Emmanuel Macron
© Gonzalo Fuentes / Reuters
Politique. En chute de dix points dans les sondages, Emmanuel Macron paie lourdement d'avoir humilié le chef d'état-major des armées et provoqué sa démission... Si certains dans son entourage admettent une première "faute politique", le président ne semble pas encore en avoir pris entièrement la mesure.

Coïncidence ? Le baromètre Ifop publié dans le Journal du dimanche, le 23 juillet, le dit clairement : les Français ne sont plus que 54 % à se dire satisfaits du chef de l'État, contre 64 % un mois plus tôt. Un véritable krach sondagier qui indique sans détour qu'il y aura un avant et un après "affaire Villiers". Même François Hollande n'avait pas connu si brutale déconvenue à la même période. Le départ du général Pierre de Villiers n'en finit pas de provoquer des remous. Au point que l'opposition, qui peinait jusqu'alors à trouver le ton juste pour attaquer le président de la République, sait maintenant sur quoi cogner.

L'avertissement est de taille pour Emmanuel Macron. Le chef de l'État, qui, il y a encore quelques semaines - sans doute par méconnaissance -, appelait encore certains généraux... « Monsieur », alors que l'usage est de les saluer d'un "mon général", a compris qu'il doit écouter davantage son entourage et qu'on ne manipule pas à sa guise les attributs du pouvoir régalien, comme il a cherché à le faire pour tenter d'ériger sa statue d'un Jupiter omnipotent, sans craindre des retours de bâton.

Dans cette séquence qui marque le premier tournant de son quinquennat, Emmanuel Macron a aussi découvert les limites de certains de ses conseillers. Comme celui-ci, qui, immédiatement après la sortie présidentielle « Je suis votre chef », à la garden-party du 13 juillet à l'hôtel de Brienne, esquisse, pas peu fier : « Pas mal non, la phrase sur le chef ? Le chef, c'est important, dans l'armée. » Avant de conclure avec assurance, en créant un malaise : « Maintenant c'est sûr, les militaires vont suivre Macron comme un seul homme ! » Devenu plus ridicule encore aujourd'hui, un autre ironisait même avec arrogance au coeur de la tempête : « Qui connaît le général de Villiers ? » !

Ces confidences gonflées d'un mauvais orgueil soulignent l'ignorance de quelques-uns des proches du président de la République intervenant sur des thématiques nécessitant une expertise. Elles soulignent aussi une déconnexion et un fort sentiment de supériorité qui planaient jusqu'alors chez certains à l'Élysée. Aujourd'hui, Emmanuel Macron a parfaitement compris qu'il a « commis une erreur ». Sans doute « sa première faute politique », admet un de ses proches, qui demande maintenant à pouvoir « tourner la page ».

Encore faudrait-il que le président lui-même n'attise pas le feu qui couve dans l'opinion et menace déjà son quinquennat. Alors que les effets de cette première crise étaient en train, lentement de se dissiper, Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement, s'est plu à accuser vertement le général de Villiers d'avoir été « déloyal » dans sa communication. Une offense terrible pour un soldat. Avant de se montrer plus critique encore à l'égard de l'ancien chef d'état-major, coupable d'avoir agi comme un « poète revendicatif » et d'avoir eu un « comportement inacceptable », et de dénoncer « la mise en scène de sa démission ».

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