Jean-Yves Le Drian ne souhaite pas que les djihadistes d'Ibleb, qui sont entre 10 000 et 15 000 selon lui, soient délogés du dernier bastion rebelle de Syrie. Une intervention de l'armée syrienne mettrait en danger l'Europe, a estimé le ministre.
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© Yiannis Kourtoglou Source: ReutersJean-Yves le Drian
La diplomatie française a mis en garde ce 11 septembre contre toute intervention pour déloger les djihadistes d'Idleb. Il ne faudrait pas, selon le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian qui s'exprimait sur BFM TV, risquer de disperser les milliers de soldats du djihad réfugiés dans la ville. Il a également estimé qu'une telle perspective mettait en danger la sécurité de l'Europe.

« Il y a un risque sécuritaire dans la mesure où dans cette zone se trouvent beaucoup de djihadistes, se réclamant plutôt d'Al-Qaïda, qui sont entre 10 000 et 15 000 et qui sont des risques pour demain, pour notre sécurité », a ainsi expliqué le ministre. Admettant au passage qu'Idleb est un abri pour des milliers de terroristes, il a, sans proposer aucune solution autre que le statu quo, expliqué que ces derniers risquaient « de se trouver dispersés si l'offensive syrienne et russe se mettait en œuvre dans les conditions que l'on imagine aujourd'hui ».

Par ailleurs, Jean-Yves Le Drian, qui a estimé à « quelques dizaines » le nombre de combattants français à Idleb, s'est ému de la « catastrophe humanitaire » que représenterait, selon lui, une intervention du gouvernement syrien à Idleb. En comparaison, la situation humanitaire vécue par la population d'Alep, autre bastion rebelle repris par les forces loyales au président syrien Bachar el-Assad en décembre 2016, ne serait « rien par rapport à l'horreur [qu'une intervention à Idleb] peut représenter ». Le Conseil de sécurité s'est réuni le même jour pour discuter une nouvelle fois d'Idleb, où l'ONU craint « la pire catastrophe humanitaire » du siècle.

Le Drian menace la Russie d'isolement en cas d'attaque sur Idleb

En outre, le chef de la diplomatie française s'est inquiété d'un risque d'attaques chimiques à Idleb et a réitéré la « ligne rouge » française en la matière. Il a aussi menacé Damas de nouvelles frappes si un recours à des armes chimiques létales était avéré. « Il apparaît qu'il y a une espèce de préparation psychologique par certains intervenants russes d'une utilisation de l'arme chimique, qu'ils mettraient sur le compte de groupes terroristes », a-t-il lancé. Selon Moscou, ce sont au contraire les djihadistes d'Idleb qui mettent en place des mises en scène d'attaques chimiques afin de provoquer une réaction de la coalition occidentale en cas de frappes de l'armée syrienne ou de la Russie. Jean-Yves Le Drian a d'ailleurs pointé du doigt l'allié de la Syrie, estimant que le pays avait plus à perdre qu'à gagner d'une offensive.

« Si la Russie prend le risque de renoncer à ses engagements de stabilisation de la zone d'Idleb, elle prend le risque aussi de se trouver totalement seule après un désastre dont il lui reviendra toutes les conséquences », a-t-il ainsi accusé. Fidèle à sa position depuis le début du conflit, où Moscou intervient en accord avec le droit international à la demande du gouvernement syrien, Vladimir Poutine a estimé ce 7 septembre la Syrie devait reprendre «le contrôle de la totalité de son territoire national ».