Le journal russe Pravda revient dans l'un de ses récents articles sur la perspective de ce qu'il qualifie de « plus que probable confrontation Israël/Iran en Syrie » : « Israël et l'Iran, ces deux ennemis jurés, s'engagent désormais sur une voie qui les mène tout droit à la confrontation. Sans qu'il y ait aucun lien diplomatique de part et d'autre, les deux pays ne cessent d'échanger invectives et menaces et l'impression générale est qu'ils finiront par s'affronter : leurs intérêts divergents en Syrie ne sont en réalité qu'un prétexte.

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Certes l'Iran sait qu'Israël est en possession de bombes atomiques, ce qui ne rend pas faciles des frappes contre lui. Mais un événement s'est produit le 18 juin qui a prouvé à quel point les Iraniens sont sérieux quand ils se mettent à menacer : depuis la fin de la guerre Irak-Iran en 88, aucune frappe militaire iranienne hors des frontières nationales n'avait été recensée. Le dimanche 18 juin, l'Iran a donc effectué sa première attaque balistique extraterritoriale depuis 30 ans. 6 missiles balistiques de moyenne portée ont été tirés sur le sol syrien en réponse au double attentat sanglant commis par Daech quelque 11 jours plus tôt à Téhéran.

18 Iraniens avaient été tués au cours de ces attaques auxquelles l'Iran a riposté, en visant le QG de Daech à Deir ez-Zor, dans la localité d'al-Mayadeen. Selon le ministère iranien de la Défense, la frappe balistique iranienne a éliminé plus de 170 terroristes de Daech, dont un certain nombre de cadres.

Depuis la victoire de la Révolution iranienne, l'Iran a rompu ses relations avec Israël et refuse de le reconnaître. En 86, il a très clairement annoncé qu'il s'opposerait à "tout accord ou résolution reconnaissant Israël". Il va sans dire que l'Iran n'hésitera pas à entrer en guerre contre Israël via le Hezbollah, une puissante organisation implantée dans le sud du Liban.

En 2006, ce fut aussi par le biais du Hezbollah que l'Iran a combattu Israël et a fini par le bouter du sud du Liban, quitte à y installer l'armée libanaise et les forces de maintien de la paix onusiennes. »

Le journal reprend ensuite le discours du 23 juin 2017 du secrétaire général du Hezbollah où il a affirmé : « Si Israël se lançait dans une offensive contre la Syrie ou le Liban, alors des milliers de combattants musulmans lui déclareront la guerre » :
« Les propos de Nasrallah ont été pris au sérieux en Israël, car ces derniers temps, l'armée syrienne mène des opérations non seulement contre Daech, mais aussi contre les alliés de Washington et elle se fait largement aider par le Hezbollah. Le discours de Nasrallah a été concomitant à l'allocution du porte-parole du Corps des gardiens de la Révolution islamique, Ramazan Charif, qui a menacé de reprendre les frappes balistiques contre les positions terroristes en Syrie, si Daech, "soutenu par Israël", prenait pour cible l'Iran. »
Même son de cloche à l'occasion de la Journée mondiale de Qods, où le président du Parlement iranien a qualifié Israël d'« incarnation de la pire forme du terrorisme. »

Tel-Aviv suit de près le moindre mouvement de troupes du Hezbollah en Syrie et au Liban. À en croire le renseignement israélien, Téhéran projette de libérer les hauteurs du Golan de l'emprise israélienne, et ce, à l'aide du Hezbollah. C'est cette crainte qui a poussé l'aviation israélienne à frapper le Golan, ce territoire dont la souveraineté est disputée depuis plus de 40 ans à la fois par Damas et Tel-Aviv. Un des groupes armés proches de Téhéran, le mouvement irakien al-Nujaba, s'est même dit prêt à « s'engager militairement au Golan, si le gouvernement syrien en fait la demande ». L'ONU qualifie le Golan de territoire occupé. Le 25 juin 2017, l'armée syrienne et le Hezbollah d'une part et les groupes armés soutenus par Israël de l'autre sont entrés en conflit avec en toile de fond de violents combats... ce qui laisse penser que la confrontation militaire entre Israël et l'Iran n'est peut-être pas aussi loin qu'on le croit.