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© afp.com/Sergei SupinskyDes ouvriers travaillent sur le site de la centrale nucléaire Tchernobyl, le 27 novembre 2012
Selon une étude menée par la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité, le sol du parc national du Mercantour, dans les Alpes du Sud, présente des niveaux de radiation bien supérieurs à la normale.

Triste héritage de Tchernobyl. Les sols du parc national du Mercantour, dans les Alpes du Sud, présentent encore une radioactivité importante, due à la catastrophe qui a eu lieu dans la centrale ukrainienne il y a 29 ans, affirme une nouvelle étude de la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad).

"Les retombées avaient été particulièrement intenses dans le sud-est de la France", rappelle dans un document publié vendredi l'organisme indépendant, qui souligne avoir "mis en évidence entre 1996 et 1998, de très fortes contaminations des sols dans le Mercantour".

"Des valeurs plusieurs dizaines de fois supérieures au niveau naturel"

Les nouvelles mesures réalisées début juillet, dans le secteur du col de la Bonette-Restefond à la limite entre les Alpes-Maritimes et les Alpes-de-Haute-Provence, montre que "le niveau de radiation est toujours plus de deux fois supérieur à la normale" à "un mètre du sol".

""Ces forts niveaux de rayonnement sont dus à la contamination résiduelle des sols par le césium 137 imputable principalement aux retombées de la catastrophe de Tchernobyl (en 1986)", assure la Criirad.

"En outre, en fonction de la topographie, des conditions climatiques, de la nature du couvert végétal et de la typologie des sols, le métal radioactif qui s'est déposé sur de vastes étendues a pu être redistribué et induire de très fortes accumulations", souligne-t-elle. "Les niveaux de radiation au contact du sol dépassent toujours, sur les zones d'accumulation, des valeurs plusieurs dizaines de fois voire plus de 100 fois supérieures au niveau naturel", a-t-elle constaté.

Dépolluer ou au moins baliser

"Le fait de bivouaquer deux heures sur certaines de ces zones induit toujours en 2015 une exposition non négligeable", avec un "débit de dose" de 5 microsievert par heure (5 ?Sv/h) au contact du sol.

La Criirad indique avoir ramené dans son laboratoire, en caisson plombé, des échantillons de sol. "Leur radioactivité dépasse 100.000 Bq/kg en césium 137. Ils doivent être considérés comme des déchets radioactifs et devront être confiés à l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra). Au début du siècle dernier, la radioactivité des sols était de 0 Bq/kg pour le césium 137", explique-t-elle.

L'organisme indépendant rappelle avoir interpellé à plusieurs reprises les autorités sanitaires françaises "pour que les secteurs les plus radioactifs soient dépollués, ou tout au moins balisés, pour éviter des expositions inutiles". "Force est de constater que la situation n'a guère évolué sur le terrain", déplore-t-elle