Le Congrès américain s'apprête à voter de nouvelles mesures qui pourraient toucher par ricochet les géants de l'énergie européens. L'UE, qui soutient les sanctions politiques contre la Russie, pose ses limites : celles de ses intérêts économiques.
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© Grigoriy Sysoev/SputnikL'UE va-t-elle réagir face à l'ingérence, surnoise, des USA ?
L'Union européenne, et plus précisément les multinationales européennes, en ont-ils assez de payer pour la politique de sanctions américaines contre la Russie ? Selon une note interne que se sont procurée le Financial Times et Politico, la Commission européenne envisagerait des contre-mesures, dans le cas où le Congrès américain votait de nouvelles sanctions contre Moscou.

« [Bruxelles] doit se tenir prêt à réagir en quelques jours », aurait même lancé le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, cité par les deux médias. « Les dispositions risquent de briser l'unité transatlantique et celle du G7 », s'inquiètent en outre les auteurs de la note révélée.

L'Union européenne rappelle pourtant régulièrement son attachement à des sanctions contre la Russie, mais essentiellement politiques.

Le texte de loi américain ouvrirait la voie, notamment, à de possibles sanctions contre les entreprises énergétiques majeures européennes telles que BASF, Shell, Engie, OMV et Wintershall, qui investissent dans le projet de gazoduc Nord Stream 2. Ce pipeline reliant la Russie à l'Allemagne doit permettre d'alimenter en gaz l'Union européenne.

Un accord de principe a été trouvé pour que le Congrès vote, le 25 juillet, la proposition de loi, qui vise à sanctionner la Russie, mais aussi l'Iran. Washington reproche notamment à Moscou son ingérence présumée dans la campagne présidentielle de 2016 ( qu'elle a toujours niée ) ainsi que le rattachement de la Crimée à la Russie au terme d'un référendum en 2014. Le texte de loi avait déjà été adopté par le Sénat ( la chambre haute du Congrès ) en juin, mais était resté bloqué à la Chambre des représentants, où les négociations ont finalement abouti le 22 juillet.

Le projet de loi faisait l'objet de réticences de la part de la Maison Blanche car il vise à lier les mains de Donald Trump pour l'empêcher, si le président le souhaitait, de lever les sanctions contre Moscou. Face au quasi-consensus au Congrès, la Maison Blanche a fait part de son soutien de principe aux sanctions. « Nous soutenons la législation actuelle, et nous continuerons à travailler avec la Chambre et le Sénat pour imposer ces sanctions sévères contre la Russie, jusqu'à ce que la situation en Ukraine soit pleinement résolue », a déclaré Sarah Sanders, nouvelle porte-parole de la Maison Blanche sur la chaîne ABC.

Mais le nouveau directeur de la communication Anthony Scaramucci, sur une autre chaîne, n'était pas aussi catégorique. « [Donald Trump] n'a pas encore pris la décision de signer la loi [si elle était adoptée] ou non », a-t-il dit sur CNN. L'exécutif américain semble toujours autant paralysé par les enquêtes, sans relâche, sur la supposée ingérence russe.