Traduction copyleft de Pétrus Lombard pour Alter Info


Bonjour. C'est James Corbett de corbettreport.com avec la dernière info sur le terrorisme.

Tôt ce mois-ci, dans une interview avec Bloomberg concernant le déroulement des troubles politiques en Égypte, Henry Kissinger a fait au moins une déclaration très révélatrice (regardez à partir de 7:10).

Le fait que Kissinger assimile le nassérisme à du terrorisme est particulièrement pénible pour ceux qui sont encore très familiers de l'histoire de la région. Comme c'est typique dans les déclarations du porte-parole de l'élite * mondiale, la vérité aisément démontrable est précisément le contraire de ce qu'affirme Kissinger. Il pense que son public ignore trop l'histoire pour qualifier cela de mensonge.

[* Ndt : Dans ce contexte, élite veut toujours dire pathocratie.]

En 1952, dans la région du canal de Suez, des troupes britanniques impliquées dans une bagarre avec la police locale massacrèrent 50 policiers égyptiens et firent plus de 100 blessés. Le public égyptien furieux, depuis longtemps opprimé sous le règne du roi Farouk, un régent pro-britannique qui vivait dans l'opulence pendant que son peuple était en difficulté, se répartit en émeutes et une équipe d'officiers de l'armée égyptienne se faisant appeler « Le Mouvement des Officiers Libres, » renversa le roi et institua une république. Ils étaient dirigés par Gamal Abdel Nasser Hussein, celui qui devint le deuxième président de l'Égypte en 1956.

Nasser fut haï et craint dès le début par les oligarques internationaux qui avaient pris l'habitude d'avoir un régime fantoche au pouvoir sur la route maritime clé du Canal de Suez. Nasser n'avait rien du roi Farouk. Jeune, charismatique et raffiné, il s'attaqua à la création d'un État égyptien moderne et laïque, qui deviendrait le modèle d'un nouveau mouvement du nationalisme panarabe, qui menaçait le statu quo de la domination impériale de l'Occident sur la région.

Renonçant au train de vie royal des anciens dirigeants égyptiens, Nasser réorienta les ressources de l'État vers la construction de logements, l'éducation et les services de santé du peuple égyptien. En adhérant au neutralisme et au Mouvement des non-alignés, Nasser s'assura l'hostilité éternelle des puissances impériales et l'amour éternel du peuple arabe en nationalisant le Canal de Suez en 1956. Pour la première fois le peuple égyptien aurait le contrôle de son plus stratégique patrimoine.

Naturellement, la perspective d'un État arabe nationaliste, laïque, rebelle, viable comme modèle pour les autres nations arabes qui suivraient, était une abomination pour les intérêts anglo-zuno-israéliens, et des plans pour mettre Nasser en échec naquirent avant même qu'il ne soit devenu président. Parmi ces plans figura la tristement célèbre Affaire Lavon, un complot du renseignement militaire israélien visant à poser des bombes dans toute l'Egypte afin d'en faire porter le chapeau à des nationalistes, communistes, Musulmans ou « mécontents indéterminés, » afin de justifier la poursuite de l'occupation britannique du Canal de Suez.

La cellule du renseignement militaire israélien portant le nom de code Unité 131 et dirigée par le colonel Avram Dar lança une bombe incendiaire dans un bureau de poste d'Alexandrie et posa des bombes dans deux bibliothèques de l'Agence d'information zunienne et dans un théâtre du Caire appartenant aux Britanniques. Lorsque fut déjouée cette atroce opération et l'un des poseurs de bombes arrêté, la vérité fut révélée. Le Renseignement israélien recourait au terrorisme sous fausse bannière pour manipuler l'opinion publique et obtenir le résultat souhaité : Une déstabilisation politique qui inciterait la Grande-Bretagne à maintenir son contrôle militaire sur la région.

La vérité facilement prouvable est donc précisément le contraire des dires gratuits de Kissinger. Nasser ne créait pas le terrorisme en Egypte, il en était la cible. Mais pourquoi quelqu'un comme Kissinger, quelqu'un dont la réputation même dépend de ses « connaissances historiques » et de son « sens politique, » raconte-t-il des mensonges aussi flagrants ? La réponse est simple. Quand Kissinger emploie le mot « terrorisme, » il ne lui sert pas à décrire des actes de violence politique et des carnages. Il utilise ce mot lui-même comme une arme politique.

Vous savez, pour Kissinger et les autres adeptes de l'idéologie mondialiste, « terrorisme » est simplement un mot désignant tout acte, personne ou mouvement en travers de leur programme. Dans cette vision tordue du monde, sont terroristes ceux qui croient que l'autonomie nationale est plus importante que les besoins du capital financier international. Sont terroristes ceux qui sont opposés aux accords de libre-échange qui ont délocalisé à l'étranger le socle manufacturier du monde industrialisé et confiné les pays en développement dans la misère. Sont terroristes ceux qui défendent le principe que les gens sont arbitres de leur propre vie et que ces vies ne devraient pas dépendre de l'humeur des multinationales.

Il ne surprendra guère que Nasser fut si violemment et perfidement contré par les mondialistes ayant un intérêt à étouffer tout État arabe stable et laïque, ni que ce fut en quelque façon un exemple unique de ce phénomène. Au contraire, le vingtième siècle regorge de tels exemples.

En 1951, Mohammed Mossadegh, le dirigeant démocratiquement élu de l'Iran, nationalisa les avoirs de la British Petroleum dans le pays. Deux ans plus tard, dirigée par Kermit Roosevelt, le petit-fils du président, une équipe de la CIA manigança, finança et fomenta un coup d'État contre Mossadegh, un coup d'État qui installa comme leader le despotique Shah et ouvrit la voie aux forces de sécurité SAVAK pour inaugurer un règne de terreur et de torture. Pour les mondialistes, pourtant, le Shah était le bon type et Mossadegh le terroriste.

En 1952, Jacobo Arbenz, le dirigeant démocratiquement élu du Guatemala, entama une série de réformes foncières qui exproprièrent la compagnie United Fruit de terres affermées. En 1953, la CIA commença à entraîner des rebelles, recruta des pilotes et établit des relations pour mener une campagne de coup d'État. Arbenz renversé, l'année suivante inaugura des décennies de dictature militaire et de guerre civile. Aux yeux des mondialistes, pourtant, Arbenz était le terroriste.

En 1970, Salvador Allende remporta les élections au Chili contre Alessandri Jorge qui était financé et soutenu par la Zunie. Quand il commença à nationaliser les entreprises de cuivre et les grandes industries de Zunie, celle-ci finança un coup d'État qui se termina par la mort d'Allende et le début du règne barbare du général Augusto Pinochet. Mais dans la vision tordue du monde des mondialistes, ce n'était pas Pinochet le terroriste, mais Allende.

De nombreux autres exemples existent, mais la tendance est évidente et parle d'elle-même : « terrorisme » désigne tout ce qui s'oppose aux intérêts du capital international. La fameuse guerre contre le terrorisme n'a jamais eu pour objet d'arrêter un groupe de fondamentalistes islamiques. Si la Zunie l'avait voulu, elle aurait soutenu Nasser au lieu de le saper. Elle aurait pu encourager Mossadegh, au lieu de le renverser.

Si la Zunie craignait le fléau de l'Islam radical, elle ne l'aurait pas financé en Afghanistan dans les années 1980. Elle n'aurait pas protégé, stimulé et financé Mohammed Junaid Babar et Haroon Rashid Aswat et Luai Sakra et Khalid Almidhar et Nawaf Alhazmi et Anwar al-Awlaki et tous les gogos, larbins, informateurs et agents qui ont paradé devant les caméras juste assez longtemps pour être identifiés comme la face du mal, mais jamais suffisamment de temps pour que quelqu'un enquête vraiment sur leurs antécédents. Car dans chacun des cas, les grands « complots terroristes » légendaires sont toujours liés au complexe du renseignement anglo-zuno-israélien et à ses tentacules partout dans le monde.

Non, le « terrorisme » n'a qu'un rapport indirect avec ces Musulmans radicaux, et seulement dans la mesure où ils sont financés, formés et habilités par leurs maîtres terroristes dans les couloirs de Langley en Virginie.

La preuve de cette vérité simple a été fournie amplement encore et encore depuis le début de cette guerre mythique contre le terrorisme. Dans le sillage des manifestations populaires de masse contre l'ordre du jour mondialiste de Seattle en 1999, de Washington et Montréal en 2000, et de Gênes en 2001, l'élite du pouvoir mondial avaient désespérément besoin d'un moyen de désamorcer et faire avorter son opposition. À la suite du 11/9, elle a eu sa chance. Le ploutocrate italien et larbin mondialiste Silvio Berlusconi n'a pas perdu de temps pour tenter d'utiliser cet événement pour accuser le mouvement anti-mondialisation :

« Il y a une singulière coïncidence entre cette action [le 11/9] et le mouvement anti-mondialisation qui se manifeste depuis un an maintenant, » avait-il déclaré à l'époque.

Bien qu'un peu plus subtils, les autres instruments et organes de la structure de pouvoir de l'élite n'ont pas été moins véhéments en utilisant le paradigme de la terreur pour stigmatiser toute opposition à leur ordre du jour.

En 2005, la RAND Corporation a publié un rapport sur la menace terroriste chez nous, dans lequel elle l'identifiait non pas aux Musulmans radicalisés animés par leur ferveur religieuse, mais aux manifestants et militants mus par leur opposition aux idéaux mondialistes.

« Développer les impératifs découlant de l'anti-mondialisation semble fournir un contexte national radical pour galvaniser à la fois les militants de l'extrême droite et ceux qui sont motivés par les programmes extrémistes plus spécifiques de l'environnement. »

Depuis lors, grâce à l'usage du mot-massue « terroriste, » l'ensemble du processus politique de diabolisation des opposants a sombré dans une forme des plus absurdes de farce politique, avec une vague de rapports du Centre d'analyse de l'information du Missouri au gouvernement de l'État de Virginie, au ministère de la Sécurité publique du Texas, exigeant de plus en plus d'indices ridicules de terrorisme, allant de l'achat des préparations pour nourrissons jusqu'à avoir des jeans pour porter un permis de conduire.

Toute cette hystérie de terreur dont le public a été gavé de force tout au long de la dernière décennie serait incompréhensible si nous comprenions « terroriste » au sens que vous, moi et le simple quidam croyons que cela signifie. Mais ce n'est pas le cas. Vous savez, dans notre monde moderne, le « terrorisme » n'est pas le terrorisme. Ça ne désigne pas une tactique, il ne s'agit pas de violence et de carnage, d'attentat suicide ni d'Allahu Akhbar. Ce n'est pas un mot, c'est une arme ; une arme visant ceux qui sont contre les objectifs de Heinz Kissinger et de toute son espèce au Bilderberg, au CFR, à la Trilaterale, ceux qui souhaitent la suprématie d'une petite élite riche de financiers et de voyous capitalistes des monopoles multinationaux.

Terrorisme n'est pas un mot, pas un concept. C'est une arme contre vous et moi.

Et, dans l'équation finale, cela nous offre des perspectives. Nous pouvons remarquer que terrorisme est un mot, et qu'il décrit les agissements de l'élite sanguinaire qui tue et mutile des innocents, qui déclenche les guerres ou renverse les gouvernements, qui incite à la violence pour réaliser ses objectifs. Et par l'acte élémentaire de récupérer le mot « terrorisme » pour l'associer étroitement aux gros bonnets mondialistes qui, génération après génération, fabriquent des marionnettes politiques internationale, nous pouvons désarmer Kissinger et tout autre entremetteur de l'hystérie de la guerre contre le terrorisme.