© Alexandr Maksimenko
L'écrivain Michel Collon analyse les liens paradoxaux qu'entretient Israël avec les mouvances radicales ukrainiennes Svoboda et Pravy Sektor.
Une fois, le premier ministre israélien a surpris tout le monde en prétendant que l'inspirateur du génocide contre les juifs ne serait pas Hitler, mais les Palestiniens, collectivement coupables pour les égarements du grand mufti de Jerusalem, il y a 80 ans !
Cette déclaration-choc ne nous apprend rien sur l'Histoire, mais beaucoup sur la panique régnant à Tel-Aviv et l'hypocrisie de Netanyahou. Tel est bien le fonds de commerce du gouvernement israélien : l'idée que le peuple israélien serait menacé par le monde entier, qui aurait oublié le dramatique précédent nazi. Chaque fois qu'un dirigeant ou un pays dérange Israël, il se retrouve assimilé à Hitler ou coupable d'avoir pactisé avec lui. Un procédé classique de la diabolisation.
En contradiction totale avec ces belles déclarations, nous avons vu dans l'
article précédent que le camp israélien n'avait pas hésité à soutenir en Croatie le raciste anti-juifs d'extrême droite Franjo Tudjman. Mais ce n'est pas un cas isolé.
Plus récemment, en 2014, Israël s'est compromis avec des nazis en Ukraine. Le contexte ? Les Etats-Unis, appliquant la doctrine Brzezinski, font tout pour encercler la Russie et dans cet encerclement l'Ukraine est un pion majeur. Ayant échoué à en prendre le contrôle par une «contre-révolution colorée» en 2004, Washington a joué une carte plus violente dix ans plus tard. Un véritable coup d'Etat utilisa comme troupes de choc les milices nazies Svoboda et Pravy Sektor. Deux champions du racisme envers les juifs, les Russes, les Noirs et tout qui n'est pas «pur» à leurs yeux.
Svoboda (Liberté), nouveau nom adopté après un lifting est en fait le «
Parti national-socialiste d'Ukraine» : de purs nazis. Son chef Oleg Tyahnybok appela à
«libérer l'Ukraine de la maffia moscovite - juive». Quand John Demjanjuk fut condamné en 2010 pour son rôle de gardien du camp de la mort de Sobibor (trente mille victimes), Tyahnybok se rua en Allemagne pour soutenir ce
«combattant pour la vérité». Selon Shimon Samuels, directeur au Centre Simon Wiesenthal :
«Svoboda est composé des mêmes éléments que les auxiliaires ukrainiens des Nazis qui ont commis des massacres de masse de Juifs, de Russes et de Polonais».Autre groupe pronazi et anti-juif, encore plus violent, Pravy Sektor, a repris comme logo la «Croix d'Odin», symbole du «pouvoir blanc». Il se réclame aussi de
Stepan Bandera, collabo des nazis, qui massacra des dizaines de milliers de juifs et de catholiques dans l'Est de la Pologne. Tout ceci n'empêcha pas Bernard-Henri Lévy, lobbyiste en chef d'Israël, d'aller solennellement à Kiev appuyer ce coup d'Etat opéré par ces groupes racistes !Comme en Croatie, le gouvernement israélien ne se mouilla pas trop ouvertement. Il y a partagé des tâches entre ce gouvernement, les lobbies pro-Israël aux USA ou en France et des personnalités qui s'affichent en première ligne comme Bernard-Henri Lévy ou Bernard Kouchner. Mais cette fois le rôle joué en coulisses par Tel-Aviv a quand même transpiré dans la presse israélienne elle-même.
On apprit que Reuven Din El, ambassadeur d'Israël en Ukraine, s'était réuni avec Dmytro Yarosh, un des chefs de Pravy Sektor, pour conclure un accord de coopération.
Alyaexpress, agence de Presse israélienne, et le quotidien
Haaretz signalèrent que plusieurs militaires liés à l'armée israélienne et d'origine ukrainienne avaient constitué une petite unité israélienne surnommée «les casques bleus». Leur leader avouant :
«Je n'appartiens pas à Svoboda bien que j'ai servi sous leurs ordres. Pour moi, ils sont comme des frères». Le quotidien conservateur
Jerusalem Post confirma que
«des jeunes juifs d'organisations internationales ont apporté un appui logistique et collaboré à l'organisation des barricades».L'intérêt de soutenir des nazis anti-juifs ? Plusieurs objectifs possibles :
1. Aider le parrain US contre la Russie. 2. Favoriser un «changement de régime» pour se créer des opportunités de business. 3. Favoriser l'émigration de juifs vers Israël qui en a un besoin crucial pour maintenir son économie et sa démographie à flots.Bref, Israël n'est pas gêné de collaborer avec des nazis anti-juifs. Ni avec Daesh contre la Syrie. Ni d'envoyer des mercenaires en diverses régions du monde : contre-révolutions
en Géorgie et en Ossétie du Sud, mais aussi
en Afrique et
en Amérique latine. Curieux évidemment de la part d'un régime qui se prétend
«un pauvre petit pays en légitime défense» et qui est en réalité un
«serial exportateur de violences».
"Bref, Israël n'est pas gêné de collaborer avec des nazis anti-juifs."
Non pas de gêne tant que cela sert les intérêts d’Israël. Car au sein des troupes ukrainiennes il y a des soldats israeliens et aussi de nombreux Juifs parmi les politiciens qui dirigent actuellement.