Une série de grèves devrait commencer en Grande-Bretagne cette semaine, indiquant une rébellion naissante des travailleurs contre les efforts des syndicats pour supprimer l'opposition à l'assaut des entreprises et des gouvernements sur les emplois, les salaires et les conditions de travail.
Dimanche soir, des membres de l'Union nationale des travailleurs des chemins de fer, des transports maritimes et des transports (TSSA) ont débrayé pendant 24 heures pour protester contre les conditions dangereuses résultant des fermetures de guichets et des pertes d'emplois.

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© InconnuUne année chaude en grèves en Angleterre vient de commencer
La grève paralysera une bonne partie du réseau du métro de Londres, avec la fermeture de nombreuses stations centrales de Londres. Mardi, les conducteurs de train employés par Southern Rail, qui est géré par la franchise Govia Thameslink Railway, débrayeront pendant 48 heures, avec une grève supplémentaire de 24 heures qui se tiendra vendredi.

Les conducteurs protestent contre la décision de l'entreprise d'imposer des trains opérés seulement par les chauffeurs (DOO) en éliminant le rôle d'opérateur des portes des contrôleurs et en réduisant leur mission à la perception des tarifs. Cette démarche, mettant en danger la sécurité publique, vise à terme l'élimination des contrôleurs sur les chemins de fer.

Southern, soutenu à fond par le gouvernement conservateur, a affirmé qu'ils étaient fondés à imposer les DOO, citant un rapport du Bureau du rail et de la route (ORR), un service gouvernemental non ministériel. Ian Prosser, l'inspecteur en chef des chemins de fer, a déclaré : « L'ORR est convaincu qu'avec un équipement approprié, des procédures appropriées et un personnel compétent en place, c'est une méthode de travail sûre »[Sans italique dans l'original]. Cependant, cet organisme financé par l'industrie ferroviaire, truffé de responsables nommés par les Tories (Conservateurs), a été obligé de reconnaître que ces procédures, équipements et personnel n'existent pas actuellement, mettant en évidence plus de 20 failles de sécurité graves liées au DOO et concluant que jusqu'à ce que les DOO soient modifiés, ils restent peu sûrs.
Les conducteurs ont averti que supprimer les contrôleurs représenterait un risque pour les passagers à la fois à bord et en descendant du train, où seulement des images granuleuse de caméras CCTV sont disponibles pour vérifier si on peut fermer une porte en toute sécurité.
Mardi et mercredi, le personnel de cabine de British Airways (BA) doit se mettre en grève en signe de protestation contre un système de salaires à deux niveaux et des salaires de misère. Les taux de rémunération pour les 4000 membres de l'équipage de cabine impliqués commencent à seulement 12 000 livres annuels, plus 3 livres de l'heure de vol [14 000 euros annuels et 3,5 euros de prime horaire, ndt]. Deux mille d'entre-eux sont dans le syndicat Unite.

Unite a cité un récent sondage révélant que près de la moitié des nouveaux membres d'équipage de cabine avaient pris un deuxième emploi pour joindre les deux bouts, et que certains dorment dans leur voiture entre les quarts de travail. Les deux tiers ont avoué que malades ils pointaient au travail en mauvaise condition physique pour voler parce qu'ils ne pouvaient pas se permettre d'être absents.

Les grèves des chemins de fer vont se propager. Cette semaine, le RMT va faire voter ses membres employés par Arriva Rail North dans un conflit salarial. Toutefois, le Daily Telegraph pro-Parti conservateur a noté que « derrière le conflit il y a la possibilité que l'entreprise introduise des trains avec conducteur seul, la question qui a été au centre des débrayages sur Southern ».

L'action affecterait des villes comme Leeds, Manchester, Newcastle upon Tyne et Hull, et pourrait se propager aux West Midlands, à Merseyside et à d'autres lignes qui desservent Londres.

Des enseignants en Irlande du Nord doivent également se mettre en grève ce mois. Les membres de l'Association nationale des maîtres d'école et des femmes enseignantes (NASUWT) doivent tenir une grève d'une journée sur les salaires, la charge de travail et la sécurité de l'emploi dans un conflit en cours. Les enseignants feront grève dans les municipalités de Derry City, Strabane, Fermanagh et Omagh et la région de Mid Ulster le 31 janvier.

Vendredi dernier, les membres de l'Organisation nationale irlandaise d'enseignants (INTO) ont entamé une action collective dans le cadre d'un conflit salarial, refusant de participer aux inspections menées par l'Inspection de l'éducation et de la formation jusqu'à nouvel ordre. Ils doivent tenir une grève d'une demi-journée le 18 janvier.

Ces grèves se produisent en raison du sabotage d'une précédente série d'actions qui devait avoir lieu chez les employés des postes, le personnel du Southern Rail et le personnel des aéroports pendant la période de Noël et du Nouvel An. Le Syndicat des travailleurs de la communication s'est assuré qu'une grève des employés des Bureaux de poste de la Couronne se limite à seulement 4000 de ses membres dans 50 bureaux.

Le 20 décembre, Unite a annoncé qu'une grève salariale de 1500 de ses membres employés par l'entreprise de manutention de bagages Swissport était annulée, car le syndicat recommandait aux travailleurs d'accepter une nouvelle offre salariale.

Avant Noël, les équipages de British Airways devaient également faire grève, mais peu de temps après son intervention auprès de Swissport, Unite, le plus grand syndicat de Grande-Bretagne, en complicité avec la compagnie a annulé la grève. Le secrétaire général, Len McCluskey, est intervenu personnellement dans les négociations et le syndicat a recommandé une offre salariale qui a ensuite été rejetée par les membres par une marge de 7 à 1.

Le RMT n'a pas pu empêcher une grève des contrôleurs à Southern les 18 et 20 décembre, mais le syndicat a offert à la compagnie une trêve de Noël.

Dans des conditions de crise croissante pour l'élite dirigeante britannique, le gouvernement insiste pour que les travailleurs sacrifient leurs acquis sociaux historiquement gagnés pour que les entreprises britanniques puissent concourir dans un environnement post-Brexit.

En mars, la Loi sur les syndicats du gouvernement entrera en vigueur, imposant comme condition dans les votes de grève des « services publics importants », y compris les transports, une participation de 50 pour cent et un vote de grève de 40 pour cent de l'ensemble de la main-d'œuvre.

Des mesures encore plus draconiennes sont demandées. Avant les grèves de Noël, le député conservateur Chris Philp a déclaré que toute grève proposée dans le secteur public devrait être tenue légalement de paraître devant un juge de la Haute Cour « qui déterminerait si la grève était déraisonnable et disproportionnée pour qu'elle continue ».

Philp fait partie d'un groupe de 20 députés conservateurs qui ont discuté de ses propositions avec la Première ministre Theresa May. Il propose également que « nous suivions ce que font le Canada, l'Italie et l'Espagne en veillant à ce que, même s'il y a des grèves dans le secteur public, 50 pour 100 des services devraient continuer à fonctionner.

Contraints d'appeler des actions limitées pour faire preuve d'opposition, les syndicats cherchent désespérément à prouver que la suppression des luttes peut être menée dans le cadre des arrangements juridiques existants, en utilisant leurs services.

Le rôle des syndicats est souligné par le fait que, tant dans le conflit de Southern sur DOO que dans la lutte du personnel de bord de BA, les travailleurs s'opposent à des attaques rendues possibles seulement par des trahisons antérieures des syndicats.

Les syndicats ferroviaires ont collaboré pendant des années à l'imposition de DOO à l'échelle nationale. Rien que dans la capitale, les syndicats ferroviaires ont collaboré à l'élimination de contrôleurs des trains de London Overground par Transport for London puis par l'ancien maire conservateur Boris Johnson. Le RMT a également accepté la fermeture de tous les 265 guichets de métro de Londres, action achevée en décembre 2015, avec la perte de plus de 800 emplois.

En 2010, Unite a vendu une lutte des membres des équipages de cabine de BA, ce qui a permis à la compagnie aérienne d'imposer sa nouvelle structure salariale à deux niveaux.