Une proposition de loi prévoit de restreindre l'accès aux piscines, salons de tatouage, salles de jeux ou cinémas aux personnes bénéficiant de l'aide sociale, pour les encourager à dépenser leur argent de façon «raisonnable».

Si l'article du Washington Post ne datait pas du lundi 6, on aurait immédiatement pensé à un poisson d'avril. Mais non : une proposition de loi dans le Kansas, aux Etats-Unis, prévoit réellement de limiter l'accès aux activités récréatives pour les personnes bénéficiant des minima sociaux (qui reçoivent entre 454 et 497 dollars par mois), rapporte le quotidien. Les deux chambres législatives de l'Etat, toutes deux contrôlées par les républicains, l'ont approuvée la semaine dernière. Le sénateur Michael O'Donell, un républicain originaire de Wichita, défend ce projet sous prétexte qu'il aiderait les familles recevant l'aide de l'Etat à dépenser leur argent de manière «plus responsable». «Nous essayons de nous assurer que ces aides sont utilisées pour ce qu'elles prévoient. C'est une question de prospérité. C'est une question d'avoir une belle vie», a-t-il dit au Topeka Capital-Journal.

Si le texte est effectivement signé par le gouverneur et que le dernier vote au Sénat, prévu le 9 avril, va dans le même sens, il prendra effet le 1er juin. Les personnes recevant des aides publiques ne pourront plus dépenser leur argent à la piscine et dans les débits de boisson, ni en «piercings, massages, spas, tabac, ongleries, lingerie, salles d'arcades, croisières ou voyant(e)s [...] parcs à thèmes, centres équestres ou canins, entreprises du sexe, ou n'importe quel endroit interdit aux mineurs», liste le Washington Post. Qui ne précise pas comment les autorités pourraient bien contrôler qui des clients de ces établissements bénéficient de l'aide publique ou non, à part qu'il sera impossible aux personnes aidées de retirer plus de 25 dollars par jour en liquide à un distributeur (à l'aide de leur carte de retrait fournie par les services sociaux, il ne s'agit a priori pas de limitation sur leurs éventuelles cartes de banques privées).

«Selon cette nouvelle règle, une famille de trois personnes recevant le montant d'aide maximum devrait se rendre au distributeur une douzaine de fois pour retirer cet argent, qui serait réduit par la taxe de 85 cents à chaque retrait», note de son côté le Huffington Post, qui rapporte que l'idée fait des émules : dans le Missouri, les républicains envisagent d'exclure la viande et les fruits de mer de la liste des denrées que l'on peut acheter avec des bons alimentaires.