Image
© Inconnu
Nous avons déjà émis quelques circonspections sur ce blog quant à la véritable nature de l'action de la Chine (voire de la Russie), ainsi nous ne pouvons qu'abonder dans le sens de l'excellent Ulson Gunnar et de son analyse sur la dualité (feinte ?) du monde unipolaire totalitaire occidental et d'un renouveau unipolaire proposé par les BRICS. Quoi qu'il en soit, nous ne pensons en aucune façon qu'une solution au marasme mondial ne puisse venir de nations-états. Leur temps est révolu, place aux peuples et à la confédération des associations libres et autogérées. Résistance 71.

De récentes informations ont montré le gain rapide de terrain de la Chine contre un Occident qui a maintenu son hégémonie depuis des siècles sur l'Asie et la zone Pacifique. Au-delà de l'Asie, la Chine a étendu régulièrement son influence en Afrique et au Moyen-Orient. Avec la Russie, l'Iran et d'autres nations de L'Orient, ils construisent ce qui est communément appelé un ordre mondial multipolaire.

Cet ordre multipolaire fait contraste avec l'ordre unipolaire que l'occident a essayé d'imposer depuis les décennies de l'après seconde guerre mondiale et n'est que la continuation de l'impérialisme occidental amené par les empires britannique et autres venant d'Europe pendant et après le déclin de l'empire Ottoman.

Mais ce que l'orient est en train de faire est-il vraiment une alternative à la marque de fabrique hégémonique impérialiste de l'Occident ? Ou cela n'est-il que la même chose sous une étiquette différente ? De plus, le comportement de l'occident ralliant d'autres nations à unifier sous un étendard unique et consolidé, pour n'être en fait que mis sous la tutelle de la vision qu'a l'occident de l'ordre international géré par Washington, Wall Street, Londres et Bruxelles ?

Voilà des questions qui doivent être posées et explorées particulièrement par les gens qui gravitent le plus vers l'Orient. Ils comprennent la menace de l'hégémonie occidentale et le véritable marasme qu'elle a et continue d'infliger à l'humanité. De la dévastation de l'Afghanistan et de l'Irak aux guerres qui font rage en Libye, en Syrie et au Yémen, les méthodes occidentales ont pris des régions poudrières instables et en ont fait des enfers actifs.

Tout naturellement, les gens cherchent une force capable de contrer une telle violence inhumaine, les bains de sang et l'exploitation sans honte et la manipulation. Ils voient ce contre-pouvoir dans la Russie, la Chine et leurs sphères d'influence et bien que ces forces ont servi dans le passé de contre-poids aux forces du fascisme ou de l'impérialisme, on doit toujours être prudent de ne pas soutenir une hégémonie pour une autre.

Pour Moscou, Pékin et les autres nations des BRICS, ils doivent comprendre que le soutien et le succès qu'ils ont en ce moment est spécifique parce qu'ils offrent ce que beaucoup croient être une alternative à et non pas le remplacement, à l'hégémonie occidentale. Le monde regarde les BRICS comme une alternative viable parce qu'ils ne mettent pas en place de bases militaires partout dans le monde, ils n'interviennent pas militairement à des milliers de kilomètres de leurs frontières et ils travaillent avec les nations au lieu d'utiliser la force coercitive. Dès qu'ils cesseront de maintenir ces principes, ils cesseront de servir comme alternative viable à l'Occident.

La Chine en particulier a été critiquée depuis longtemps par l'occident pour faire du commerce avec quelque nation que ce soit sans se soucier des violations de droits de l'Homme. L'occident fait ces critiques parce que cela dérange sa capacité à exploiter les droits de l'Homme comme un prétexte pour interférer diplomatiquement, militairement et économiquement avec le pays ciblé. Dans le même temps, l'occident a pratiqué des relations d'affaire de longue durée avec les plus vicieux bafoueurs de droits de l'Homme sur la planète, le régime saoudien parmi eux.

La Chine a réaffirmé répétitivement et parfois même douloureusement, la primauté de la souveraineté nationale sur toutes les relations internationales. Elle doit non seulement continuer de réaffirmer cela sur un plan diplomatique, mais aussi de manière pragmatique au travers de sa politique étrangère. Ceci est non seulement un sujet de son propre intérêt, empêchant des intérêts étrangers de dicter à Pékin ce qu'il devrait faire dans ses propres frontières, mais cela aide pour établir un solide précédent dans l'établissement d'un ordre multipolaire mondial.

Vieilles et nouvelles institutions supranationales

La Russie, la Chine et le reste des pays des BRICS (NdT : Brésil, Inde, Afrique du Sud et quelques pays au statut d'observateurs comme... l'Iran...) créent eux-mêmes une variété d'institutions supranationales et d'alliances militaires pour être compétitives avec celles de l'occident, particulièrement le FMI, la Banque Mondiale, l'OTAN et même l'ONU. Mais, en faisant cela, ils doivent s'assurer de la préservation, et même de l'encouragement pour que la souveraineté nationale soit le principe organisateur principal parmi ces nouvelles institutions. Ceci pas seulement sur le papier, mais plus spécialement en pratique, que cela soit bon pour les BRICS en ce moment ou pas.

Parce que que ces intérêts spéciaux qui sont derrière les BRICS et qui se présentent en apparente opposition à l'occident le comprennent ou pas, la vraie raison pour laquelle le public global leur a donné une opportunité, est justement parce qu'ils sont perçus comme étant différents de l'occident et différents de la méthode occidentale d'utilisation de leur richesse et de leur influence. Que cela serve leurs intérêts immédiatement ou pleinement, ils devront remplir cette attente ou souffrir très rapidement du même retour de bâton dont souffre l'occident actuellement, aussi bien domestiquement qu'à l'étranger.

Le monde change économiquement, technologiquement et culturellement. Ces changements n'ont pas été favorables à la "globalisation" ou même aux institutions supranationales. Rechercher de créer des doublons d'institutions supranationales occidentales existantes, erronées et obsolètes, semble au mieux idiot. Comprendre cela et équilibrer la concurrence avec les institutions occidentales toujours actives, contre la dynamique de changement du futur proche est essentiel pour la survie et l'éventuel succès des BRICS et du monde multipolaire qu'ils affirment vouloir créer.

Dans un monde où la technologie maintenant donne le pouvoir à un individu de faire ce qu'auparavant plusieurs personnes pouvaient faire avec de grandes ressources, constitue un glissement dans l'équilibre du pouvoir entre les communautés locales, les nations, les alliances mondiales et les accapareurs de pouvoir. Le future des BRICS dépend d'une compréhension collective que le combat de ce changement à venir mènera les BRICS tout droit à la même falaise de laquelle l'occident est actuellement suspendu et à bout de souffle.

Pour les peuples eux-mêmes, ils doivent comprendre qu'ils ont toujours en fait été dans le siège du pilote, même si des mains insidieuses se sont saisies du volant pour la majorité du voyage que nous faisons. Il nous faut réaliser que le peuple et non pas des intérêts spéciaux, a la capacité de diriger, de conduire le monde sur la route que nous désirons toutes et tous suivre et que cela est notre plus grande chance de réussite. Nous ne devons pas soutenir un bloc de manière obsessive par rapport à un autre, nous ne devons pas souscrire presque religieusement à des partis politiques, des personnalités ou des marques de produits, mais nous devrions en fait nous accorder sur un set de principes et ne soutenir que ceux qui se tiennent à ces principes (de bien commun).

En nous attachant à des partis politiques, des personnalités et des marques, nous ne pourrons qu'être encore et toujours déçus. D'un autre côté, les principes sont indestructibles, indomptables et durent pour toujours. Dans le grand jeu de la géopolitique, si nous voulons vraiment briser cette habitude de voir le volant de l'histoire tourné pour nous par des mains insidieuses, nous devons cesser de suivre et de cautionner ces mains qui tournent ce volant pour nous et nous devons suivre les principes qui toujours vont de l'avant.

Lorsque la Russie, la Chine et le reste des pays des BRICS se dressent pour la souveraineté nationale, le non-interventionisme et le non-expansionisme militaire, nous devons les applaudir et les soutenir, pas parce qu'ils sont les BRICS, mais parce qu'ils se tiennent aux principes qu'ils ont énoncés. Lorsqu'ils échouent de le faire, alors nous devons les condamner de la même vive voix que celle que nous utilisons pour condamner l'occident hégémonique.