Traduction copyleft de Pétrus Lombard pour Alter Info

Bonjour. C'est James Corbett de corbettreport.com avec la dernière info concernant la surpopulation.


En tant qu'êtres humains, nous sommes câblés pour être en permanence à l'affût des dangers potentiels : Ceci est à prévoir. Il y a des milliers d'années, nos ancêtres devaient rester vigilants, quitte à en subir les conséquences, face à la menace des prédateurs naturels, des maladies contagieuses et des intempéries. Aujourd'hui, nous surmontons en grande partie de nombreux dangers naturels qui tourmentaient nos ancêtres, mais les mêmes instincts nous obligent à nous protéger de menaces tant réelles qu'imaginaires, et à écouter les cris des annonceurs de nouvelles menaces possibles.

Cette idée est bien comprise depuis des milliers d'années par ceux qui cherchent à contrôler les populations.

Avant que la compréhension moderne du Système solaire ne soit exprimée clairement, les anciens égyptiens croyaient que le Soleil lui-même est un dieu nommé Ra, qui se faisait dévorer chaque soir par Apep, un serpent divin malveillant. Il n'était nullement assuré que Ra puisse échapper à Apep pour réapparaître au matin, et la classe des prêtres manipulait cette peur en élaborant des rites complexes pour conjurer le dieu serpent. Naturellement, ces rites ne pouvaient être appliqués correctement que par les prêtres eux-mêmes, assurant ainsi leur rôle central dans la société égyptienne antique.

Nous pouvons rire de la crédulité des anciens égyptiens, mais l'existence d'Apep et l'importance des rituels leur avait été inculquée dès le plus jeune âge et étaient renforcés par les déclarations de la classe sacerdotale. S'interroger sur la réalité du mythe du dieu solaire équivalait à contester la structure de la société égyptienne elle-même.

Penser qu'il est impossible que nous soyons manipulés de la même manière en cette époque moderne « éclairée, » serait une expression des plus grossières de naïveté historique.

Au cours du 20ème siècle, la peur de la menace rouge de l'Union soviétique et sa supposée armée mastodonte servit à orienter l'évolution de la société zunienne. Jack Kennedy lui-même devint président en axant sa campagne sur l'idée que l'administration Eisenhower avait permis la création d'un dangereux fossé entre les missiles Soviétiques et Zuniens. Selon cette histoire alarmiste des analystes de RAND Corporation qui alimenta la campagne de Kennedy, l'Union soviétique avait 500 missiles balistiques intercontinentaux prêts à prendre leur envol sur-le-champ vers l'Amérique. En réalité, les Soviétiques n'avaient que 4 missiles de ce genre à l'époque, mais cela n'empêcha pas la machine de propagande militaro-industrielle de convaincre les gens qu'ils devaient injecter davantage de ressources pour acheter des armes aux entrepreneurs de la Défense afin de contrer la menace de l'Union soviétique.

Dans certains cas, incroyablement, la même menace fut rabâchée pendant des siècles, toujours pour bientôt, avec les mêmes alertes sur l'imminence d'une fin du monde, à moins que, pour l'éviter, le public ne soit prêt à accorder son fric, sa souveraineté, ou même sa vie.

À la fin du 18ème siècle un prêtre anglican du nom de Thomas Malthus démontra, « certitude mathématique » à l'appui, que le monde courait vers un désastre démographique. Après tout, la population humaine croît de façon exponentielle alors que les réserves vivrières augmentent selon l'arithmétique. De cela sortit logiquement que c'est seulement une question de temps avant que la population mondiale ne dépasse nos capacités alimentaires.

Bien sûr, exactement comme un père qui observant la première année de croissance de son fils pourrait extrapoler qu'il fera six mètres de long à 30 ans, le fait qu'en plus de 200 ans la surpopulation attendue ne se soit pas produite, démontre un vice foncier dans le raisonnement de Malthus. La Terre n'est pas un jeu à somme nulle et l'ingéniosité de l'homme a toujours et à chaque génération cuit un gâteau plus gros pour manger, même quand elle prenait une tranche de plus en plus grosse de celui-ci. De nos jours, même les prédictions les plus alarmistes de l'ONU admettent que la population mondiale se stabilisera et entamera une décrue en 2050, et Malthus est désormais perçu comme un savant de Marseille qui propagea des idées loufoques à la Chicken Little * au bénéfice de son employeur, la compagnie British East India **.

[* Ndt : La définition colle bien avec alarmiste du réchauffement climatique, mais il s'agit ici de Petit Poulet, un personnage fictif qui, recevant un gland sur la crête, crie que le ciel lui tombe dessus.

** Ndt : Ce fut chouettement bénéfique puisque, selon Randeep Ramesh, les Anglais auraient exterminé une dizaine de millions d'Indiens vers 1857, uniquement sur 10 des 200 ans d'occupation.]

Chose étonnante, bien que chaque prédiction dantesque de Malthus et ses acolytes malthusiens se soient révélées fausses décennie après décennie depuis deux siècles, ces idées sont toujours prises au sérieux et toujours médiatisées et mises en avant par de riches oligarques qui bénéficient de l'idée qu'un trop grand nombre de bouches inutiles à nourrir épuise les ressources de la planète.

Plaidant en faveur d'une loi interdisant à l'église anglicane d'accorder nourriture, vêtements ou aide à tout enfant, Malthus, un pasteur anglican, a lui-même écrit que « Nous sommes tenus par la justice et l'honneur de mépriser formellement le droit à assistance des pauvres. »

Non content de livrer des milliers d'enfants à la mort parce qu'ils ont eu le malheur de naître pauvres, Malthus préconisa par-dessus le marché de contribuer activement à la mort de plus de pauvres au moyen de l'ingénierie sociale :
« Au lieu de recommander la propreté aux pauvres, nous devrions les inciter à des habitudes funestes. Dans nos villes, nous devrions rétrécir les rues, entasser plus de gens dans les maisons, et stimuler le retour de la peste. Dans le pays, nous devrions construire les villages près des mares stagnantes, et encourager notamment la construction dans tous les coins marécageux et malsains. Mais, surtout, nous devrions condamner les remèdes spécifiques aux maladies ravageuses ; et retenir ces bénévoles, dont beaucoup sont des hommes égarés, qui pensent servir l'humanité en soustrayant les systèmes à l'éradication totale de désordres particuliers. »
La nature horrible de cette idée est rendue d'autant plus absurde du fait que Malthus encourageait la propagation de maladies et la peste dans le but de « préserver » l'humanité de morbidités et fléaux favorisés par la surpopulation. Mais cette contradiction en soi passe largement au-dessus de la tête de ceux dont la soif de sang les pousse à défendre ce genre de projets de réduction drastique des populations visant à tuer les pauvres et les opprimés de la société.

Aussi répugnantes que soient les idées de Malthus pour notre sensibilité, elles ont donné un cadre idéologique à ceux qui ont eu une faim psychopathe de domination des autres dans les deux cents dernières années.

Dans leur abominable ouvrage de 1968 intitulé, The Population Bomb, Paul Ehrlich et son épouse Anne écrivirent : « Un cancer est une prolifération incontrôlée de cellules ; l'explosion démographique est une multiplication incontrôlée de gens... Nous devons transposer nos efforts de traitement des symptômes en suppression du cancer. Cette opération exige beaucoup de décisions apparemment brutales et cruelles. » Il ressentait le cancer des nouveau-nés comme si potentiellement dévastateur pour l'humanité, qu'en 1969 il plaida réellement d'ajouter des stérilisants aux réserves de nourriture et d'eau. De crainte que ne subsiste quelque doute sur ses propos, Paul Ehrlich les exposa avec plus de détails dans Ecoscience, un livre de 1977, qu'il écrivit en collaboration avec John Holdren, l'actuel tsar de la science d'Obama, dans lequel ils préconisèrent encore l'ajout de stérilisants dans les réserves d'eau.

En 1972, Maurice Strong, ancien conseiller à la Banque mondiale et fonctionnaire des Nations Unies, préconisa que le droit des femmes à procréer devait être octroyé par le gouvernement.

En 1988, le prince Philippe prononça cette fâcheuse remarque, « Dans le cas où je renaîtrais, j'aimerais revenir en virus mortel, afin de contribuer quelque peu à résoudre la surpopulation. »
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Le prince Philippe déguisé en pou rouge
Dans les années 1990, Ted Turner déclara au magazine Audubon que, « Une population mondiale totale de 250 à 300 millions de gens, une baisse de 95 pour cent du niveau actuel, serait l'idéal. »

Naturellement, le mythe de la surpopulation lui-même s'effrite à la moindre vérification. Personne, pas même l'ONU, ne prévoit une croissance illimitée de la population humaine. Même les projections les plus alarmistes montrent que la population mondiale se stabilisera dans 40 ans. De plus, le taux de natalité de chaque grande nation industrialisée du monde est à présent sous le seuil de remplacement de 2,1, ce qui signifie que ce sont en fait des pays aux populations vieillissantes, qui exigent un afflux croissant d'immigrants simplement pour maintenir leur niveau de peuplement. En plus du phénomène bien connu de la réduction de la taille des familles due à l'industrialisation, des indices montrent à présent que les produits chimiques appelés perturbateurs endocriniens qui se retrouvent mystérieusement dans nos aliments, matières plastiques et eau potable, limitent notre capacité biologique de reproduction, avec dans les 50 dernières années chez les occidentaaux la baisse du taux des spermatozoïdes d'un atterrant 50% avec 85% des spermatozoïdes restants anormaux.

Mais encore, même si nous étions devenus de prime abord hystériques à propos de la taille de la population, les « solutions » suggérées par les malthusiens - programmes de stérilisation forcée, désindustrialisation, et même génocide - constituent la plus grande supercherie de toutes : L'idée que réduire simplement la taille d'une population diminuera d'une façon ou d'une autre les inégalités et les iniquités dans cette société.

Mais c'est là que réside le secret. Les gens qui s'inquiètent du non-problème de la surpopulation ne peuvent pas être raisonnés à ce sujet car leur préoccupation envers l'humanité n'est qu'un prétexte. Leur façon d'aborder le problème lui-même montre leur partialité. La plupart des gens voient l'augmentation du nombre d'habitants de la planète non pas comme un fléau, mais comme une occasion d'étendre notre compréhension de l'espèce humaine et ses capacités. En attendant, dans la vision dénaturée de surpopulation des alarmistes, les nouveau-nés ne sont ni une joie pour les yeux, ni un cadeau, ni le souffle vivant en puissance de l'avenir de la race humaine, mais un cancer qu'il faut détruire.

Les malthusiens ne se proposent pas d'accroître la production vivrière, de sortir les pauvres de la misère ou de développer la technologie pour multiplier nos capacités à partager les nombreuses richesses du monde. Ils souhaitent plutôt la stérilisation forcée des populations pauvres, la stagnation dans la misère des milliards de gens du monde et l'élimination de pans entiers de populations. Ne voulant pas réduire la peine et la souffrance du monde, ils l'avivent. En bref, l'hystérie de la surpopulation est un mensonge commode pour les Petits Poulets qui se tiennent prêts à profiter de la panique, qu'eux-mêmes engendrent.

Pour le reste d'entre nous, cela se résume à une question simple : Après 200 ans d'attente de la chute des cieux, ne serait-il pas temps d'arrêter d'écouter les Petits Poulets ?