En seulement trois heures, il est possible de convaincre un individu d'un crime qu'il n'a jamais commis, révèle une nouvelle étude.

C'est une étude pour le moins troublante : en effet, elle révèle qu'en quelques heures seulement, il est possible de convaincre un adulte parfaitement innocent qu'il a commis un crime lorsqu'il était adolescent, et ce même si ce crime est une attaque à main armée.

Ces travaux, menés par des psychologues de l'université de Bedfordshire (Royaume-Uni), montrent en effet qu'en choisissant soigneusement les questions qui sont posées à un individu, il est possible de l'entraîner à fabriquer des souvenirs d'un crime qu'il n'a jamais commis, et ce en trois heures seulement.

Qui plus est, l'étude révèle que les faux souvenirs ainsi fabriqués peuvent receler des détails tout aussi complexes que s'il s'agissait de véritables souvenirs

Pour parvenir à ce résultat, la psychologue Julia Shaw, auteur principal de l'étude, a recruté 60 volontaires qui n'avaient jamais commis de crimes, de quelque nature que ce soit. Dans un premier temps, les scientifiques ont secrètement demandé à des personnes connaissant bien ces volontaires de leur donner des indications sur les évènements d'enfance de ces volontaires, survenus entre l'âge de 11 à 14 ans.

Une fois ces informations récoltées, les scientifiques ont organisé trois séances d'interview avec chaque volontaire, à une semaine d'écart à chaque fois.

Au cours du premier interview, les scientifiques ont raconté au volontaire qui était convoqué deux histoires : l'une était vraie, basée sur les informations recueillies préalablement, et l'autre, fictive bien qu'émaillée d'une foule de détails très précis, impliquait la réalisation d'un crime violent, parfois à l'aide d'une arme. Il leur a ensuite été demandé d'expliquer ce qui avait bien pu se passer, tout en maintenant une atmosphère détendue et conviviale.

Au cours des deux interviews suivants, les chercheurs ont demandé à chaque volontaire de leur raconter, avec le plus de détails possible, les deux histoires qui leur avaient été racontées, en leur proposant diverses méthodes pour parvenir à s'en "souvenir".

Enfin, au terme de ces interviews, il a été demandé à ces volontaires à quel point ils accordaient de la véracité à chacune de ces deux histoires.

Résultat : parmi les volontaires à qui un "souvenir" d'agression violente leur avait été raconté, 71% d'entre eux avaient fini par développer de faux souvenir relatifs à cet évènement. Plus encore, 55% d'entre eux étaient même capables de raconter ces évènements avec un incroyable luxe de détails.

Ce résultat a été publié dans la revue Psychological Science sous le titre "Constructing Rich False Memories of Committing Crime".