Bataclan
© Joël Saget Source: AFPCRS postés devant le Bataclan
Un collectif de victimes et de proches de victimes dépose une plainte contre X pour «non-assistance à personne en péril». Il s'interroge sur les ordres reçus par des soldats de l'opération Sentinelle présents devant le Bataclan le 13 novembre.

Deux ans après les attentats du Bataclan, dix-sept victimes et proches de victimes demandent des comptes à l'Etat et soulèvent une interrogation de poids quant à l'activité des forces de l'ordre le soir du 13 novembre 2015 : pourquoi les soldats de l'opération Sentinelle, présents sur les lieux, ne sont-ils pas intervenus ?


Regroupées en un collectif, ces familles de victimes ou victimes directes des attaques déposent ce 8 juin une plainte contre X pour «non-assistance à personne en péril». Elles s'interrogent sur le fait que huit soldats, équipés de fusils d'assaut Famas et d'armes de guerre, aient reçu l'ordre de leur hiérarchie de ne pas intervenir. Des policiers de la brigade anti-criminalité, également présents sur les lieux, leur avaient demandé de leur prêter leur arsenal - ce que les militaires ont refusé, en vertu du règlement.

Jointe par RT France, l'association policière UPNI précise : «On sait que la demande a été remontée à l'Etat major, mais ils se sont heurtés à un refus.»

«Des ordres venus de la hiérarchie ont empêché des soldats formés d'intervenir pour sauver des vies», renchérit l'avocate Samia Maktouf, qui représente les victimes de l'attentat sur Franceinfo. Elle réclame des explications au nom des familles, tout en rappelant que ces dernières ont en grande estime l'engagement des militaires.

Ce n'est pas la première fois que des familles demandent à la justice de se pencher sur cette question. En 2016, un avocat représentant quatre-vingt autres victimes et proches de victimes avait déjà fait une demande auprès des juges d'instruction afin qu'ils enquêtent sur cette non-autorisation. Elle était restée sans suite.

Une commission d'enquête parlementaire avait été créée la même année, sous la présidence du député Les Républicains Georges Fenech, lui-même ancien juge d'instruction. «Clairement, un ordre a été donné aux soldats "Sentinelle" de ne pas engager le feu alors qu'ils avaient en ligne de mire des terroristes», explique-t-il au Parisien. «A la question "Qui a donné l'ordre aux soldats de ne pas intervenir ?", on n'a jamais su. Avec les autres parlementaires, on était sidérés», commente-t-il encore.