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© NOAA Pacific Islands Fisheries Science Center Associated Press L’estimation la plus juste des quantités de plastique fait état de 268 940 tonnes dans les océans.
La pollution provoquée par le plastique a pris de telles proportions au cours des dernières décennies que près de 270 000 tonnes de ce matériau flotteraient à la surface des océans, selon une étude internationale publiée mercredi. Cette contamination croissante de tous les océans de la planète est difficile à évaluer avec précision, reconnaissent les chercheurs qui ont publié les résultats de leurs travaux dans la revue scientifique américaine PLOS ONE.

Mais pour parvenir à estimer le plus précisément possible l'ampleur de la pollution, ils ont utilisé des données récoltées au cours de 24 expéditions effectuées entre 2007 et 2013. Ces expéditions ont notamment parcouru les côtes australiennes, le golfe du Bengale et la mer Méditerranée, mais aussi cinq grandes zones de concentration de plastique dans le monde. L'estimation la plus juste des quantités de plastique fait état de 268 940 tonnes dans les océans. Cela équivaudrait à plus de 5000 milliards de particules de plastique, selon les chercheurs.

Problème méconnu

Selon les données du Programme des Nations unies pour l'environnement, cette matière très peu dégradable constituerait plus de 80 % des débris qu'on retrouve dans ces vastes étendues d'eau. La grande majorité provient de la terre ferme et est transportée au gré des bassins versants. Comme l'utilisation de ce matériau - dont la fabrication engloutit près de 10 % de la production pétrolière mondiale - est relativement récente, sa présence n'est mieux documentée que depuis quelques années.

En fait, on s'y intéresse davantage depuis que l'océanographe américain Charles Moore a découvert au début des années 2000 « le continent de déchets » du Pacifique. Cette zone, située entre Hawaï et la Californie, concentre des millions de tonnes de détritus amenés là par les courants marins. On sait maintenant qu'il existe huit de ses « continents » dans le monde. Des chercheurs de l'université McGill ont en outre découvert récemment que le fleuve Saint-Laurent est lourdement contaminé par le plastique. À certains endroits, entre Montréal et Québec, les chercheurs ont trouvé plus d'un millier de microbilles par litre de sédiments, une proportion largement supérieure à celle des sédiments marins dans les secteurs les plus contaminés au monde.

La prévalence des microplastiques dans le fleuve Saint-Laurent évoque la possibilité que les poissons et d'autres animaux les ingèrent. Si l'on connaît mal les effets des microplastiques sur l'environnement, on sait néanmoins que les surfaces de ces particules attirent des polluants chimiques, alors déposés dans l'organisme des animaux après l'ingestion de plastiques.

« Nous ne pouvons pas encore prévoir les conséquences de l'accumulation de ces particules non biodégradables dans les écosystèmes d'eaux douces », a admis le professeur Anthony Ricciardi, qui a supervisé l'étude de McGill, au moment de la publication des résultats.