Pris en tenaille entre les djihadistes, les taliban et les frappes américaines, nombre d'Afghans sont contraints de fuir leurs foyers. Certains ont trouvé refuge dans une université en construction, où Ruptly a pu les interviewer.
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© InconnuDes victimes de la guerre en Afghanistan
L'agence vidéo Ruptly est allée à la rencontre de déplacés afghans, qui ont trouvé refuge dans une université en construction de la banlieue de Jalalabad, dans l'est de l'Afghanistan. Ces familles ont abandonné leurs maisons face à la triple menace de l'État islamique (EI), des frappes de l'aviation américaine et de la présence de combattants taliban opposés aux forces gouvernementales.

Nombre de ces réfugiés viennent des districts d'Achin et de Haska Meyna, dans la province de Nangarhar, dans le sud du pays, où les combats font rage entre autorités afghanes et groupes islamistes armés.

« Les membre de l'EI ont tué notre oncle, arguant que c'était un espion. Nous avons quitté notre maison, car ils avaient promis de nous tuer nous aussi le lendemain », a confié aux équipes de Ruptly un réfugié parlant pachtoune.

Daesh est présent en Afghanistan depuis 2015. La plupart des civils réfugiés à Jalalabad rapportent avoir été persécutés par le groupe terroriste. Mais les frappes opérées par l'armée américaine sur ce dernier sont aussi responsables de ces départs.

L'armée américaine a par exemple largué en avril la GBU-43/B, surnommée «mère de toutes les bombes», l'arme non nucléaire la plus puissante au monde. Cette frappe, qui ciblait une position présumée de Daesh, a fait plus de 90 personnes morts. Si aucune victime civile n'a été officiellement déplorée, l'explosion a causé de sérieux dommages dans les villages environnants.

« Daesh a attaqué notre village. Maintenant nous n'avons plus rien : tout a été détruit par les obus et les drones [visant l'EI ]», accuse un autre réfugié ayant fui le district d'Achin.

Troisième source d'insécurité, enfin : les taliban, dont la présence reste très importante dans le pays malgré les efforts conjoints des autorités du pays et des États-Unis. Leurs attaques se sont intensifiées ces derniers mois, en particulier dans le sud.

Selon les chiffres de l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, l'Afghanistan compte plus de 230 000 déplacés à l'intérieur du pays, pour une population d'environ 33 millions de personnes.

Depuis l'invasion de 2001, Washington aurait, selon les estimations, dépensé 700 milliards de dollars en assistance militaire et économique à Kaboul et en aide à la reconstruction du pays. Des sommes colossales qui, semble-t-il, sont loin d'avoir permis de garantir à l'Afghanistan une sécurité et une stabilité durables.