Le coeur qui bat vite, les idées qui s'embrouillent et qui font dire n'importe quoi, les jambes qui flageolent, le coup de foudre provoque des réactions chimiques incontrôlables dans le cerveau qui n'ont rien à voir avec la magie.

Quoi qu'en disent les grands romantiques, les scientifiques ont déjà percé le mystère du coup de foudre. Professeur de chimie à l'université Laval, Normand Voyer est l'un de ceux qui contribuent à casser les mythes.

Depuis 2007, il a prononcé plus de 80 conférences dans les écoles sur la chimie de l'amour. Son objectif: piquer la curiosité des jeunes pour leur donner le goût de faire des études en sciences.

«Tout le monde pense que l'amour, c'est magique, que ça arrive comme ça, mais c'est tout à fait faux! C'est d'abord et avant tout chimique. Le cerveau réagit à ce qu'il voit. Il sécrète des molécules qui ont un impact significatif sur le corps, à tel point qu'il est possible de perdre le contrôle», affirme le chercheur.

Une drogue très puissante

L'anthropologue Helen Fisher sonde le cerveau des amoureux depuis 25 ans pour comprendre ce phénomène. On sait maintenant que la réaction engendrée en présence de l'être cher est provoquée par la sécrétion de quatre molécules spécifiques: la phényléthylamine, la dopamine, la norépinéphrine et l'adrénaline. Le fait d'éprouver de l'attirance pour une personne en particulier est surtout conditionné par notre éducation.

«Ces molécules sont des drogues très puissantes, capables de provoquer des changements de comportement. Sous leur influence, le coeur va battre plus vite. La pression sanguine augmente. C'est pour ça qu'on devient rouge et qu'on balbutie. La dopamine fait en sorte qu'on devient tout excité», explique M. Voyer.

Certaines personnes deviennent carrément «accros» aux coups de foudre. Elles éprouvent un besoin irrésistible de répéter l'expérience. Malheureusement, l'effet ne dure pas éternellement. Après 18 mois, l'intensité des molécules diminue graduellement pour disparaître complètement au bout de 4 ans.

«Ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas rester avec la même personne après», ajoute le professeur qui est également directeur du département.

Molécule de l'attachement

La nature étant bien pensée, lorsque les molécules du coup de foudre s'estompent, l'ocytocine prend la relève. Cette molécule, aussi appelée «molécule de l'attachement», est à l'origine du sentiment de confort et de bienêtre éprouvé en présence de la douce moitié.

«C'est ce qui fait que deux individus peuvent vivre ensemble pendant 50 ans», poursuit le chimiste.

Personne n'est à l'abri d'un coup de foudre. Cela ne veut pas dire qu'on tombe en amour chaque fois qu'on est attiré par quelqu'un, nuance le chercheur.

Le chocolat en remplacement

À défaut d'être en amour pour la Saint-Valentin, les célibataires peuvent toujours se rabattre sur le chocolat qui possède des propriétés chimiques similaires au coup de foudre.

Un aphrodisiaque

En tête de liste, on retrouve la phényléthylamine, une amphétamine naturelle qui est à l'origine du sentiment de bien-être ressenti lorsqu'on est en amour.

«Le chocolat est le seul aphrodisiaque scientifiquement démontré», explique Normand Voyer, professeur de chimie à l'université Laval.

La phényléthylamine, qui est reconnue comme étant la molécule du coup de foudre, se retrouve en infime quantité dans le chocolat à forte concentration de cacao.

«Disons que le chocolat aide à être dans de bonnes dispositions», ajoute M. Voyer.

Les vertus du chocolat ont été démontrées à multiples reprises depuis 20 ans. Les Aztèques et les Incas en consommaient pour se revigorer physiquement et mentalement.

La tradition continue

Grâce à la science, on sait maintenant que le chocolat contient des substances pharmacodynamiques qui stimulent le système nerveux central, renforcent le coeur et augmentent la résistance à la fatigue.

C'est probablement pour l'ensemble de ces raisons que le chocolat demeure encore aujourd'hui le cadeau traditionnel qui s'offre le plus à la Saint-Valentin, avec les roses.