents", explique le célèbre spécialiste : "la période de 3 à 6 ans et surtout l'adolescence car c'est l'époque où le jeune doit rompre avec les images idéalisées de ses parents. Mais pour pouvoir critiquer une image, il ne faut pas qu'elle devienne illusoire." Pour "limiter les dégâts", il conseille de dire la vérité aux enfants et de ne surtout jamais demander à un enfant de donner son avis sur la situation et encore moins de prendre parti pour son père ou sa mère. D'ailleurs, les personnes interrogées par UFE auraient aimé qu'on leur parle, qu'on s'intéresse à eux. "Ils ont besoin de beaucoup d'amour dans ce moment de grand désamour", précise l'enquête.
Enfin, 40 % des enfants n'ont pas maintenu de liens réguliers avec le parent qui n'avait pas la garde, le plus souvent leur père. Toutefois 90 % l'ont retrouvé plus tard. Et pour faciliter leur retour à l'équilibre, 78 % des enfants demandent à leurs parents de ne pas rester seuls, de se remettre en couple. Même si le nouveau partenaire n'est pas facilement et rapidement accepté. Mais il n'est jamais facile de faire le deuil de la famille idéale, unie pour toujours et sereine.
* Editions Hachette pratique, septembre 2010
Effectivement, demander à l'enfant de prendre parti fait des ravages. J'en ai fais l'expérience.
On a le sentiment d'être le bourreau. Les responsabilités qui nous sont données dans une telle situation font peur. On a le choc de l'annonce et après le choc de notre "pouvoir". J'en garde un très mauvais souvenir et clairement je suis encore à leur en vouloir.
En conclusion, surtout à éviter.