Les parlementaires américains ont franchi un premier obstacle budgétaire vendredi dernier en votant in extremis le budget fédéral 2011. Ils ont passé un accord permettant de maintenir le gouvernement en activité pour quelque temps encore. Mais la bataille autour du déficit des Etats-Unis ne fait que commencer, que ce soit sur le budget de l'année prochaine ou, à plus long terme, sur la dette.

Timothy Geithner, le secrétaire au Trésor américain, a prévenu la semaine dernière les membres du Congrès que le gouvernement atteindra la limite maximale de la dette le 16 mai prochain. Une limite fixée à 14 300 milliards de dollars, alors que la dette américaine s'élève déjà à 14 200 milliards de dollars. Timothy Geithner a cependant souligné que des « mesures extraordinaires » - essentiellement des transferts d'argent entre comptes fédéraux - permettront de gagner du temps jusqu'au 8 juillet prochain.

Une fois cette limite atteinte, le département du Trésor ne pourra plus emprunter comme il le fait normalement pour financer les opérations fédérales et prolonger la dette existante. Il sera incapable de rembourser les dettes parvenues à maturité, mettant le gouvernement des Etats-Unis - la référence mondiale en termes de solvabilité - en faillite. Les répercussions aussi bien économiques que politiques seraient désastreuses. Les taux d'intérêt grimperaient et l'économie replongerait.

Un dollar entre pour sept qui sortent

Le problème, c'est que l'Etat américain vit très au-dessus de ses moyens. En mars, l'administration américaine a perçu 150,9 milliards de dollars d'impôts et de taxes. Mais elle a dépensé sur la même période 339 milliards de dollars. Si on y ajoute le rachat des bons du Trésor arrivés à échéance sur le mois, on atteint même les 1 052,8 milliards de dollars de dépenses. Pour 1 dollar qui rentre dans la poche de l'Etat, 7 en sortent. En 2011, le déficit américain devrait atteindre 9,5% du PIB.

Avec la crise, les recettes de l'Etat américain ont chuté de 18% à environ 15% du PIB américain, tandis que les dépenses explosaient, passant de 20% à 24% du PIB. Et les prévisions du bureau du Budget du Congrès américain, le CBO, sont alarmantes. Si rien n'est fait, le déficit annuel atteindra les 9 500 milliards de dollars en 2021 et la dette américaine aura doublé.

Les autorités américaines n'ont plus le choix. Elles doivent équilibrer le budget fédéral en augmentant les impôts et/ou en réduisant les dépenses. Barack Obama a dévoilé mercredi un projet de 4000 milliards de dollars d'économies sur 12 ans pour ramener le déficit à 2,5% du PIB en 2015. Il y aurait alors une hausse des impôts combinée à une baisse des dépenses. Mais rien n'est encore fait et les Américains ont plutôt l'habitude d'emprunter de l'argent. C'est bien plus facile. Trop d'électeurs attendent plus de la part du gouvernement que ce qu'ils ont payé. Les Etats-Unis préfèrent généralement taxer la génération suivante. Après tout, elle ne vote pas encore.