Après le scandale de la torture des prisonniers irakiens lors de l'invasion américaine de l'Irak en 2003, un autre du même genre risque d'ébranler les soldats de l'Otan avec leurs collègues afghans qui seraient derrière de nombreux actes de torture des rebelles talibans capturés.

C'est en fait ce qu'ont révélé des témoignages de soldats engagés dans la guerre afghane, a rapporté l'AFP. D'après les multiples témoignages de ces soldats, l'usage de la torture est largement répandu dans l'armée et la police afghanes, mais leurs formateurs de l'Otan, bien qu'informés, ferment souvent les yeux quand ils ne sont pas accusés d'y recourir eux-mêmes, a ajouté l'AFP.

La torture serait même systématique, ont dénoncé ces soldats. «J'ai vu comment l'ANA [armée nationale afghane] traite les talibans, elle leur administrent de sacrées raclées et parfois les tuent», confie ainsi un sergent américain de la force de l'Otan (Isaf). «La torture est surtout pratiquée par l'ANP [police nationale afghane] et la NDS», l'agence afghane de renseignement, affirme Rachel Reid, de l'ONG Human Rights Watch. A la NDS, «la torture est généralisée», précise-t-elle. «La plus haute juridiction du Royaume-Uni a reconnu que la torture était généralisée en Afghanistan», ajoute Mme Reid ainsi que la justice canadienne, des rapports d'ONG et de la Commission afghane des droits de l'Homme.

Les forces afghanes ne sont d'ailleurs pas les seules au banc des accusés. Comme en Irak, l'armée américaine et la CIA y sont accusées de torture, nourrissant la colère populaire contre leur intervention militaire. Mme Reid dénonce «une décision délibérée [de l'Isaf] de ne pas regarder de trop près». «Les Américains auraient dû prendre eux-mêmes des décisions» face au laisser-faire afghan, assène-t-elle, pointant la «faillite de la communauté internationale». Reconnaissant implicitement le problème, un porte-parole de l'Isaf explique d'abord que «les dirigeants de l'Isaf [...] ont fait d'énormes efforts pour s'assurer que ceux qui sont chargés des prisonniers comprennent l'importance» de bien les traiter. Avant de botter en touche : «Le traitement des détenus sous la garde des forces de sécurité afghanes devient la responsabilité du ministre de la Justice afghan.» Les forces afghanes sont censées prendre le relais de l'Isaf et assurer la sécurité de l'ensemble du pays d'ici à la fin 2014.