Avez-vous déjà cru en quelque chose que quelqu'un a dit pour ensuite découvrir que c'était un mensonge ? Vous vous rappelez le sentiment initial de choc et d'indignation, suivi par la colère de l'audace du menteur et peut-être aussi d'une dépression à laquelle les êtres humains sont sujets suite à de telles faiblesses et insincérités. Ensuite, vous pourriez avoir du mal à comprendre le pourquoi, et peut-être y parviendrez-vous, ou peut-être pas.
Media lies
© Global Research« Mensonges »
Être abusé par le mensonge est sans aucun doute quelque chose que la plupart des gens ont connu, et en soi, c'est une expérience précieuse, car elle nous permet de repérer les mensonges et les menteurs avant qu'ils ne nous causent trop de mal ou de chagrin. Le fait est que tout le monde sait que les gens mentent, qu'ils justifient leurs actes avec des mensonges faits à eux-mêmes et à autrui. La raison pour laquelle les gens mentent est généralement bien comprise aussi. Nous vivons nos vies selon des règles et des valeurs explicites et tacites. Lorsque les vœux d'une personne entrent en conflit avec ces règles, elle a recours aux mensonges pour couvrir son écart momentané d'une vie morale. Ces mensonges peuvent être conscients ou inconscients.

Au cours de leur vie, ce que la plupart des gens expérimentent rarement — voire jamais — c'est une personne qui ment automatiquement ou qui a un style de vie basé sur le mensonge. Nous nous référons ici à quelqu'un pour qui tout désir va toujours à l'encontre de la morale conventionnelle et qui ne peut donc jamais être honnête ou vraiment exprimer ce qu'il pense, ressent et veut, de peur d'être totalement rejeté (ou pire) par ses pairs. Une telle personne serait un être humain fondamentalement déviant ou anormal. Elle pourrait être pleinement consciente que ses désirs divergent fortement de ceux d'une personne moyenne et chercherait activement à les cacher avec des mensonges, ou elle pourrait simplement réagir « instinctivement » à chaque instant avec un mensonge (souvent inconscient), dans le but express de préserver sa capacité à exploiter les autres afin d'assouvir ses désirs malsains.

La raison de cette brève analyse sur le mensonge est qu'elle se rapporte directement à une choquante prise de conscience que j'ai eue récemment au sujet de la « guerre contre le terrorisme ».

Au vu des événements se jouant sur la scène géopolitique ces dernières années, il m'est de plus en plus difficile de les digérer d'une manière cartésienne classique. En fait, mes efforts dans ce sens ont provoqué un cas grave de dyspepsie [ensemble de symptômes, de douleur ou de malaise épigastrique - NdT]. Le problème, qui est évident pour toute personne ayant les yeux ouverts, est que la « guerre contre le terrorisme » décrite par ses architectes comme une guerre pour éliminer le terrorisme et pour promouvoir « la liberté et la démocratie » — a entraîné une forte augmentation du terrorisme, de l'instabilité sociale et politique et une diminution concomitante des véritables liberté et démocratie.

Stupidité ou sadisme ?

Face à cette contradiction flagrante entre les objectifs énoncés et les résultats nets, je devais trouver un moyen de l'expliquer. Deux options principales s'offraient à moi. La première, et la plus acceptable des deux est l'idée que les gens qui mènent la « guerre contre le terrorisme » sont une cabale de crétins cruels qui doivent avoir du mal à attacher leurs lacets chaque matin. Comment décrire autrement un groupe qui continue obstinément à poursuivre des politiques qui aboutissent au résultat inverse de leur but apparemment sincère ? Mais cette explication soulève un problème similaire à celui que je cherchais à résoudre ; parce que les responsables politiques, les militaires et les chefs d'entreprise occidentaux qui sont derrière la « guerre contre le terrorisme », ne sont manifestement pas un tas de crétins dans le sens propre du mot. Au contraire, les évidences suggèrent qu'ils sont intelligents, charmants, ambitieux (souvent à l'extrême) et très capables de diriger les peuples des pays occidentaux dans leurs domaines respectifs.

Soldats US Irak
© InconnuLa GCT génère des profits pour les fabricants d’armes depuis 2001
Donc, il ne me restait que la deuxième option, la moins acceptable, qui était de regarder les résultats plutôt que la rhétorique. La conclusion, dans ce cas, est que ces gens sont des menteurs et leur « guerre contre le terrorisme » ne consiste pas à éliminer le terrorisme et à promouvoir la liberté et la démocratie dans le monde. C'est l'exact opposé. En conformité avec le fait qu'ils soient des menteurs invétérés, ils vont, bien entendu, cacher leur but qui est de semer le chaos et la mort à travers le monde par des mensonges, et quelle meilleure façon de couvrir ses pulsions impies qu'en les présentant comme l'exact opposé de ce qu'elles sont. Avec assez de persistance dans cette tromperie et de dynamisme pour donner libre cours à son appétit abominable, une telle personne pourrait même finir par se convaincre que tuer des civils était, d'une certaine manière, les « libérer » ou du moins agir « dans l'intérêt de tous » (tant que vous n'avez pas à fournir trop de détails sur votre définition de [« l'intérêt de tous »].

Alors que je méditais cette idée, bien d'autres vérités répugnantes me sont devenues évidentes. Par exemple, la guerre est très rentable pour les personnes à la tête des industries de l'armement. Et la guerre doit être fréquente et récurrente pour que les bénéfices continuent d'affluer. Aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France, etc., les principales « entreprises de défense » reçoivent l'argent des contribuables étasuniens pour produire des armes, qui sont ensuite données à l'armée étasunienne qui a l'ordre [sous un quelconque prétexte] de tirer sur des gens à l'étranger. Afin de veiller à ce que le contribuable ne soit pas contrarié par l'usage détourné de ses impôts, il leur est nécessaire de présenter un ennemi qui pose une menace existentielle pour le contribuable. Des civils étrangers doivent naturellement être la cible de ces armes, afin de fournir un approvisionnement continu de personnes en colères — alias « ennemis » — à bombarder, fournissant ainsi une source continue de revenus pour les marchands d'armes [et leurs amis politiques qui lancent les guerres sans fin].

Mais assez de généralités. En regardant de près la politique étrangère du gouvernement occidental au cours des dix ou vingt dernières années, il est devenu clair pour moi que non seulement la « guerre contre le terrorisme » est à l'antipode de la liberté, mais qu'elle n'est même pas le principal sujet. D'un point de vue géopolitique, il semble que les États-Unis en particulier aient un sérieux problème avec la Russie. Fondamentalement, la « guerre contre le terrorisme » est en fait un masque pour une guerre [sur tous les fronts] contre la Russie. J'ai auparavant écrit sur ce sujet en grand détail, mais chaque jour qui passe apporte de plus en plus de preuves et suggère que cette théorie est pertinente.

La réalité russe : une menace existentielle pour les États-Unis

Victoria Nuland à Kiev en février 2014
© InconnuVictoria Nuland à Kiev en février 2014 et les biscuits de la liberté des Étasuniens en appui d’un coup d’État fasciste
Le problème des Étasuniens avec la Russie, est qu'elle est aujourd'hui le plus grand pays du monde avec des ressources abondantes sur le continent eurasiatique et ayant un gouvernement enclin à tracer sa propre voie vers un monde multipolaire. Cela peut sembler ne pas être un genre de menace pour vous et moi, mais vous devez comprendre que, jusqu'à l'apparition de Poutine, les « élites » politiques et économiques aux États-Unis croyaient avoir le monde à leurs pieds, ou ils ont du moins certainement cru qu'ils étaient sur le bon chemin pour créer cette réalité particulière.

Pouvez-vous vous imaginer être dans une position où le travail de votre vie est sur le point d'être achevé lorsque les actions d'une personne venue de nulle part viennent menacer votre objectif ? Pas par fourberie ou avec des intentions malveillantes soit dit en passant, mais simplement en raison de l'ordre naturel des choses. Vous seriez en droit de vous sentir en colère, frustré, mais allez-vous fomenter un complot pour détruire cette personne ? Voilà précisément la position dans laquelle les « élites » des États-Unis se sont retrouvées, et précisément ce qu'elles ont essayé de faire à la Russie pour avoir eu la témérité de contester et de défier la « réalité » d'un « imperium americanum ».

Donc, la Russie de Poutine est indéniablement vue comme une menace existentielle par ceux qui veulent posséder le monde d'une manière incontestée. Tout ce qui est arrivé au cours des dernières années entre l'Occident et la Russie, sans parler de la « guerre contre le terrorisme », doit être vu et compris dans ce contexte.

Récemment, le Center for a New American Security [CNAS] [Centre pour une nouvelle sécurité étasunienne, think tank basé à Washington et créé en 2007 - NdT] — qui a remplacé le Project for a New American Century [PNAC] [Projet pour le nouveau siècle étasunien - NdT], le groupe qui a fait pression pour une attaque de type 11-Septembre en 1999, a produit un document qui confirme ce que je viens de dire.

Le coauteur du rapport est un des deux fondateurs du PNAC, Robert Kagan [époux de l'assistante secrétaire d'État Victoria Nuland, la femme responsable du remplacement des démocrates ukrainiens par des putschistes infestés de néonazis en 2014]. Le rapport du CNAS est intitulé « L'extension du pouvoir étasunien : stratégies pour étendre l'engagement étasunien dans un ordre mondial concurrentiel » et, comme la plupart des autres documents publiés par ces principaux décideurs politiques étasuniens, ce rapport fait à nouveau pression pour l'utilisation de l'armée étasunienne afin d'atteindre une domination mondiale incontestée des États-Unis.

Le rapport affirme que le leadership étasunien, « est aujourd'hui essentiel pour préserver et renforcer le fondement de l'ordre international », compromis selon eux, par les puissances mondiales rivales que sont la Russie et la Chine. Comme Zbigniew Brzezinski l'a une fois commenté, « certains agitateurs musulmans » [à savoir les terroristes djihadistes] sont facilement tolérés, soutenus même, afin de fournir la justification d'une guerre contre la Russie, mais la plus grande nation du monde qui essaye de contribuer d'une manière équitable à l'ordre mondial, est bien au-delà des limites des prétendus maîtres du monde.

L'Europe ou rien

Bien qu'il existe de nombreux exemples clairs des actions extrêmes et perfides que les « créateurs de réalité » de Washington sont prêts à prendre pour « stopper la Russie » et « sécuriser le monde pour les États-Unis » — et je suis sûr que la plupart des lecteurs en sont bien conscients — il est intéressant de noter la débâcle en cours du « système de défense antimissile » étasunien/OTAN présent en Pologne et en Roumanie.

Missiles défense US en Pologne
© Inconnu«  Quel chemin pour la Russie ? Je veux dire l’Iran, Monsieur ?  »
Le projet, long de quatorze années est finalement entré en service la semaine dernière en Roumanie et les Russes n'étaient bien sûr pas contents, considérant ces missiles comme une intimidation les forçant à une position de « quoi qu'on fasse, on est perdants ».

Je me demande cependant, si l'agacement russe était en partie dû à la façon récurrente que le gouvernement étasunien a de considérer les populations mondiales comme des idiotes en essayant de prétendre que le système de missile est conçu dans un effort de protection contre les missiles iraniens, en dépit du fait que l'Iran ait été à nouveau accueilli dans la communauté internationale l'an dernier, en grande partie grâce au gouvernement étasunien.

Un autre aspect intéressant de cette stratégie qui consiste à placer des systèmes de missiles étasuniens dans les pays européens, est que la Russie n'est pas vraiment intimidée parce qu'elle pourrait facilement faire exploser n'importe quel système de missiles avec ses propres missiles. Mais voilà le hic : au cas où la Russie soit contrainte d'agir d'une telle manière, ce serait de facto une attaque contre un pays européen, et plus précisément pour le moment, contre la Pologne ou la Roumanie. Ceci pourrait gravement nuire à la relation Russie/Union européenne pour une longue période, ce qui est exactement ce que le gouvernement étasunien a essayé d'accomplir depuis plusieurs années. Les fonctionnaires de l'Union européenne sont-ils conscients que si les États-Unis devaient réussir à forcer la main à la Russie pour détruire les systèmes de missiles en Europe, ce seraient les citoyens européens qui en paieraient le prix, tandis que les psychopathes à Washington se congratuleraient entre eux ? Ou sont-ils devenus si « atlantisés » qu'ils ont adopté la forte aversion de l'élite étasunienne pour la réalité ?

Une politique de mensonge constante ne peut pas durer éternellement. À la fin, la réalité objective s'impose et on se retrouve exposé d'une manière ou d'une autre. Et puisque la Russie — qui fait l'objet des mensonges étasuniens — a toutes les raisons d'exposer la vérité sur ces mensonges au moment opportun, le récit étasunien s'effondre, morceau par morceau, et de plus en plus de gens sont capables de le voir. La question qui reste est alors la suivante : les États-Unis vont-ils d'abord imploser sous le poids de leurs propres tromperies et corruptions, ou les créateurs d'une réalité psychopathique vont-ils utiliser leur « option Samson » et essayer d'entraîner le monde avec eux ?