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© David Selman / Corbis De nombreux médicaments présentent une balance bénéfices/risques défavorable
La revue médicale Prescrire, désormais célèbre pour sa contribution précieuse à la révélation du scandale du Mediator, publie ce mois-ci un document censé permettre aux médecins de faire le tri dans la jungle des médicaments disponibles. Dans chaque spécialité, Prescrire pointe des substances à écarter. Tour d'horizon de ces produits dont la balance bénéfices/risques laisse, selon la revue, sérieusement à désirer.

CANCÉROLOGIE

- Bévacizumab

Utilisé pour traiter un cancer du sein métastasé, le bévacizumab n'apporterait aucun gain tangible en termes de survie mais générerait de nombreux effets indésirables, notamment des hémorragies, des neutropénies fébriles, des abcès et des fistules.

- Catumaxomab

Utilisé pour traiter une ascite maligne devenue résistante aux chimiothérapies, l'efficacité du catumaxomab n'est pas démontrée alors que le produit génère des effets indésirables parfois graves conduisant à un surcroît d'hospitalisations : douleurs abdominales, lymphopénies, fièvre.

- Cétuximab

Utilisé pour traiter un cancer colorectal métastasé, le cétuximab n'améliorerait pas la durée de survie globale des patients mais provoquerait des atteintes cutanées, des diarrhées, des infections, des troubles hydroélectrolytiques.

- Histamine

Utilisée comme traitement d'entretien chez des malades en première rémission d'une leucémie aiguë myéloblastique, l'histamine n'aurait que de maigres bénéfices au prix d'effets indésirables quasi constants : entre autres, bouffées de chaleur, migraines, réactions au site d'injection, fièvre, fatigue.

- Mifamurtide

Utilisé pour traiter des enfants et des jeunes adultes atteints d'ostéosarcome, le mifamurtide n'aurait pas d'efficacité démontrée mais serait associé à des effets indésirables parfois graves, tels que réactions allergiques et inflammatoires, surdité, neurotoxicité.

- Pazopanib

Utilisé pour traiter un cancer du rein à un stade avancé ou métastasé, le pazopanib n'aurait pas d'effet démontré en terme de durée de survie mais exposerait à des effets indésirables graves, notamment des thromboses artérielles, des infarctus du myocarde, des hémorragies et des insuffisances hépatiques mortelles.

- Temsirolimus

Utilisé pour traiter un lymphome des cellules du manteau en rechute ou réfractaire après plusieurs chimiothérapies, le temsirolimus n'allongerait pas la durée de survie globale mais exposerait, en revanche, à des effets indésirables graves notamment des hémorragies, des infections, des thrombocytopénies.

- Trabectédine

Utilisée pour traiter un cancer de l'ovaire à un stade avancé, la trabectédine permettrait d'augmenter la durée de survie des malades d'environ 2 mois mais les exposerait du même coup à des effets indésirables graves.

- Vinflunine

Utilisée pour traiter un cancer de la vessie à un stade avancé ou métastasé, la vinflunine n'augmenterait pas significativement la durée de vie des patients mais serait responsable de troubles hématologiques fréquents, souvent graves, parfois mortels, de troubles intestinaux sévères, de neuropathies et même de troubles cardiaques.

CARDIOLOGIE

- Dipyridamole

- Dobésilate de calcium


Le dobésilate de calcium n'aurait aucune efficacité clinique tangible mais exposerait à des neutropénies et des agranulocytoses.

- Ivabradine

Utilisée pour traiter l'angine de poitrine, l'ivabradine n'apporte pas de progrès tangible mais expose à des bradycardies, des troubles oculaires et des interactions médicamenteuses.

- Nicorandil

Utilisé pour traiter l'angine de poitrine, le nicorandil aurait une faible efficacité mais déclencherait des ulcérations chroniques douloureuses du tube digestif, de la cornée et du vagin.

- Olmésartan

Chez des patients diabétiques de type 2, l'olmésartan semble exposer à un excès de mortalité cardiovasculaire.

- Trimétazidine

La trimétazidine aurait, selon une enquête de pharmacovigilance, de nombreux effets indésirables, notamment urticaires et oedèmes de Quincke, malaises, céphalées, hypotensions artérielles, tachycardies, hépatites cytolytiques, insomnies ou hypersomnies.

CONTRACEPTION

- Drospirénone

Ce produit exposerait les femmes à un risque de thromboses veineuses plus élevé que les autres progestatifs, sans gain d'efficacité.

DERMATOLOGIE

- Kétoprofène

Les gels à base de kétoprofène exposent à des photosensibilisations graves à type d'eczéma et d'éruptions bulleuses alors qu'il existe d'autres médicaments ayant une balance bénéfices-risques plus favorable.

- Tacrolimus et pimécrolimus

Plusieurs cas de cancers et d'infections, parfois mortels, ont été rapportés aux États-Unis chez des enfants atteints d'eczéma atopique et traités par tacrolimus ou pimécrolimus dermiques, deux immunodépresseurs.

DIABÉTOLOGIE - ENDOCRINOLOGIE

- Glitazones

Concernant la rosiglitazone, la Commission d'autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne a recommandé la suspension de l'AMM en septembre 2010 pour cause de balance bénéfices-risques défavorable. La pioglitazone, autre glitazone, présente un profil d'effets indésirables proche de la rosiglitazone avec des risques d'infarctus du myocarde, d'hématuries et une augmentation de la fréquence des cancers de la vessie.

- Sartan

- Sibutramine


Utilisé chez les patients obèses, cet anorexigène provoquerait de sérieuses complications cardiovasculaires.

DOULEURS - SOINS PALLIATIFS

- Capsaïcine

Utilisée chez des patients atteints de douleurs neuropathiques liées à un zona ou au VIH, la capsaïcine administrée en patch cutané n'aurait pas d'efficacité clinique tangible mais exposerait à des irritations locales importantes et peut-être même à des lésions neurologiques à long terme.

- Nimésulide

Prescrit dans le traitement de l'arthrose et contre les règles douloureuses, le nimésulide provoquerait des hépatites sévères pouvant aller jusqu'à nécessiter une greffe. Il a déjà été banni dans plusieurs pays européens tels que l'Espagne, la Finlande ou l'Irlande, mais il continue d'être prescrit en France alors même que des alternatives thérapeutiques existent.

GÉRIATRIE

- Rivastigmine

Utilisés pour traiter la maladie d'Alzheimer, les dispositifs transdermiques à base de rivastigmine exposeraient certains patients à des surdoses parfois mortelles alors que leur efficacité demeure limitée et fugace.

GYNÉCOLOGIE

- Tibolone

Prescrite pour le traitement symptomatique de la ménopause, la tibolone exposerait à une augmentation du risque de cancer du sein et pourrait également augmenter le risque d'accident vasculaire cérébral.

MALADIES INFECTIEUSES

- Tigécycline

Cet antibiotique semble exposer à une surmortalité.

NEUROLOGIE - PSYCHIATRIE

- Duloxétine

Prescrite pour prévenir ou traiter les épisodes dépressifs, la duloxétine a une efficacité incertaine alors qu'elle expose à des effets indésirables tels qu'hypertension artérielle et atteintes hépatiques.

- Méprobamate

Ce psychotrope exposerait à de nombreux effets indésirables graves ainsi qu'à des intoxications parfois mortelles en raison du risque de défaillance cardiocirculatoire alors que son efficacité n'est pas démontrée.

- Olanzapine

Ce neuroleptique, utilisé pour traiter des malades atteints de schizophrénie, expose à de nombreux effets indésirables et à un risque de surdose avec coma dans les heures qui suivent l'injection.

PNEUMOLOGIE

- Omalizumab

Utilisé en cas d'asthme persistant sévère, l'omalizumab aurait de nombreux effets indésirables parfois graves - infections, réactions d'hypersensibilité, atteintes cardiaques, thrombopénies sévères - pour une efficacité au mieux très modérée.

RHUMATOLOGIE

- Etoricoxib

Prescrit pour soulager les douleurs arthrosiques, l'étoricoxib aurait une balance bénéfices/risques nettement défavorable, comme les autres coxibs, en raison notamment d'un surcroît d'accidents cardiovasculaires mortels.

URGENCES

- Prométhazine injectable

Utilisée en cas de manifestations allergiques, l'injection intraveineuse de cet antihistaminique exposerait à des thromboses, des atteintes nerveuses, des nécroses tissulaires et des gangrènes, aboutissant parfois à des amputations alors que son efficacité est au mieux modérée.