Lab testing blood
© Athit Perawongmetha / Reuters
Une équipe britannique a mis au point un test basé sur l'activation des mastocytes (MAT) qui permet de diagnostiquer les allergies alimentaires avec une grande spécificité. Ce test est présenté dans le « Journal of Allergy and Clinical Immunology ».

Les tests cutanés et le dosage des IgE spécifiques permettent de dépister les allergies alimentaires. Toutefois, en raison de leur manque de précision (faux positifs, surdiagnostic...), le recours au test de provocation par voie orale est fréquent. Pourtant, « en plus du risque de choc anaphylactique, ce test est contraignant pour les patients et coûteux », indique au « Quotidien » le Dr Nhân Pham Thi, responsable de la consultation Allergologie à l'Institut Pasteur, en commentaire de cette étude.

Le MAT convient à tous les patients

Il existe également des tests d'activation des basophiles (BAT). Les basophiles, récupérés à partir d'une prise de sang, sont mis en contact avec l'allergène à différentes concentrations. « Il s'agit actuellement du test avec la réponse la plus proche de la clinique », note l'allergologue.

Le MAT est basé sur le même principe, sauf que les basophiles ont été remplacés par les mastocytes. Par rapport au BAT, « le MAT présente l'avantage d'utiliser des échantillons sanguins que l'on peut conserver plutôt que des tests nécessitant du sang frais et il fournit des résultats pour les patients ayant des basophiles non répondeurs aux IgE et qui ne peuvent bénéficier du BAT, soit environ 10 % de la population », explique au « Quotidien » le Dr Alexandra Santos, premier auteur de l'étude.

L'étude a porté sur 174 enfants ayant déjà été évalués par les outils diagnostiques standards : 73 avaient une allergie aux arachides, 60 une sensibilité (présence d'IgE mais sans allergie) et 41 n'avaient ni allergie ni sensibilité.

« Le MAT a une grande spécificité [98 %] pour diagnostiquer l'allergie à l'arachide, il est donc utile pour confirmer le diagnostic et pour réduire le nombre de patients ayant recours au test de provocation oral », résume le Dr Santos.

Un test applicable aux autres allergènes

Le test reflète par ailleurs la sévérité de l'allergie : les enfants ayant des réactions sévères aux arachides avaient une population de mastocytes activés plus importante que les autres. De plus, le MAT a permis de distinguer les enfants allergiques des enfants avec une sensibilité aux arachides et de dépasser les principales limites du BAT, puisque le MAT a montré des résultats concluants chez les patients avec des basophiles non répondeurs. Le MAT a aussi permis d'identifier les patients à risque de réactions allergiques sévères au cours du test de provocation par voie orale.

Les auteurs soulignent que ce test est certainement applicable aux autres allergènes alimentaires. « Pour d'autres applications, nous travaillons actuellement sur une collaboration avec l'industrie. L'utilisation du MAT pourrait s'étendre du diagnostic au suivi du traitement et à la détection des allergènes dans les aliments », estime le Dr Santos.

« Il s'agit d'une piste prometteuse qui permet d'établir des seuils selon la dose d'allergène, mais ces résultats sont préliminaires », nuance le Dr Pham Thi, qui déplore par ailleurs, que le BAT ne soit toujours pas remboursé en France, malgré la preuve de sa spécificité et de son efficacité.