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© Valeri Melnikov
Une équipe de généticiens a découvert que les mutations des gènes responsables de la créativité humaine étaient liés de manière indissociable à la schizophrénie et à la psychose maniaco-dépressive, dévoile leur article dans la revue Nature Neuroscience.

"Dans notre laboratoire, nous utilisons des outils génétiques modernes pour étudier le fonctionnement de notre cerveau. Les résultats obtenus ne doivent surprendre personne parce que les gens créatifs pensent toujours différemment par rapport au reste de l'humanité, et nous avons montré dans nos recherches antérieures que leur ADN comportait des variantes associées à la schizophrénie", explique Kari Stefansson, président de la société deCODE genetics.

Kari Stefansson et ses collègues réunissent et analysent depuis plusieurs années les résultats de vastes recherches génétiques pour trouver les facteurs relatifs à la prédisposition à la schizophrénie, aux migraines, au génie et autres, dont la nature reste inconnue aux neurophysiologues.

Plusieurs découvertes intéressantes ont jalonné leur parcours ces dix dernières années. En 2006, les chercheurs ont trouvé les gènes associés au développement du diabète de type 2, en 2009 les zones d'ADN codant l'arrivée de la ménopause chez la femme, ainsi que les gènes liés à la schizophrénie et au génie. En 2013 enfin, ils ont identifié les fragments de code génétique responsables des migraines.

Les généticiens de deCODE genetics décrivent dans leur dernier article les résultats d'analyse de mutations mineures de l'ADN de plus de 86 000 habitants en Islande. En étudiant la structure de leurs gènes, les chercheurs ont comparé les séquences de polymorphismes mononucléotidiques — "empreintes" longues d'une lettre-nucléotide — avec leur métier ou poste occupé au travail.

Cette analyse a montré que la créativité était significativement liée aux mêmes gènes associés dans leurs études antérieures au développement de la psychose maniaco-dépressive, ainsi que de la schizophrénie.

Selon les calculs des généticiens, la présence de mutations "créatives" dans l'ADN augmente en moyenne le risque de développer la psychose maniaco-dépressive de 30%, et la schizophrénie de 200%. Les mêmes résultats ont été observés parmi les artistes et les peintres, examinés séparément par les chercheurs, ainsi que dans les résultats d'une autre étude génétique menée parmi les habitants de la Suède et des Pays-Bas.

Tout cela indique, d'après Stefansson et ses collègues, que le génie, la créativité et les troubles psychiques sont indissociablement liés au niveau génétique. Selon les généticiens, dans l'ensemble, ce n'est pas étonnant si l'on se rappelle de l'exemple de Salvador Dali, Vincent van Gogh et bien d'autres grands maîtres de l'art de la culture, qui vivaient "dans leur monde".