Revue de presse du 7 au 10 février 2011
Supermarché
© Ronline
Je vous livre ici la lettre de l'un de nos lecteurs qui nous apprend bien des choses sur ce qui se passe en ce moment dans votre surpermarché :


A propos... de vos informations concernant la hausse des matières agroalimentaire que vous aviez prévue et argumentée depuis le mois d'Août. Je suis au cśur du problème car je suis XXXXXXXX en produits frais et je travaille avec les requins de la grande distribution (à une échelle plus petite mais ceux sont les mêmes que nos chers et tendres banquiers).

En cette période de début d'année, nous sommes en pleine négociations des contrats pour 2011, et depuis 15 ans de GMS (Grande et Moyenne Surface) je n'ai jamais vu ce qui se passe en ce moment. Toute l'industrie agroalimentaire a des hausses de tarifs pour cette année à cause de nos amis les traders. Les acheteurs agro connaissent la tendance, mais se refusent à accepter les hausses (notamment l'enseigne qui défend notre pouvoir d'achat, vous aurez compris de qui je parle).

Ils acceptent les hausses des gros groupes agroalimentaires (ex : Coca, Nestlé, Danone....) car ils ne peuvent se passer des grandes marques dans leurs magasins, mais leur négocient des contreparties, par exemple une augmentation de tarif de 5% acceptée, mais 1% reversée en fin d'année sous forme de budget.( La finalité est que l'addition est réglé par celui qui pousse son caddie). Ces gros groupes agro produisent de plus en plus à l'étranger car ils ne veulent pas perdre leur rentabilité (ils ont des actionnaires aux fesses!).

Il faut quand même savoir qu'aujourd'hui beaucoup de produits que nous consommons sont fabriqués dans les pays de l'Est pour des questions de cout de production (ex: saumon fumé 1er prix chez Axxxx, fabriqué en Pologne; ce produit est très rentable en terme de main d'oeuvre mais il reçoit aussi une triple injection, c'est-à-dire que l'on pique les filets de saumon avec des seringues pour injecter de l'eau et du sel à trois reprises pour vendre de l'eau au prix du saumon!)

Des exemples comme celui-ci j'en ai à la pelle. Le pire c'est que ces ventes sont les plus grosses sorties dans les magasins et aussi les plus grosses marges. Il faut quand même savoir que certaines enseignes demandent aux industriels de baisser leur qualité produits pour palier à l'augmentation des matières et garder leur confort de marge. (Eux aussi ont des actionnaires aux fesses !)

Par contre pour les PME agro là, ça taille à la serpette! Aucune augmentation n'est acceptée, c'est à l'industriel d'absorber la hausse. Le souci c'est que depuis 10 ans, les PME sont obligées de dégrader les produits pour être compétitifs, et pour 2011 nous arrivons à la fin de la vache à lait ! Dans l'état actuel des choses tout est bloqué pour les PME et ce que je craignais va arriver c'est-à-dire: des licenciements, ou des depôts de bilan pour 2011 car les PME sont dans la spirale infernale de la grande distribution qui ne joue plus sont rôle d'épicier mais de rentier.

On nous demande de négocier, mais ce mot est à bannir car on ne négocie plus depuis des années déjà, mais on exécute la demande des enseignes ou on dégage. Le terme est fort mais c'est la réalité! Il n'y a plus un brin d'humanité dans notre travail, les enseignes sont trés proches de nos gouvernements et peuvent se permettre d'être hors la loi en toute impunité. La distribution depuis 1963 à toujours été visionnaire et j'ai l'impression qu'ils savent que tout va exploser et qu'ils veulent presser le citron jusqu'à la dernière goutte pour faire face aux mauvais jours.

Je calque au millimètre ce qui se passe sur les marchés financiers au marché de la distribution. Il ne faut pas oublier que dans le système dans lequel nous vivons, l'argent est le maître du jeux, mais l'alimentation est juste derrière. Les PME agro sont devenues les esclaves modernes de la GMS comme chaque citoyen face à sa banque.