Commentaire : Rappelons-nous, en 2014, dans les médias :
  • ♪ ♫ L'année 2014 est la plus chaude jamais enregistrée ♪ ♫ ; sauf que depuis 18 ans, le GIEC reconnaît lui-même qu'il n'y a pas de réchauffement... pas grave hein. ♫
  • ♪ ♫ L'Arctique menace de disparaître ♪ ♫, et si l'Arctique connaît présentement sa superficie la plus étendue depuis une décennie, c'est que... ben ça signifie autre chose, un point c'est tout. ♫
  • ♪ ♫ Les ours polaires sont en danger ♪ ♫ et si la population de ces plantigrades a quintuplé en 40 ans, c'est qu'on les confond sans doute avec des peluches laissées par les esquimaux.
  • ♪ ♫ Une augmentation du CO2 amènera famine et misère ♪ ♫ ; le CO2 expiré par les psychopathes qui s'y entendent pour affamer et appauvrir, on est d'accord. Pour le reste, il paraîtrait que ce vilain gaz augmente en réalité le rendement de cultures.
  • ♪ ♫ La sécheresse en Californie est sans précédent ♪ ♫, eh bien... non.

pipeau
© Inconnu
Pour commencer, voici une analyse des événements qui se sont déroulés au pôle Nord durant la transition 2015-2016 et qui ont provoqué une floraison d'articles alarmistes de la part d'organes d'information bien mal informés.

1) Le 31 Décembre 2015, c'est la panique : le pôle Nord est au dessus de 0°C...nous affirment les médias !

Partant d'un communiqué de presse (inepte) de l'AFP, nos médias s'en sont donné à coeur joie :
  • My TF1 News (avec AFP) ((31/12) : "La douceur est partout : il fait plus de 0°C au Pôle Nord" (dans le texte : "Le mercure est passé de -37°C à -8°C en deux jours sur une balise située à 300 km du Pôle Nord").
  • L'express (31/12) : "Plus de 0 degré : il fait anormalement chaud au Pôle Nord".
  • Maxisciences (gentside) (31/12) : "Des températures jamais constatées à cette période de l'année au Pôle Nord".
  • Le Figaro (31/12) : "Au Pôle Nord, le thermomètre affiche 20 degrés de plus que les normales de saison".
  • 20 Minutes (31/12) : "Pôle nord trop chaud"ces températures vont devenir de plus en fréquentes"", sauf que ce n'est pas ce que nous dit le scientifique interrogé. Ce dernier a dit (selon le texte) : "Si ces températures en hiver devenaient plus fréquentes, alors oui on pourrait pointer du doigt le changement climatique".
  • Les Echos.fr (31/12) (J-M Gradt d'après l'AFP) : "Climat : Le pôle Nord n'est plus ce qu'il était".
  • Le Monde (31/12/) (avec l'AFP): "Douceur anormale sur l'Arctique : Plus de 0°C au pôle Nord".
  • Etc.
La réalité : Que s'est-il passé à la Saint Sylvestre 2015 ? Le film des événements :

Le Mercredi 30 Décembre, une très forte dépression située au environ de l'Islande a propulsé une masse d'air "chaud" (c'est à dire avec des températures peu négatives ou proches du zéro celsius) vers le pôle Nord. On a pu suivre, en direct, le déroulement des événements, notamment à l'aide de l'excellent site interactif earth.null qui donne, pour l'ensemble de la planète, des indications assez précises pour les vents, les températures etc. en temps réel. Les températures sont indiquées avec un code de couleur mais il est possible de sélectionner un point précis sur la carte pour connaître les données locales (le petit rond jaune).

Voici une séquence des images qui concernent le pôle Nord et l'Arctique, extraites des cartes de ce site. Sur les images ci-dessous, la couleur bleue indique des températures négatives mais proche du zéro (typiquement de -10°C à 0°C). La couleur violette indique des températures plus basses, proches de -27°C.

pôle Nord et l'Arctique
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Comme on le voit sur ces images, reconstruites en temps réel à partir des (rares) données thermométriques et de diverses données disponibles, le 30/12 à minuit, une sorte de coin d'air plus chaud (de couleur bleue), remontant du Sud-Est est venu réchauffer une fraction du pôle Nord. La plus grande partie de l'Arctique (de couleur violette, à près de -27°C en cette saison) n'a pas été affectée par cette rentrée d'air plus chaud. Il s'agit d'un réchauffement localisé.

11 heures plus tard, au matin du 31/12, le triangle bleu (température entre -10°C et 0°) s'était déjà bien résorbé et à minuit du même jour, la quasi totalité de la glace du pôle Nord avait retrouvé une température proche de la normale. Comme on le voit sur la photo de droite, la température normale de -27° était rétablie sur le pôle le 02 Janvier.

Cet événement aussi bref que localisé n'a, en fait duré qu'une seule journée. Il n'est, en effet, pas impossible qu'un thermomètre isolé ait pu enregistrer, très brièvement, une température positive mais cela n'a évidemment aucune conséquence du point de vue climatologique et c'est bien trop bref pour induire une fonte de l'épaisse banquise (épaisseur moyenne 1,3 m) qui prévaut à cette période de l'année. En bref, il ne s'agit que d'un phénomène superficiel, local et de très courte durée. C'est de la météorologie et c'est très courant au pôle Nord en cette période de l'année, comme nous allons le voir.

- Un événements sans précédent, affirment les médias ?

Que nous disent les archives pour les périodes de fin d'année lors des 58 années précédentes ? On trouve toutes les archives concernant les températures moyennes relevées (et reconstruites selon la norme ERA40) en Arctique, depuis 1958, jour après jour, jusqu'à aujourd'hui, au Nord du 80e parallèle, sur le site danois du DMI. Elles concernent donc la plus grande partie de l'Arctique située autour du pôle Nord.

Sur ces graphiques les températures (en ordonnée) sont indiquées en Kelvin (K). Le 0°C correspondant à 273K et 1K=1°C, il est aisé de calculer la température en degré Celsius par une simple soustraction. C'est ainsi que l'on voit que la température moyenne en Arctique (au Nord du 80e parallèle) à la fin de l'année est "normalement" (le trait continu noir) d'environ 245-273= -28°C. Les dates sont indiquées (en abscisse) par le numéro du jour de l'année.

 météorologie hivernale en zone arctique
© Inconnu
Ces graphiques sur lesquels le trait horizontal bleu indique la position du 0°C (273K) montrent deux choses importantes concernant les spécificités de la météorologie hivernale en zone arctique :
  • Comme on le voit, durant l'été boréal, (entre le 150e jour et le 230e jour de l'année, soit entre début Juin et la mi-Août) ) la température de l'air au dessus de l'Arctique est remarquablement stable et évolue entre 0°C et +2°C. A cette époque, une partie de l'océan arctique reste libre de glace. La température de l'air est stabilisée par la transition de phase eau/glace, ce qui peut s'expliquer aisément de la manière suivante : Si la température de l'air a tendance à augmenter, la chaleur supplémentaire est absorbée parce qu'un peu de glace fond et la température reste constante. Dans le cas inverse, c'est à dire si l'air devient plus froid, une partie de l'eau disponible gèle et la température reste encore constante.
  • Par contre, en période hivernale, la quasi totalité de la banquise est gelée et l'effet stabilisant de l'équilibre eau/glace ne joue pratiquement plus aucun rôle. L'épaisse couche de glace constitue plutôt un véritable isolant. Dès lors, la température de l'air située au dessus de la banquise est principalement déterminée par les vents dominants. Il est bien connu que l'Arctique est sujet à de violentes tempêtes ou à des rentrée d'air plus chaud au cours de l'hiver boréal. Dès lors, la température de l'air arctique fluctue énormément au gré de la météorologie, des dépressions environnantes et des rentrées d'air plus "chaud".
C'est ce que montrent ces graphiques dans lesquels,on voit clairement que la température moyenne de l'air arctique peut varier fréquemment et temporairement de plusieurs dizaines de degrés en période hivernale.

Le graphique de gauche représente les données de température pour l'année 2015. Il apparaît que "l'événement exceptionnel" qui a fait les gros titres des médias n'a guère fait varier la température moyenne de l'arctique que de 12°C pendant une seule journée (elle a atteint environ -16°C) avec un retour complet à l'équilibre normal (-27°C environ) après moins de deux jours comme on le voit sur les images précédentes et sur les graphiques du DMI.

Contrairement à ce qu'affirment les médias, cet événement n'a rien d'exceptionnel. Il est même très fréquent et il a été surpassé plusieurs fois dans le passé. Par exemple, en 1964, autour de la Noël, la température moyenne de l'air autour du pôle a brusquement augmenté de 21° et a atteint environ -10°C. Des événement du même type, toujours en fin d'année se sont également produits en 1990 et en 2002 comme on le voit sur ces graphiques.

Toujours d'après la même source danoise, on constate qu'il en a été de même en 1959, (variation de 24°C en quelques jours en fin d'année). De même, les années 1984, 1985, 2000 et 2002 ont toutes connues des pics de température plus élevée que 2015 durant les mois de décembre, sans aucun doute, du fait de tempêtes ou de rentrées d'air "chaud" localisées dans l'espace comme dans le temps.
Ainsi, contrairement aux affirmations des médias qui visiblement n'ont pas pris la peine de se renseigner plus avant sur les spécificités du climat, ou plutôt de la météorologie, en Arctique et ont pris pour argent comptant le contenu d'une dépêche inepte de l'AFP, l'événement de la St Sylvestre 2015, n'a strictement rien d'exceptionnel ni d'alarmant. Il est même très fréquent dans les régions arctiques, en automne et en hiver.
Ceci nous rappelle la panique, tout aussi injustifiée, qui s'était emparée des médias pendant l'été 2012 à propos d'un réchauffement très bref (de deux ou trois jours) de l'air au dessus du Groenland provoquant une fonte de la couche superficielle de la neige/glace comme cela se produit fréquemment en hiver en montagne ce qui verglace les pistes et les paysages enneigés et les rend plus brillants vus sous un soleil rasant.

Cette fonte aussi superficielle que brève résultait, elle aussi d'un phénomène météorologique limité qui a provoqué la remontée brutale d'une pulsation d'air plus chaud dans la zone groenlandaise. Comme le montrent les carottages glaciaires et comme le rappelle (vox clamans in deserto) la scientifique spécialiste interrogée à ce sujet, ces événements se reproduisent à intervalles plus ou moins réguliers séparés par quelques décennies depuis, au moins... le Ve siècle.

Toujours à propos de la fonte du Groenland (h/t WUWT), et dans le même ordre d'idée, un article vient de paraître dans Nature qui estime la perte cumulée en glace du Groenland depuis 115 ans (depuis 1900). Cet article a été aussitôt repris par des médias avec un titre accrocheur susceptible d'alarmer les lecteurs, du style : "Le Groenland a perdu 9000 milliards de tonnes de glace en un siècle" ce qui paraît énorme mais ne l'est pas du tout. Comme c'est très souvent le cas, les médias ne prennent pas la peine de rappeler les ordres de grandeur qui permettent de mettre les chiffres indiqués en perspective.

Le problème est que le Groenland stocke une masse de glace absolument gigantesque d'environ 2.600.000 km3 selon l'USGS (US Géological Survey, page A113). Or 9000 milliards de tonnes (métriques) de glace représentent un volume d'environ 9000 km3 (en assimilant la densité de l'eau avec celle de la glace ce qui donne une précision suffisante dans le cas présent).

Ainsi voit-on que la perte totale en glace du Groenland en 115 ans ne représente qu'environ 0,3% de la masse totale de glace.

C'est évidemment infime, sans doute situé à l'intérieur des marges d'erreur des mesures et un titre du genre "Le Groenland a conservé 99,7% de sa masse de glace depuis 115 ans" serait évidemment beaucoup moins accrocheur que le titre choisi par les médias sans doute dans la perspective de la COP21.
Ajoutons que même si on prend en compte les plus récentes estimations des pertes annuelles (186Gt/an) et en supposant que ces pertes vont perdurer dans l'avenir, il faudrait quand même environ 16000 ans pour que la glace du Groenland disparaisse complètement, ce qui est d'ailleurs impossible parce que la glace groenlandaise repose, en réalité, sur une sorte de cuvette solide ce qui interdirait, à terme, les fuites des glaciers dans l'océan. D'autre part, comme je l'ai montré dans un billet précédent, les apports en neige/glace de l'inlandsis groenlandais sont plutôt en période de croissance qu'en déclin.
Mais là encore, les médias n'ont pas pris la peine d'aller chercher un peu plus loin que le bout des dépêches de presse avant de (dés)informer leurs lecteurs...

Dans la même veine des mythes récurrents, propagés par les médias et souvent régurgités sans hésitation par les décideurs comme nous l'avons constaté à maintes reprises, voici deux mises au point concernant la question lancinante des déficits de pluies et autres inondations qui s'aggraveraient, nous dit-on. Comme vous allez le voir, il n'en est absolument rien comme nous l'apprennent les recherches les plus récentes qui montrent également que c'était bien pire au cours des siècles passés.