La France (carnivore) a peur . « Les bouchers-charcutiers demandent la protection de la police face aux "violences" de militants vegan » (France Info, 25 juin 2018) ; qui aurait pu imaginer lire un tel titre dans la presse (non satirique) il y a encore dix ou vingt ans ? C'est chose faite désormais.
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© Inconnu
Les végétalistes intégraux passent à l'attaque ! Dans les Hauts-de-France, ce sont pas moins de 7 boucheries qui ont été aspergées de faux sang en avril par des mangeurs de salade verte et de quinoa. Une boucherie et une poissonnerie ont également été vandalisées, leurs vitrines brisées et les façades taguées de l'inscription "stop au spécisme". Selon la Confédération française de la boucherie, boucherie-charcuterie, traiteurs (CFBCT), des précédents "ont été signalés en région Occitanie". Mais que fait la police ?

En rogne, les bouchers-charcutiers demandent justement, dans un courrier adressé au ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, la protection de la police, face aux attaques qu'ils subissent.
"Nous comptons sur vos services et sur le soutien de l'ensemble du gouvernement pour que cessent, le plus rapidement possible, les violences physiques, verbales, morales" dont sont victimes les artisans bouchers-charcutiers, peut-on lire dans une lettre datée du 22 juin (de l'an de grâce 2018), signée du président de la CFBCT, Jean-François Guihard.
"Les 18 000 artisans bouchers-charcutiers" en France "s'inquiètent des conséquences de la surmédiatisation du mode de vie vegan", indique le responsable se déclarant "choqué"qu'une partie de la population "veuille imposer à l'immense majorité son mode de vie pour ne pas dire son idéologie". Il déplore les "intimidations" récentes dont ont fait l'objet des boucheries-charcuteries, une "violence" qui s'exerce "tant à visage découvert que masqué"selon la lettre.


Quoi de surprenant dans tout ça ? Quiconque a regardé Goldorak lorsqu'il était petit sait que les Végans sont des méchants...

Plus sérieusement, les végans se revendiquent anti-viande, anti-élevage et s'opposent à toute hiérarchie entre espèces, notamment entre l'être humain et les animaux (y compris les rats, les puces, les tiques, les poux et les cafards, faut le savoir...). En toute logique, ils ne consomment ni viande, ni poisson, ni oeufs, ni miel, ni produits laitiers ; de quoi réjouir le bon professeur Henri Joyeux, à la radiation (provisoirement ?) annulée. Et, manifestement, certains de ces joyeux drilles ne supportent plus de voir les autres (l'humanité encore non végane) continuer de s'en régaler.

Bienvenue dans le New Vegan Order

Depuis la parution de La Libération animale, du philosophe australien Peter Singer, où celui-ci conclut que le fait d'utiliser des animaux pour se nourrir est injustifié, la question du rapport entre les êtres humains et les animaux a pris une dimension idéologique.

Comme l'a expliqué dans Le Point le sociologue Gérald Bronner, spécialiste des pensées extrêmes, les anti-spécistes actuels voient « dans la dénonciation des inégalités entre les espèces le prolongement de combats politiques tels que la lutte contre l'esclavage ou contre les discriminations sexuelles ». Selon lui, « cette base philosophique bancale qu'est l'anti-spécisme devient aisément une forme d'anthropophobie : une haine de l'homme ».

Un premier signe annonciateur de la radicalisation que l'on constate aujourd'hui chez certains végans avait pu être observé en mars dernier, lorsqu'une productrice de fromages végans avait été mise en garde à vue pour s'être réjouie du meurtre du boucher du Super U de Trèbes.
« Ben quoi, ça vous choque un assassin qui se fait tuer par un terroriste ? Pas moi, j'ai zéro compassion pour lui, il y a quand même une justice ! », avait posté la douce dame sur Facebook.
La CFBCT avait alors déjà porté plainte pour "apologie de crime ou délit" et une enquête pour "apologie du terrorisme" avait été ouverte.

En guise de résistance au Nouvel Ordre Vegan (NOV) qui se met sournoisement en place, le journaliste sportif Fred Hermel, grand fan de l'Espagne et du Real Madrid, et un brin timbré lorsqu'il commente,a posté sur Twitter cette photo provocante, à la limite de la pornographie (on y voit une indécente côte de boeuf et du pinard infesté de pesticides) :


Un cliché insupportable pour nombre de végans, qui se sont déchaînés durant plusieurs jours contre son auteur, lui souhaitant de choper dans les plus brefs délais un cancer du côlon (voire une cyrrhose, en supplément)...




Face aux hordes de méchants végans, à l'esprit de sérieux terrorisant, un grand mouvement de solidarité est spontanément né sur la Toile, avec l'envoi massif de photos de barbecue, de grosses côtes de boeufs charnues et bien saignantes, de poulets à la broche...




De quoi rendre heureux le "beauf" Hermel (aimant sans honte le foot, la viande et la bière)... et mettre K-O les dévoreurs de tofu.


C'est tout le paradoxe de cette histoire : un mouvement d'empathie envers tous les êtres vivants qui finit par se retourner en haine contre le seul être vivant capable de cette empathie universelle, à savoir l'homme.

Et pendant que les hommes s'entre-déchirent pour savoir s'ils peuvent encore manger de la viande, les animaux s'entre-dévorent à chaque instant sans se poser autant de questions, et ce grand massacre permanent est la condition même d'existence de la nature dans sa grande harmonie. Que les autres espèces deviennent aussi "intelligentes" que nous et optent pour le véganisme, et c'en serait fini, à court terme, de toute vie animale sur Terre : sans la régulation des prédateurs, les herbivores détruiraient leurs ressources à grande vitesse et disparaîtraient. Le "respect" entre espèces signifierait la mort de toutes.

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Le mouvement LGBT éclaté... façon puzzle

Même paradoxe dans certains milieux antiracistes, qui finissent par devenir, en allant au bout de leur logique, porteurs d'un nouveau discours raciste parfaitement décomplexé.

C'est ainsi qu'en prévision de la Marche des fiertés qui aura lieu le 30 juin à Paris, différents collectifs (Qitoko, Fières, CLAQ, CQFD, L'intersection, Garçes Collectif Féministe, Collectif Irrécupérables, Guarichas Cósmikas : batucada lesbo trans féministe) appellent à former un cortège en tête de la marche, « un cortège mené par des personnes queer et trans racisées et en non-mixité ».

Autrement dit, ces collectifs invitent « les personnes blanches à respecter cette non-mixité en se plaçant derrière elles/eux ». Les gays et lesbiennes se trouvent ainsi compartimentés en catégories infinies et les Blancs, incarnant la figure éternelle de l'oppresseur, sont priés d'accepter la dernière place.

Ainsi, comme le déplorent certains militants de la cause LGBT, il faudra désormais, à chaque manifestation, organiser deux marches distinctes : l'une, identitaire, décoloniale, racisée, intersectionnelle, l'autre, universaliste.


Mais pourquoi une telle intiative de la part de ces collectifs radicaux ? Ils disent refuser le pinkwashing, tant de la Ville de Paris, du gouvernement, de la police que des entreprises commerciales.

Le pinkwashing (mot-valise anglais qui combine le mot « rose » à l'idée de blanchiment, au sens moral du terme, to wash signifiant laver) est une technique de communication fondée sur la promotion de l'homosexualité par une entreprise ou par une entité politique pour essayer de modifier son image et sa réputation dans un sens progressiste, tolérant et ouvert (n'est-ce pas justement ce qu'a fait Macron à l'Élysée le soir de la Fête de la musique ?). Cette stratégie de « relations publiques » s'inscrit dans l'arsenal des méthodes d'influence, de management des perceptions et de marketing des idées ou des marques.

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Ces collectifs s'en prennent notamment :
  • à la Ville de Paris, qui voudrait « renforcer les mesures anti-sdf dans l'espace public ainsi que le harcèlement policier à l'égard des exilé-e-s »,
  • au gouvernement, qui a initié « la loi Asile/Immigration, une loi raciste et criminelle, qui met particulièrement en danger les exlié-e-s LGBT », mais aussi « qui flirte avec l'Église réactionnaire »,
  • à la police, « qui chasse et tue des membres de nos communautés tous les jours », « qui tue les personnes racisé-e-s des quartiers populaires », « qui traque les migrant-e-s, qui agresse, blesse, viole et tue »,
  • les multinationales, « qui piétinent nos droits pour leur profit tout en pratiquant le management de la diversité et le discours de l'inclusion ».
Selon eux, la France, sous le règne d'Emmanuel Macron (un authentique facho...), serait donc un pays où la police tue « tous les jours » des gays et des lesbiennes, mais aussi des « racisés » dans les quartiers populaires... BFM TV aurait-elle oublié de nous en informer ?

Sans doute la récente décision pro-LGBT de la mairie de Paris, qui fera pourtant enrager les homophobes, ne suffira pas à leur faire changer d'avis. Le 27 juin, en effet, Anne Hidalgo a décidé de rendre permanents les passages piétons aux couleurs du drapeau arc-en-ciel du mouvement LGBT situés dans le quartier du Marais. Mais ne serait-ce pas là, pour d'aucuns, une énième entreprise de pinkwashing ?


« Ce monde est tofu »

Ainsi, en 2018, en France, des artisans-bouchers se font intimider par des adorateurs de Dame Nature, parce qu'ils n'ont pas renoncé à établir une distinction entre l'homme (que l'on ne mange pas) et les autres animaux (que l'on peut manger) ; des collectifs LGBT organisent une ségrégation raciale au sein même de leurs marches, au nom de l'antiracisme... et l'on pourrait allonger longtemps la liste des incongruités de notre époque.

Par exemple, le président d'une République laïque qui vient dire devant le pape que « nous avons anthropologiquement, ontologiquement, métaphysiquement besoin de la religion ».


Ou encore un vénérable philosophe réduit à poster des tweets insipides :


Faudrait-il d'ailleurs conclure de ce principe, censé justifier les migrations actuelles vers l'Europe, que la colonisation européenne de l'Afrique ou de l'Amérique était elle-même justifiée aux yeux de notre auguste penseur ? Les Européens aussi migraient, à leur façon...

Puisque l'on parle de colonisation, NDA, l'éternel Young Leader aux yeux de ses détracteurs « hillarants », a consterné samedi dernier la bande à Ruquier, sans doute acquise aux belles idées du philosophe précité, lorsqu'il a affirmé que la France était colonisée ; de quoi nous valoir cette magnifique toile :


Autre splendide image : celle de la ministre du Travail Muriel Pénicaud, dans Paris-Match du 28 juin, pieds nus, sur une jambe, les bras en croix... qui a donné lieu à d'innombrables détournements. On se demande en effet ce qui peut bien se passer dans sa tête...




Drôle d'époque. N'est-ce pas, Edgar ?