Image
Petit poids de naissance et placenta volumineux en regard, révèlent une activité cérébrale asymétrique, renforcée du côté de l'hémisphère droit, un signe de risque de développement de troubles mentaux, plus tard dans la vie. Il y aurait bien, selon cette étude, une association entre le fonctionnement du cerveau et les tailles respectives et relatives à la naissance du placenta et du fœtus. Cette découverte surprenante d'une étude menée à l'Université de Southampton et au Southampton General Hospital apporte un tout nouvel éclairage sur les causes possibles du développement ultérieur de troubles mentaux comme la dépression. Des résultats publiés dans l'édition du 16 février de la revue PLoS ONE.

Cette étude révèle en particulier que les enfants qui sont nés petits, mais avec des placentas relativement volumineux au regard de leur taille, présentent plus d'activité du côté droit de leur cerveau que du côté gauche. Et c'est justement cette structure de l'activité cérébrale qui est liée aux troubles de l'humeur tels que la dépression. Cette étude contribue ainsi à un nombre déjà important de données prouvant que des environnements négatifs subis par les fœtus pendant la grossesse -traduits par une plus petite taille de naissance et une plus grande taille relative du placenta- peuvent être facteurs de changements à long terme dans le fonctionnement du cerveau.

«Le développement anténatal est influencé par de nombreux facteurs dont l'alimentation de la mère pendant la grossesse ou le stress qu'elle éprouve. Cela peut avoir des implications à long terme pour notre santé mentale et physique», explique le Dr Alexander Jones, épidémiologiste et auteur principal de l'étude à l'Université de Southampton.

Une croissance disproportionnée du placenta et du fœtus peut se produire lors de grossesses à stress ou en cas de malnutrition de la mère. Un environnement fœtal inadapté a déjà été associé à la dépression, à une diminution de la capacité cognitive et à une réactivité exacerbée au stress, plus tard dans la vie, mais les mécanismes sous-jacents étaient jusque là inconnus. Les pressions environnementales sur le fœtus, résultant des variations de la fonction placentaire et de la nutrition maternelle, de sa santé et de « son » stress, peuvent altérer le développement neurologique de l'enfant, en favorisant le développement de certaines régions du cerveau par rapport à d'autres autres. L'asymétrie de l'activité cérébrale, avec une activité supérieure de l'hémisphère droit a déjà été associée à la psychopathologie, les chercheurs ont donc supposé qu'une asymétrie cérébrale pendant la vie fœtale pourrait se prolonger ensuite, plus tard dans la vie.

Les chercheurs ont testé cette hypothèse en suivant les réactions neurologiques de 140 enfants, âgés de 8 et 9 ans, grâce à des tests évaluant le flux sanguin vers le cerveau en réponse à l'augmentation de son activité, qui mettaient en évidence des différences dans l'activité des deux hémisphères. Le Dr Jones a ainsi mesuré d'infimes fluctuations de la température tympanique, qui indiquent l'importance du flux sanguin dans les différentes parties du cerveau. Le poids des enfants à la naissance et le poids du placenta avaient été consignés à l'occasion d'une précédente étude sur la grossesse.

Résultats :

· Les enfants qui avaient un plus petit poids de naissance présentaient des signes de plus grand débit sanguin à l'hémisphère droit qu'à l'hémisphère gauche.

· Cette constatation chez ces enfants est renforcée si leur poids s'avérait faible en regard du poids de leur placenta à la naissance.

La latéralisation de l'activité cérébrale est influencée par la persistance des premières expériences de développement, avec des conséquences possibles pour les fonctions neurocognitives à long terme.

Source : PLoS ONE doi:10.1371/journal.pone.0017071 « Evidence for Developmental Programming of Cerebral Laterality in Humans », traduction, adaptation, mise en ligne, Alexis Yapnine, Santé log, le 19 février 2011