Traduction : SOTT
Des soldats belges et la police patrouillent les rues de Bruxelles, en protection contre un acte de terrorisme imminent.
© Youssef Boudlal/Reuters Des soldats belges et la police patrouillent les rues de Bruxelles, en protection contre un acte de terrorisme imminent.
Les choses s'enveniment et évoluent rapidement depuis les attentats terroristes en France il y a un peu plus d'une semaine. Depuis lors, on voit presque tous les jours des descentes de police, des arrestations, des alertes et des menaces terroristes sur tous les continents. Les gouvernements occidentaux réagissent de la seule manière qu'ils connaissent : déclarer des états d'urgence, sévir contre d'éventuelles cellules terroristes, organiser des descentes nocturnes au domicile de citoyens, larguer des bombes en Syrie et en Irak, faire passer une nouvelle législation « anti-terrorisme ».

Ce qu'on observe, entre autres, ce sont les réactions des diverses factions de l'élite occidentale au pouvoir, agissant parfois de manière contradictoire. Le chaos - peu importe quelle en est la cause - est toujours l'occasion d'amener un nouveau type d'« ordre ». C'est cynique, mais pour les personnes aux tendances fascistes, cela signifie renforcer le contrôle des populations, consolider leur propre source d'influence, et manipuler le public par la peur. Pensez-y comme à une « stratégie du choc » sociale.

Ceci étant dit, il est probable que tous les dirigeants européens ne sont pas entièrement d'accord avec ce genre de programme « fasciste » où gouvernement et monde des affaires s'acoquinent pour accroître leur influence et leur richesse. Certains ont un brin de décence, ou a minima, quelque intérêt personnel éclairé. Ils réalisent qu'en tant que dirigeants de nations soi-disant souveraines, ils ne sont rien de plus que les vassaux des États-Unis, et bien qu'ils soient largement impuissants à faire quoi que ce soit pour y remédier, ils n'aiment pas ça. Ils savent qu'une relation de pouvoir de ce type ne peut que finir par profiter aux États-Unis. On les a fait chanter, ils ont été menacés, ou autrement contraints à se conformer à la ligne de Washington depuis des années, et forcément, ça tape sur les nerfs.

Un attentat terroriste tel que celui qui a eu lieu à Paris la semaine dernière débloque le statu quo existant. Les émotions déferlent, ce qui facilite les actions politiques qui sinon seraient trop fortes pour être envisagées. Les deux types de dirigeants peuvent exploiter ce genre d'attentat pour leurs propres buts. Considérez les raids qui ont lieu dans divers pays européens. Ce sont des opportunités parfaites pour s'occuper de divers types d'indésirables, qu'ils soient du pays ou étrangers. Cibles possibles : cellules terroristes djihadistes, cellules « Gladio », espions étrangers, saboteurs locaux. Dans le cas du Gladio, c'est une opportunité parfaite pour les dirigeants européens d'éliminer quelques terroristes soutenus par les États-Unis. Que peuvent dire les États-Unis ? « Vous avez arrêté nos terroristes ! » Quant aux fascistes, ils sont plus que disposés à jeter aux chiens quelques gogos islamiques superflus. La même chose vaut pour les nations non-européennes.

Simultanément, c'est comme si la France (et d'autres nations) réagissait d'une manière qui la rapproche de la Russie. La France n'a pas invoqué l'Article 5 de l'OTAN (« attaquer l'un des membres, c'est les attaquer tous »). Au lieu de cela, les armées russes et françaises se parlent et coordonnent leurs opérations en Syrie, jusqu'à un certain niveau en tout cas. Hollande doit rencontrer Poutine cette semaine, juste après être allé à Washington. Peut-être est-ce une manière de rejoindre l'opération menée par la Russie en Syrie sans le faire trop explicitement. La France peut toujours prétendre être le toutou de Washington alors qu'en réalité, elle travaille plus étroitement avec la Russie. Ce serait bien de voir ça mais pour l'heure, il est difficile de dire avec certitude si un total rapprochement UE/Russie est à prévoir.

Mais même si certains au sein de l'establishment européen tentent d'exercer un peu de souveraineté dans leurs réponses au désordre sanglant de Paris, dans l'ensemble, on dirait que les choses ne feront qu'empirer. Peu importe combien d'actions positives ils entreprennent dans les événements et le scénario qui leur est fourni par les terroristes internationaux (qu'ils soient de Raqqa ou de Washington), ils ne peuvent arrêter ce qui arrive. La trajectoire est prévisible : même si la France et d'autres rejoignaient la coalition anti-EI de la Russie, cela ne changerait rien au glissement vers le fascisme en cours dans ces pays. Avec l'augmentation du racisme (grâce à la crise des migrants) et la popularité croissante des partis d'extrême droite, ils sont à un doigt de la pathocratie généralisée du genre de celle provoquée par les Nazis et les Bolcheviques. Les Européens foncent aveuglément droit dedans.

Ceci dit, pour poursuivre ma couverture des attentats de Paris [ces deux articles sont en cours de traduction - NdT], j'ai quelques questions supplémentaires. Avant tout, j'ai loupé cette info de dimanche dernier. La capture d'écran ci-dessous vient d'une version en cache d'un article d'ITV :
Salah Abdeslam
Question : Qui a dit à RTL que Salah avait été « capturé vivant » grâce à du gaz lacrymogène ? Peut-être que le journaliste de RTL responsable de ce mensonge devrait être viré. Ou l'agent qui l'a partagé. Ou peut-être disaient-ils la vérité.

Ensuite, il y a ce compte-rendu de la mort d'Hasna Ait Boulahcen - la « première femme kamikaze » de l'Occident :
Sa mort lors du siège de Saint-Denis a été immédiate. Jean-Michel Fauvergue, 56 ans, directeur du RAID qui a mené l'assaut décrit comment il a vu sa tête passer par la fenêtre. Un morceau de sa colonne vertébrale est tombé sur une voiture de police.

« C'est alors que nous avons vu un corps humain, une tête de femme, passer par la fenêtre et atterrir sur le trottoir, côté rue », a raconté Fauvergue.

« Un kamikaze venait de se faire exploser. Ce fut d'une telle violence qu'un mur porteur a bougé. »
Maintenant, regardez cette vidéo sur le dernier élément du récit :

Donc, Ait Boulahcen n'était pas le kamikaze - chose que j'ai suggérée dans mon article précédent avant que l'histoire ne change. En outre, sept personnes sur les huit arrêtées lors du raid ont été relâchées. Cela comprend les cinq qui étaient soi-disant dans l'appartement, dont les deux qui auraient été retrouvés dans les décombres et qui auraient été les individus engagés dans une fusillade avec la police depuis plusieurs heures.

Mais la question réelle est : comment est-il possible que le chef de l'équipe du RAID qui a pris d'assaut l'appartement ait vu la tête et la colonne vertébrale d'une « femme » atterrir dans la rue à côté de lui juste pour que soit ensuite révélée la « vérité » que le kamikaze était en fait un troisième homme non identifié ?

Ce n'est pas le seul gros problème du scénario autour des attentats de Paris. Un des attentats de cette nuit-là s'est déroulé au café du Comptoir Voltaire. Le 13, vers 21 h 40, un homme dénommé Ibrahim Abdeslam - le frère de Salah qui fait actuellement l'objet d'une chasse à l'homme - s'est assis dans le café et a passé sa commande avant de faire exploser sa veste, se tuant lui-même et blessant quinze personnes. C'est tout. Pas de coups de feu, pas de morts, juste un type qui se fait sauter assis dans un café. Selon les personnes qui le connaissaient, Ibrahim dirigeait un bar à Bruxelles où lui et les clients buvaient et fumaient de l'herbe, deux « vices » illégaux selon la stricte loi islamique. Tout comme le « cerveau » soi-disant mort lors du siège de Saint-Denis, Abdelhamid Abaaoud, qui n'allait jamais à la mosquée, il y a des « musulmans extrémistes » très improbables.

Quand Ibrahim se serait fait sauter, la détonation a été si réduite qu'il n'a même pas été tué, selon un homme qui se trouvait au café. David, un infirmier, a tenté de réanimer Ibrahim, pensant qu'il s'agissait d'une victime. « Il n'avait pas l'air d'être grièvement blessé mais semblait inconscient. »

Pour finir, considérez ces détails à propos du frère d'Ibrahim, Salah, qui serait traqué dans toute la Belgique, et maintenant l'Allemagne :
Ils l'ont souvent vu au club, ce jeune de vingt-six ans rasé de près aimait fumer des joints et bavarder avec d'autres hommes. Il y a à peine un mois, il se trouvait dans le bar gay du centre de Bruxelles, et tous ceux qui l'y ont vu affalé confortablement n'auraient pu imaginer un instant qu'il était sur le point de devenir l'homme le plus recherché d'Europe.

Ce beau jeune homme au penchant pour le haschich a depuis été identifié comme étant Salah Abdeslam, soupçonné de faire partie de l'unité terroriste qui a tué cent trente personnes à Paris le week-end dernier. Si les terroristes ont été acclamés en tant que martyrs dans les cercles djihadistes, pour les habitués des clubs pour hommes du quartier Saint-Jacques du centre de Bruxelles, Abdeslam n'était qu'un fêtard fumeur d'herbe de plus.

« On savait qu'il se prostituait, il traînait toujours avec des gens de ce genre », a déclaré Julien, le barman d'un club où Abdeslam s'est rendu le mois dernier. Les propriétaires du club, qui ont parlé au Sunday Times à condition de rester anonymes, ont reconnu le portrait d'Abdeslam après les attentats et ont immédiatement alerté la police qui à l'heure actuelle étudie les séquences des caméras de surveillance du secteur.
Un terroriste djihadiste prostitué toxico ? J'ai certainement tout entendu maintenant. Et c'est le type qui a « passé du temps avec l'EI » en Syrie, ces fanatiques fous furieux qui ont tendance à jeter les homosexuels du premier toit venu...

Pour vous faire une idée de ce qu'il vient d'arriver en seulement dix jours ou presque, lisez les gros titres suivants :

Opérations anti-terrorisme, perquisitions, arrestations, exécutions Attentats terroristes, possibles actes de sabotage et « accidents tragiques » Menaces terroristes et fausses alertes Avions déviés, évacués Les fascistes sortent du bois