Une nouvelle étude scientifique publiée dans le British Medical Journal vient de mettre en lumière des conflits d'intérêts entre des laboratoires pharmaceutiques et des médecins afin d'entraver des signalements des effets indésirables de certains médicaments.

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Y a-t-il un lien avéré entre la rémunération des médecins et leur jugement vis à vis des effets indésirables ?

Les études observationnelles permettent aux laboratoires pharmaceutiques de mesurer l'efficacité et le succès de leur médicaments en se basant sur l'avis des médecins. Les détracteurs de cette pratique y voient plutôt un moyen détourné de privilégier des médicaments plus que d'autres et d'éviter la déclaration d'effets indésirables auprès des autorités sanitaires. Avant d'être mis sur le marché, un médicament passe une batterie de tests auprès des autorités sanitaires et d'institutions spécialisées. Une fois en vente, les laboratoires auditent les chiffres de vente et l'efficacité du médicament en conditions réelles. Afin de constituer des données pertinentes, ils se sont tournés vers les médecins qui sont en charge de faire remonter les éventuels effets indésirables des médicaments. En théorie, ce système semble fiable et bien pensé. Seulement, des doutes planent et les montants des rémunérations annexes que touchent les médecins pourraient bien biaiser leur jugement. De plus, si cela n'est pas énoncé clairement, certains détracteurs de ces pratiques soupçonnent même les laboratoires de faire jouer la rémunération pour que les médecins mettent leur médicament plus avant que ceux des concurrents.

La pharmacovigilance allemande mise au coin par les laboratoires

L'étude récemment publiée dans le British Medical Journal se base sur l'observation de 558 études observationnelles pratiquées en Allemagne. Les médecins y participant auraient en moyenne reçu 19 424 euros par étude (la rémunération la plus haute répertoriée par cette étude est de 2 millions d'euros) - ce qui revient à une dépense moyenne de 441 euros par patient testé - soit bien moins que des tests conventionnels. Parmi ces 558 études, les auteurs n'ont relevé aucun événement indésirable reporté auprès de la pharmacovigilance allemande. Cela ne peut être qu'une coïncidence mais la question se pose : les médecins sont-ils influencés par le montant élevé de leur rémunération ? Peuvent-ils être sortis de ces panels de médecins tests s'ils font remonter trop d'informations ? Nous n'avons pas encore de réponse à ces questions.

À quand une instance régulatrice ?

Les auteurs de l'article soulignent également l'ambiguïté des clauses de confidentialité signée par les médecins qui les empêchent de faire remonter les effets indésirables aux autorités sanitaires car ils n'ont accès qu'à un seul interlocuteur : les laboratoires eux-mêmes. Pour le moment, aucune donnée française car les autorités sanitaires n'ont pas imposé de transparence ou de régulation efficace de ces études. Ne semblerait-il pas plus pertinent de faire intervenir une institution impartiale entre les laboratoires et les médecins pour plus de sécurité et d'objectivité ?

Sources : L'Observatoire des Multinationales / British Medical Journal