Invoquant une supposée attaque chimique, en s'appuyant sur les dires d'organisations controversées, Washington a menacé de prendre des mesures contre les autorités syriennes.

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© Olivier DoulieryDonald Trump
«De nombreux morts, y compris des femmes et des enfants, dans une attaque CHIMIQUE insensée en Syrie», s'est alarmé le 8 avril sur Twitter Donald Trump, en référence à une attaque chimique présumée sur l'enclave des rebelles islamistes de Douma, dans la Ghouta orientale, près de Damas. Le président américain a par ailleurs réclamé « d'ouvrir immédiatement la zone pour l'aide médicale et des vérifications ».


« La zone des atrocités est confinée et encerclée par l'armée syrienne, la rendant totalement inaccessible au reste du monde. Le président Poutine, la Russie et l'Iran sont responsables pour leur soutien à l'Animal Assad. Il faudra payer le prix fort », a-t-il poursuivi - insultant donc ouvertement le président syrien.


Dénonçant le laxisme de son prédécesseur Barack Obama vis-à-vis de Damas, le président américain a enfin reproché à celui-ci de ne pas être intervenu en Syrie.


Les États-Unis ont dénoncé ce 8 avril une possible attaque chimique des forces régulières syriennes dans la Ghouta orientale, ultime poche rebelle aux portes de Damas. Washington s'est appuyé, dans ses accusations, sur l'organisation controversée des Casques blancs, qui a dénoncé un recours au « gaz de chlore toxique», ce qui a été immédiatement démenti par les médias publics syriens. Le tout aussi controversé Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a pour sa part fait état de dizaines de cas de suffocation, dont certains mortels, sans toutefois se prononcer sur l'emploi ou non d'armes chimiques.

Moscou avait déjà alerté sur la préparation de «prétextes fabriqués» pour frapper la Syrie

Plus tôt dans la journée, la Russie avait affirmé que le gouvernement syrien n'avait pas employé d'armes chimiques dans le cadre de son opération militaire contre les rebelles islamistes à Douma, dans la Ghouta orientale, contrairement à ce que soupçonnent les États-Unis. « Nous démentons fermement cette information », a déclaré le général Youri Evtouchenko, chef du Centre russe pour la réconciliation des parties en conflit en Syrie, selon des propos rapportés par les agences russes.

Par ailleurs, au cours de ces dernières semaines, Moscou avait évoqué la préparation d'attaques sous faux drapeaux dans la Ghouta. Le 17 mars, le général et porte-parole de l'état-major russe, Sergueï Roudsksoï, avait rapporté que la Russie disposait « d'informations fiables selon lesquelles des instructeurs américains ont formé plusieurs groupes de combattants dans les environs de la ville d'Al-Tanf pour lancer des provocations impliquant des armes chimiques dans le sud de la Syrie ».


De son côté, le ministère russe des Affaires étrangères a confirmé le 8 avril cette information dans un communiqué : « Les intox sur un recours au chlore et à d'autres substances toxiques par l'armée syrienne se poursuivent. Une énième information fabriquée de ce type, qui concernait une attaque chimique présumée contre Douma, a émergé hier ».

« Il faut une fois de plus mettre en garde qu'une intervention militaire sous des prétextes fabriqués, en Syrie, où à la demande du gouvernement légitime sont déployés des militaires russes, est absolument inacceptable et peut entraîner les conséquences les plus graves », a en outre ajouté la diplomatie russe.

Alors que la représentante permanente des États-Unis auprès des Nations unies, Nikki Haley, avait averti le 12 mars les 14 autres membres du Conseil de sécurité que les États-Unis « restaient prêts à agir » unilatéralement sur le dossier syrien si la voie onusienne s'avérait insuffisante, la Russie a prévenu qu'elle serait prête à riposter à l'intervention américaine si la vie de soldats russes était menacée par des frappes sur Damas.