Bon,
on le savait déjà, mais là c'est plus qu'officiel pour qui veut bien le voir : alors que la Réserve fédérale américaine imprime 600 milliards de dollars (cf.
QEII) et alimente la spéculation hyperinflationniste sur les matières premières, elle vient de procéder à une légère « modification comptable » pour transférer ses actifs toxiques sur le compte du Trésor américain !
Depuis mars 2008, la Fed a racheté pour 1 250 milliards de dollars de MBS (ces fameux actifs titrisés adossés sur des crédits hypothécaires) dépourvus de valeur, mais en les payant à leur valeur nominale. [*] Mais le capital de la Fed n'est que de 50 milliards de dollars, ce qui représente donc un effet de levier de 23 pour 1 (1250/50 = 23) rien que pour les MBS, et 40 pour 1 si l'on compte l'ensemble de ses actifs. C'est-à-dire qu'elle est dans un état pire que les banques de Wall Street au moment de la crise. Comme l'a expliqué le Wall Street Journal lui-même, une simple perte de 10 % sur ses MBS suffirait à anéantir le capital et les profits de la Fed.
Le 6 janvier, dans la discrétion la plus totale, la Fed a modifié ses règles comptables de sorte que lorsque ces pertes sur les MBS arriveront, elle seront automatiquement imputées au compte du Trésor américain plutôt qu'à son propre capital, et deviendront des créances à long terme entre les deux institutions. Il s'agit donc de renflouer une institution en faillite.
Seulement quelques jours avant, le 2 janvier, les organismes semi-publics qui garantissent les produits hypothécaires, Fannie Mae et Freddie Mac, ont annoncé un accord avec les grandes banques émettrices de MBS : Fannie et Freddie ont renoncé à ce que les banques doivent racheter leurs MBS pourris qui plombent leurs comptes. Et c'est le Trésor qui s'est engagé en décembre à un « soutien illimité » envers Fannie et Freddie, alors qu'en 2 ans, il lui a déjà versé 200 milliards de dollars. Avec l'inflation, une éventuelle hausse des taux d'intérêt, la baisse continue des prix de l'immobilier et la multiplication des défauts de paiement des emprunteurs particuliers, l'état des choses ne peut qu'empirer.
En Europe, la BCE à elle aussi absorbée des masses d'actifs toxiques qui l'ont obligée en décembre à procéder à un doublement de son capital auprès des Etats de la zone euro. Pendant ce temps-là, l'argent octroyé quasi-gratuitement aux banques alimente la spéculation qui détruit ce qui reste de la chaîne alimentaire et industrielle qui vous fait vivre.
Au grand maux les grands remèdes :
Glass-Steagall !
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Notes:
[*] Prenons un exemple fictif : une banque en situation de faillite, par exemple Goldman Sachs, a acheté pour 100 milliards de dollars de MBS ; mais ces actifs étant désormais reniés par le marché, à la vente elle n'engrangerait que 20 milliards, soit une décote de 80% qui plomberait ses comptes et révélerait sa faillite ; la Fed lui propose donc de les racheter à 100% de leur valeur, soit 100 milliards ! Ainsi c'est la Fed qui se retrouve en faillite...
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