Le neurofeedback dynamique fait de plus en plus parler de lui. Cette technique qui consiste à moduler l'activité cérébrale a des effets bénéfique chez certains enfants. Entretien avec Emmanuelle Taieb, praticienne en neurofeedback dynamique.

neuroptimal

La méthode Neuroptimal, qu'est-ce que c'est exactement ?

Emmanuelle Taieb : Le neurofeedback dynamique est basée sur la méthode Neuroptimal. Créée par deux psychologues cliniciens Val et Sue Brown en 1999, elle s'appuie sur la plasticité de notre cerveau, celui-ci est en effet toujours capable d'apprendre et de se réorganiser.

La méthode Neuroptimal détecte les dysfonctionnements du cerveau, mais ce n'est pas une approche médicale, elle ne nécessite aucun diagnostic. Le principe est le même pour tous. On ne prescrit rien au cerveau, c'est lui qui se réorganise de lui- même. La technologie Neuroptimal lui permet de renforcer ses connexions et d'être en somme plus performant. On considère cette méthode comme un entraînement cérébral. Elle peut être utilisée chez les jeunes enfants de tout âge.

Comment se déroule une séance ?

E.T : Dans un premier temps le praticien explique à l'enfant ce qu'il va faire : lui poser des capteurs et mettre un dessin-animé. L'enfant est confortablement installé dans un fauteuil. On lui pose 5 petits capteurs sur les oreilles et la tête. Il regarde un film ou écoute de la musique. Il est passif, son cerveau est en mode spontané (mode lorsque l'on ne fait rien de particulier). Les capteurs sont reliés à un encodeur qui enregistre l'activité électrique du cerveau et la transmet au logiciel neuroptimal qui analyse les variations.
Lorsqu'une variation est trop grande il y a une micro-coupure dans la bande-son, qui est perçue par le cerveau comme une information sur son dysfonctionnement.
Cette information permet au cerveau de se réorganiser et de mieux se réguler. L'avantage de cette méthode est qu'on ne demande aucun effort à l'enfant, il passe un bon moment et revient donc facilement, les parents n'ont pas l'angoisse du prochain rendez-vous.

Quelles sont les indications ?

E.T. : La réorganisation neuronale peut avoir des effets sur des domaines très variés : cognitifs (la cognition est l'ensemble des grandes fonctions de l'esprit liées à la connaissance :perception, langage, mémoire, raisonnement, décision, mouvement), émotionnels, physiques, endocrinien, immunitaire. Tous ces systèmes communiquent entre eux. Le cerveau est la tour de contrôle de notre corps et notre esprit.
On observe de bons résultats avec les enfants TDAH, autistes, Le neurofeedback peut améliorer leurs interactions sociales, (meilleur acceptation du contact physique par exemple). Cette méthode est aussi indiquée pour les enfants qui sont angoissés, stressés... Le fait de réorganiser le cerveau aide aussi pour tous les troubles de Dyspraxie ...
Il est difficile d'être exhaustif car lorsque l'on donne au cerveau la possibilité fonctionner de façon optimum, beaucoup de changements sont possibles. Par exemple, un enfant qui était venu faire des séances pour de très fortes angoisses, a vu outre ses angoisses diminuer petit à petit, une grande amélioration dans sa lecture. Il confondait des lettres et ne les confond plus sans n'avoir rien fait d'autre que du neurofeedback dynamique, ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres .

Au bout de combien de séances peut-on espérer des changements ?

E.T .: Il est impossible de savoir l'avance combien de séances seront nécessaires pour voir une amélioration , car cela dépend de la plasticité du cerveau de chacun. On peut souvent voir des effets au bout de 2 ou 3 séances, mais il faut parfois beaucoup plus de temps, la plupart des enfants font une moyenne de 10 séances, mais cela reste une moyenne, les enfants TDAH ont souvent besoin de beaucoup plus.

Il faut savoir qu'au début, les "problèmes" peuvent être amplifiés car la méthode permet de libérer les émotions. Certains enfants très nerveux peuvent donc être encore plus agités ou angoissés. C'est un état transitoire le temps que le cerveau parvienne à se réguler lui-même. En général on poursuit les séances tant que l'état de l'enfant n'est pas stabilisé. Lorsqu'il va mieux, on peut les interrompre.. Les bénéfices sont durables, si l'enfant a acquis de nouvelles capacités, par exemple il lit mieux, il n'y aura pas de retour en arrière lorsqu'il arrête les séances.