Putin and Trump
© AP/Andrew Harnik/Nati Harnik/Photo montage by SalonMaybe Trump could get some advice from Putin on 'draining the swamp'.
Le président russe Vladimir Poutine a lancé à Washington cette semaine le défi de découvrir la vérité sur les allégations sensationnelles des médias américains selon lesquelles le président Trump aurait divulgué des informations secrètes à la Russie. Washington a rejeté l'offre du président russe.

Cela ressemblait à la scène emblématique du film de science-fiction Matrix, dans laquelle les protagonistes choisissent entre deux pilules - une rouge et une bleue. En prenant la première ils s'éveillent à la vérité, quelle que soit la douleur provoquée par ce réveil qui les extirpe des illusions du passé. Le fait de prendre la pilule bleue permet de continuer à vivre dans un état d'illusion, tout en restant esclave de la Matrice.

Les médias américains étaient en effervescence suite aux accusations portées contre le président Donald Trump, selon lesquelles il aurait divulgué des informations classifiées lors de sa réunion du 10 mai à la Maison Blanche avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Le président américain aurait soi-disant fait état de renseignements très importants sur Daesh en Syrie. Ce qui a été nié par la Maison Blanche et le Kremlin.

Le principal conseiller à la sécurité nationale de Trump, le général H. R. McMaster, a à plusieurs reprises démenti les informations des médias américains sur cette prétendue indiscrétion de Donald Trump devant ses invités russes, les qualifiant de «mensongères».

Le lendemain, la presse américaine annonçait une autre nouvelle explosive : Donald Trump aurait fait pression sur l'ancien chef du FBI, James Comey, pour qu'il suspende son enquête sur les liens présumés entre la Russie et le conseiller national à la Sécurité du président américain, Michael Flynn.

Ces histoires - toutes deux basées sur des affirmations anonymes - tendent à rendre plus crédible le récit au long cours d'un Donald Trump compromis par la Russie. Le Kremlin est censé avoir un «moyen de pression» sur le commandant en chef des Etats-Unis.

Après que Kremlin a rejeté les allégations de partage par Donald Trump d'informations classifiées avec Sergueï Lavrov, le président russe Vladimir Poutine, qui a qualifié la frénésie des médias montant les Etats-Unis contre Donald Trump et sa prétendue collusion avec la Russie de «schizophrénie politique», est allé plus loin en proposant de fournir les retranscriptions de la réunion du 10 mai au Bureau ovale.

Selon le chef d'Etat russe, cette guerre intestine est loin d'être amusante et évolue de façon dangereuse. Si les adversaires politiques de Donald Trump peuvent inventer de telles affirmations pour discréditer le président, tout en appelant à sa destitution, une attitude aussi délirante constitue un risque réel pour les questions de sécurité mondiales, selon Poutine.

De la réunion au Bureau ovale entre Donald Trump et Sergueï Lavrov, les médias américains et leurs sources anonymes rapportent une chose, tandis que la Maison Blanche, le conseiller à la Sécurité nationale du président Trump et le Kremlin disent le contraire. Alors, qui dit la vérité ?

Une manière de comprendre ce qui se passe est de lire la retranscription de la discussion - ce que Vladimir Poutine vient de proposer. Il a ajouté, avec la courtoisie nécessaire, une réserve : «Si la Maison Blanche estime approprié [de fournir la retranscription].»

En d'autres termes, Vladimir Poutine offrait la pilule rouge.

Les médias américains et les opposants à Trump au sein du Congrès se sont gaussés à l'idée que la Russie intervienne pour résoudre ce scandale grandissant autour du président. La sénatrice républicaine Susan Collins, qui siège au comité du renseignement enquêtant sur les allégations de collusion avec la Russie, a déclaré à CNN que la Russie était un adversaire des Etats-Unis et qu'entendre les paroles du Kremlin était «absurde».

Mais une telle idée est-elle vraiment absurde ? Pensez à ce qui est en jeu. Le président américain est harcelé par ses adversaires au Capitole et dans les médias qui l'accusent de se conduire en traître, de conspirer avec un Etat ennemi et de mentir comme il respire au peuple américain. Il semble que les adversaires de Trump sentent l'odeur du sang et voient sa destitution à portée de main. Le sénateur John McCain affirme que la crise atteint les proportions du «Watergate», qui a entraîné la chute du président Nixon en 1974.

Mais, alors que le scandale qualifié de «Russia-gate» semble atteindre son point culminant, il y a une faiblesse dans l'ensemble de ces accusations. Donald Trump a-t-il divulgué des informations hautement secrètes à Sergueï Lavrov le 10 mai ou non ? Donald Trump et ses collègues, le général H. R. McMaster, le secrétaire d'Etat Rex Tillerson et la conseillère nationale à la sécurité adjointe, Dina Powell, le réfutent, tout comme la Russie.

Si la retranscription fournie par la Russie - et il serait facile de vérifier son authenticité - montre bien que Donald Trump dit la vérité, cela l'exonérerait. Plus important encore, ce «moment de vérité» montrerait que les rapports des médias américains, décrivant Trump comme un laquais des Russes, ne sont qu'une immense fabrication.

Cela confirmerait également l'existence de ce que Vladimir Poutine a qualifié de «schizophrénie politique» et qui affecte de larges pans des médias contrôlés par les grands groupes américains et les politiciens de Washington.

L'establishment politique américain - principalement le parti démocrate et ses filiales médiatiques - n'a jamais accepté la volonté des Américains d'élire Donald Trump en novembre dernier. Ils ont cherché à discréditer le droit souverain du peuple et le mandat électoral qu'il a donné à Trump avec cette vaste histoire de sa soumission à la Russie.

Cette histoire délirante est une couverture pour un authentique coup d'Etat contre un président élu. Et on fait tant pour que cette subversion de la démocratie réussisse, que les hommes politiques et les médias américains sont maintenant atteints par la frénésie collective, par la russophobie, par la paranoïa et la schizophrénie.

Cette semaine, la frénésie a atteint son point culminant avec des allégations selon lesquelles Donald Trump serait «trop bavard face aux manipulateurs russes».

Où en est-on maintenant que la Russie est en mesure d'offrir aux Américains la pilule rouge pour le bien de leur santé mentale ?

Evidemment, Washington refuse et veut prendre la pilule bleue à la place.

Allez-y, Trump et Poutine, publiez la retranscription du Bureau ovale pour que nous nous éloignions de ce jeu dangereux qui mine la démocratie et les relations internationales.