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Habiter à proximité du trafic routier augmente sensiblement la morbidité attribuable à la pollution atmosphérique. Diminuer encore les niveaux de particules fines dans l'air des villes européennes entraînerait un bénéfice non négligeable en termes d'augmentation de l'espérance de vie et de réduction des coûts pour la santé. Ce sont les 2 principales conclusions du projet Aphekom mené par l'Institut de veille sanitaire (InVS) dans 12 pays européens et par plus de 60 scientifiques. C'est aussi un tout nouvel éclairage sur les effets sanitaires et économiques de la pollution urbaine en Europe.

Les principaux enseignements du projet Aphekom ont été présentés et discutés le 1er mars lors de la réunion finale à laquelle assistent de nombreux acteurs de l'environnement et décideurs européens.

Impact sur l'espérance de vie et les dépenses de santé : L'évaluation de l'impact sanitaire dans 25 grandes villes européennes montre que l'espérance de vie pourrait augmenter jusqu'à 22 mois pour les personnes âgées de 30 ans et plus (en fonction de la ville et du niveau moyen de pollution), si les niveaux moyens annuels de particules fines PM 2,5 étaient ramenés au seuil de 10 microgrammes par mètre-cube, valeur guide préconisée par l'OMS.

Impact économique : le respect de cette valeur guide se traduirait par un bénéfice d'environ 31,5 milliards d'euros lié à la diminution des dépenses de santé, de l'absentéisme, et des coûts associés à la perte de bien-être, de qualité et d'espérance de vie.

Habiter à proximité, morbidité augmentée : Aphekom a montré, et c'est aussi la conclusion la plus alarmante, qu'habiter à proximité du trafic routier est un facteur majorant dans le développement de pathologies chroniques :

· Dans les 10 villes européennes étudiées, le fait d'habiter à proximité du trafic routier serait responsable d'environ 15% des asthmes de l'enfant.

· L'estimation serait au moins identique, voire plus alarmante, pour les pathologies chroniques respiratoires et cardiovasculaires fréquentes chez les adultes de 65 ans et plus.

Au total, pour ces villes, le coût associé à ces impacts s'élèverait à environ 300 millions d'euros chaque année.

La législation européenne visant à réduire les niveaux de soufre dans les carburants s'est traduite par une diminution marquée et pérenne des niveaux de dioxyde de soufre (SO2) dans l'air ambiant. Cette mesure a permis de prévenir près de 2.200 décès prématurés, dont le coût est estimé à 192 millions d'euros dans les 20 villes étudiées.

La promulgation et la mise en œuvre de réglementations efficaces dans le domaine de la pollution atmosphérique est donc essentielle, car elles se concrétisent par des bénéfices sanitaires et monétaires importants. L'Union européenne prépare donc, pour 2013, une révision de la réglementation actuelle.

Le projet Aphekom (Improving Knowledge and Communication for Decision Making on Air Pollution and Health in Europe) s'est déroulé de juillet 2008 à mars 2011. Il a été co-financé par le programme européen d'action communautaire dans le domaine de la santé publique et par les nombreux organismes locaux et nationaux qui ont dédié des ressources à l'accomplissement du projet.